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Grèce: le Parlement adopte une réforme des retraites controversée

9 mai 2016, 11:05

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Grèce: le Parlement adopte une réforme des retraites controversée

 

Le Parlement grec a adopté -- majorité contre opposition -- une réforme des retraites, controversée mais réclamée par les créanciers UE et FMI, à quelques heures d’une importante réunion à Bruxelles de l’Eurogroupe sur la Grèce.

A l’issue de deux jours de débats, les 153 députés de la majorité gouvernementale, composée de la gauche Syriza et du parti souverainiste Anel, ont voté dans la nuit de dimanche à lundi en faveur de cette loi intitulée «un système unifié de sécurité sociale, réforme du système des retraites et règlement de l’impôt sur le revenu».

Les 143 autres députés présents dans l’hémicycle, tous membres de l’opposition, dont la droite de la Nouvelle-Démocratie, ont voté contre ce texte, contesté par les syndicats et qui prévoit la réduction des retraites les plus élevées, la fusion des multiples caisses d’assurance, l’augmentation des cotisations, des taxes et de l’imposition surtout pour les moyens et hauts revenus.

La loi refondant le système des retraites, qui était exigé par les créanciers du pays --UE et FMI-- en échange du nouveau plan d’aide signé en juillet dernier, a provoqué une mobilisation syndicale depuis vendredi et de nombreuses manifestations.

Le gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras, qui a su maintenir lors de ce vote critique la cohésion de sa majorité parlementaire, quoique faible, espère que l’adoption de cette réforme avant la réunion, lundi à Bruxelles, des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) contribuera à ouvrir enfin le débat sur l’épineuse question du règlement de la dette.

Cette réunion extraordinaire survient alors que les réformes exigées en contrepartie de l’aide financière massive octroyée à l’été 2015 n’ont toujours pas reçu de satisfecit des créanciers (UE et FMI) après dix mois de discussions, ce qui bloque tout nouveau versement.

La réforme des retraites s’inscrit donc dans la logique des efforts du gouvernement pour s’aligner sur les exigences des créanciers qui demandent des économies de 5,4 milliards d’euros d’ici 2018.

'Un jour très important' 

La Grèce a «pratiquement atteint» ses objectifs de réformes voulues par ses créanciers et l’Eurogroupe va mener de «premières discussions» sur un aménagement possible de la dette du pays, a affirmé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dans un entretien paru dimanche en Allemagne.

M. Juncker a toutefois rappelé qu’une réduction pure et simple de la dette n’est pas à l’ordre du jour.

M. Tsipras s’est félicité que la dette figurait sur l’ordre du jour de l’Eurogroupe. «Demain est un jour très important. Après six ans (de crise) l’Eurogroupe va se réunir pour aborder l’allègement de la dette», a-t-il souligné devant l’Assemblée dimanche soir, juste avant le début du vote à minuit.

Mais son principal rival politique, Kyriakos Mitsotakis, le chef de la Nouvelle-Démocratie, a accusé le gouvernement «d’incapacité» et l’a rendu responsable «des retards pris (dans les négociations avec les créanciers)».

Il a demandé «le départ du gouvernement de gauche du pouvoir et des élections anticipées pour que la Grèce évite d’appliquer de nouvelles mesures» de rigueur.

M. Tsipras a rétorqué que «le système de retraites nécessitait une réforme profonde que les précédents gouvernement n’avaient osé faire».

Le vote de la loi a provoqué la mobilisation des syndicats et une grève générale vendredi et samedi ayant surtout touché les transports en commun.

Les bateaux eux resteront à quai jusqu’à mardi. Aucune liaison maritime n’est effectuée entre la Grèce continentale et les îles depuis vendredi.

Au total 26.000 personnes selon la police ont manifesté dimanche à Athènes et Thessalonique (nord).

Dimanche soir, aux abords du Parlement sur la place Syntagma à Athènes de brefs incidents ont opposé un groupe de jeunes et des policiers qui ont tiré de gaz lacrymogènes, selon des photographes de l’AFP.

La mobilisation était toutefois moins importante que lors de la dernière grande manifestation contre cette réforme, le 4 février, où 50.000 personnes avaient manifesté dont 40.000 à Athènes.

Entre la fin des vacances de Pâques et «le désespoir des gens» qui sont «lassés et déçus par le gouvernement de gauche», la mobilisation a été plus faible qu’espéré, regrettait auprès de l’AFP Maria, une quinquagénaire qui manifestait dimanche.