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Les Philippins aux urnes, Duterte favori de la présidentielle

9 mai 2016, 13:36

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Les Philippins aux urnes, Duterte favori de la présidentielle

 

Les Philippins votaient lundi pour désigner entre autres le successeur du président Benigno Aquino, le populiste Rodrigo Duterte faisant figure de favori après une campagne outrancière au cours de laquelle il a promis de tuer des milliers de criminels.

Maire de la grande ville de Davao (sud), il s’est contre toute attente imposé dans les sondages en parvenant à séduire avec un langage cru et des solutions expéditives à deux des fléaux de la société philippine: la criminalité et la pauvreté.

Trois décennies après la révolution qui avait chassé Ferdinand Marcos, les détracteurs de Rodrigo Duterte ont mis en garde contre le risque que son élection n’augure une nouvelle phase de dictature et de turbulences pour les Philippines.

Mais à l’heure où la forte croissance de l’économie de l’archipel ne se traduit par aucune amélioration notoire du niveau de vie de la majorité, l’avocat de 71 ans semble avoir tapé juste en dénonçant les échecs des élites.

Lundi, les bureaux de vote qui ont ouvert à 06h00 (22h00 GMT dimanche) et devaient fermer à 10h00 GMT, la Commission électorale ayant décidé de repousser d’une heure la fin du scrutin.

Plusieurs scrutins locaux et nationaux se tiennent en même temps, avec plus de 18.000 mandats électifs à pourvoir lors d’une journée qui est le point d’orgue d’une séquence politique qui, cette année encore, a été émaillée de violences.

Quinze personnes ont péri dans depuis le début de la campagne, selon la police. Dix autres ont été tuées lundi en divers points de l’archipel. Mais les autorités ont jugé que ces violences n’avaient aucun impact sur les scrutins.

'Oubliez les droits de l’Homme!'

Rodrigo Duterte, lui, a promis de tuer des dizaines de milliers de criminels ou encore de se passer d’un Congrès qui n’obéirait pas.

Dans un pays dont 80% des habitants sont des catholiques fervents, il s’est permis de qualifier le pape de «fils de pute» pour avoir provoqué des embouteillages lors d’une visite dans l’archipel.

«J’ai besoin de votre aide pour empêcher le retour de la terreur dans notre pays», a encore déclaré samedi à Manille en référence à Rodrigo Duterte le président Benigno Aquino, dont la mère fut une figure de proue de la révolution de 1986.

De l’autre côté de la capitale, le maire de Davao détaillait devant des dizaines de milliers de partisans conquis son plan pour éradiquer en six mois la criminalité.

«Oubliez les lois sur les droits de l’Homme!», a lancé lors de son ultime meeting celui qui est accusé d’avoir organisé à Davao des escadrons de la mort responsables de la mort de plus de mille personnes.

«Si je suis élu président, je ferai exactement ce que j’ai fait en tant que maire. Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir. Parce que je vais vous tuer.»

Le dernier sondage créditait M. Duterte de 11 points d’avance sur ses rivaux.

Candidat adoubé par Benigno Aquino, Mar Roxas a promis de poursuivre les réformes du président, qui ne peut se représenter.

Pacquiao au Sénat?

Depuis la présidentielle de 2010, les Philippines ont connu une croissance annuelle de 6% et les efforts de M. Aquino contre la corruption ont été salués à l’étranger. Mais un quart des 100 millions d’habitants vit toujours en dessous du seuil de pauvreté.

Depuis 30 ans, l’archipel est largement dirigé par des clans familiaux soutenus par de puissants hommes d’affaires, un système qui a contribué à enraciner les écarts de richesse.

M. Roxas est lui-même membre d’un de ces clans, puisque son grand-père fut président après la Seconde Guerre mondiale. Les deux autres principaux candidats sont la sénatrice Grace Poe et le vice-président Jejomar Binay.

Si l’issue de la présidentielle est nette, son résultat pourrait être connu dès lundi soir. Sinon, il faudra peut-être attendre plusieurs jours.

Faute de machine électorale capable de mobiliser les électeurs dans plusieurs provinces, l’avance de M. Duterte dans les sondages pourrait ne pas se traduire dans les urnes, mettent cependant en garde des politologues.

En marge du scrutin principal, il faut également surveiller la bataille pour la vice-présidence, qui pourrait échoir au fils du défunt dictateur, Ferdinand Marcos Junior.

La superstar des scrutins est sans conteste l’octuple champion du monde de boxe, Manny Pacquiao, candidat au Sénat.