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Corée du Nord: nucléaire et «puissance illimitée» au congrès du parti unique, le premier en 40 ans

7 mai 2016, 14:01

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Corée du Nord: nucléaire et «puissance illimitée» au congrès du parti unique, le premier en 40 ans

 

Le premier congrès depuis 1980 du parti unique en Corée du Nord se poursuivait samedi, après un discours du dirigeant Kim Jong-Un axé sur la défense de son programme d’armement atomique et alors que des experts décelaient des signes de préparatifs d’un cinquième essai nucléaire.

La réunion, par son caractère exceptionnel, est scrutée de près par les observateurs à la recherche de signes éventuels d’un changement de ligne ou de personnes, avec l’ascension possible d’une nouvelle génération de cadres choisis pour leur loyauté.

Costume et cravate à l’occidentale lors de son discours d’ouverture vendredi, M. Kim a félicité les scientifiques pour «avoir créé un évènement miraculeux en faisant retentir le son magnifique et grisant de la première bombe H de notre république».

Il s’exprimait devant des milliers de délégués triés sur le volet et venus de toute la Corée du Nord pour assister à Pyongyang à ce rassemblement exceptionnel du Parti des travailleurs de Corée (PTC), dans l’imposant Palais du 25 avril.

retransmis L’essai «a clairement démontré au monde entier notre esprit invincible et notre puissance illimitée (...) en réponse à la pression malveillante et aux sanctions des forces ennemies», a encore lancé le dirigeant.

Le discours, retransmis à la télévision d’Etat, a été fréquemment interrompu par des tonnerres d’applaudissements, avec une ovation debout quand il s’est achevé.

La plupart des experts doutent que l’essai de janvier ait pu être celui d’une bombe H, arguant que l’énergie libérée était bien trop faible.

Les spéculations se sont multipliées ces derniers temps sur la possibilité que Pyongyang s’apprête à mener un cinquième essai nucléaire, qui coïnciderait avec la tenue du congrès.

Les spécialistes de l’Institut américano-coréen de l’université Johns Hopkins ont déclaré vendredi, sur la foi des dernières images satellite du principal site nord-coréen d’essais nucléaires à Punggye-ri, que la présence de véhicules garés «suggérait que Pyongyang pourrait se préparer à un essai nucléaire dans un avenir proche».

«La présence de véhicules n’y est pas courante hormis lors de préparations pour un essai», affirme l’Institut américano-coréen.

- Jalon sur le «chemin révolutionnaire» -

Kim Jong-Un, 33 ans, n’était pas né lors du dernier congrès en 1980. Celui-ci avait été organisé pour désigner Kim Jong-Il, son père, comme successeur de son propre père, Kim Il-Sung, fondateur d’un règne dynastique qui dure depuis près de 70 ans.

M. Kim a assuré que cette nouvelle édition marquait un «jalon important» sur «notre chemin révolutionnaire».

Les quelque 130 journalistes étrangers invités à couvrir l’événement n’étaient pas autorisés à entrer dans le Palais du 25 avril, dont la façade était décorée de portraits géants des deux dirigeants défunts. Les photographes et vidéastes étaient tenus à 200 mètres à l’écart.

Le menu de ce congrès n’était pas non plus dévoilé mais son objectif principal était vraisemblablement d’asseoir le statut de Kim Jong-Un en tant qu’héritier légitime.

Le congrès devrait également confirmer, comme doctrine du parti, la stratégie du «byungjin» initiée par Kim Jong-Un, à savoir le fait de mener en tandem développement économique et programmes nucléaire et balistique.

- La Chine absente -

La Chine n’était pas représentée au congrès, selon les médias officiels chinois, peut-être le signe d’un froid entre Pyongyang et son seul allié majeur. En 1980, Pékin avait dépêché une importante délégation dirigée par Li Xiannian, devenu ensuite chef de l’Etat.

Des drapeaux du PTC, ainsi que le drapeau national, ont fleuri au bord des larges avenues de Pyongyang. «Les grands camarades Kim Il-Sung et Kim Jong-Il seront toujours parmi nous», proclamaient les bannières.

Les journalistes étrangers étaient dûment accompagnés de «gardiens», et les passants acceptant de s’exprimer s’en tenaient à la ligne officielle.

Depuis l’arrivée du jeune dirigeant au pouvoir en décembre 2011, après le décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaires et deux tirs réussis de fusées, généralement considérés comme des essais déguisés de missiles balistiques.

Alors même que la communauté internationale réagissait par des condamnations doublées de sanctions, Kim Jong-Un a poursuivi avec détermination ses efforts pour mettre au point une arme nucléaire crédible, à l’aide de tests de missiles et d’essais techniques complémentaires.

Il s’est également montré impitoyable envers tous ceux qu’il considérait comme déloyaux au sein du parti, du gouvernement et de l’armée. Il a notamment ordonné l’exécution de son oncle et ex-mentor, Jang Song-Thaek.