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Un Mauricien parmi les 1 040 scientifiques les plus cités

7 mai 2016, 14:54

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Un Mauricien parmi les 1 040 scientifiques les plus cités

Le professeur Kian Fan Chung dirige un laboratoire de recherches où il se concentre sur les maladies du système respiratoire et les infections respiratoires.

Notre compatriote Kian Fan Chung, professeur de médecine respiratoire à l’Imperial College de Londres, considéré comme une sommité en la matière, a été classé parmi les 1 040 Highly Cited Researchers par www.webometrics en relation avec son h-index sur Google. Parmi ces chercheurs les plus réputés,  il se classe 733e. Ce classement est financé par le septième programme cadre de l’Union européenne. Portrait d’un professionnel boosté par la recherche.

Le curriculum vitae du professeur Kian Fan Chung est impressionnant : professeur en médecine respiratoire et chef de la médecine expérimentale au National Heart and Lung Institute de l’Imperial College, médecin consultant et chef du consortium sur l’asthme au National Institute for Health Research (NIHR) Biomedical Research Unit au Royal Brompton Hospital, Senior Investigator au NIHR, de même qu’au MRC and Asthma UK Asthma Centre et au MRC-EPA Health and Environment Centre. Il est aussi un des leaders du consortium UBIOPRED sur l’asthme sévère qui est financé par l’Union européenne.

Cela signifie qu’en sus de pratiquer et d’enseigner à Londres, il dirige un laboratoire de recherches et tente d’identifier les causes et trouver des médicaments de précision pour les affections du système respiratoire comme l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Il est aussi l’auteur de plus de 750 articles publiés dans des revues et journaux scientifiques prestigieux, de même que de huit manuels de formation médicale sur divers aspects des maladies du poumon. Le professeur fait également partie de l’équipe éditoriale des publications suivantes : Lancet Respiratory Medicine, Respirology, European Journal of Pharmacology, European Journal of Clinical Pharmacology, Pulmonary Pharmacology and Therapeutics, Journal of Chest Disease et Clinical Respiratory Journal

Extrêmement sollicité en raison de son expertise, il est devenu un pigeon voyageur. La semaine dernière, il a assisté à une conférence de haut niveau à Singapour après avoir fait un crochet par Francfort, en Allemagne, où il a eu une autre rencontre avec des chercheurs. La  semaine prochaine, il présentera les résultats de ses travaux à San Francisco devant un parterre d’éminents spécialistes de l’American Thoracic Society.

Ce classement plus qu’honorable de www.webometrics est la dernière distinction qu’il a reçue, l’avant-dernière étant d’avoir été choisi en octobre 2015 pour présenter le Sadoul Lecture au congrès respiratoire européen à Amsterdam, au Pays- Bas. La conférence, qui commémore le scientifique français Paul Sadoul à qui l’on doit l’un des premiers laboratoires de recherches sur le système respiratoire, est destinée à honorer des «senior scientists with a worldwide reputation». Le professeur Fan Chung l’a été pour ses travaux d’évaluation du phénotype moléculaire, soit l’ensemble des caractères observables des molécules dans les pathologies chroniques du système respiratoire.

«Médicaments de précision»

Ce fils du sol né à Rose-Belle vient se ressourcer, dès qu’il le peut, dans son île natale où il a effectué toute sa scolarité. En effet, après l’enseignement primaire à Notre Dame du Refuge RCA, à New- Grove, ses excellentes notes à l’examen de fin d’études primaires lui ouvrent les portes du collège Royal de Curepipe. Très intéressé par les sciences physiques, il opte naturellement pour elles. Il  décroche la bourse d’Angleterre en 1969 et quitte Maurice l’année suivante pour la Middlesex Hospital Medical School qui a par la suite fusionné avec la University College Medical School.

Il choisit la médecine interne parce qu’il est rebuté par la chirurgie. «Cela semblait plus conforme à mon tempérament plutôt pensif. Je suppose que c’est aussi une question d’opportunités. J’ai pu trouver un emploi dans le département de médecine respiratoire tombant sous le professeur Abe Guz au Charing Cross Hospital et c’est lui qui m’a initié à la médecine respiratoire. Un choix qui s’est confirmé au cours d’un séjour de deux ans que j’ai effectué au Cadiovascular Research Institute de l’université de Californie, à San Francisco, au début des années 80», explique-t-il.

Depuis son retour des États-Unis, il a mis sur pied son propre laboratoire de recherches où il se concentre sur les maladies du système respiratoire qui regroupent l’asthme, la BPCO et les infections respiratoires. Son approche actuelle consiste à faire appel à un collectif de technologies pour étudier le phénotype moléculaire des maladies du système respiratoire.

«Les médecins continuent à classifier les maladies selon l’organe affecté, les signes et symptômes et peut-être par rapport à certains changements dans des tests sanguins mais lorsque nous analysons les gênes, les protéines et les graisses etc. par le biais d’un collectif de technologies qu’on nomme omics, c’est là que  nous trouvons une plus grande variété de phénotypes moléculaires regroupés sous une appellation.»

Et d’ajouter : «Ce type d’analyses nous permet de comprendre comment la maladie peut être causée et ce qui la cause. Donc, c’est très excitant d’être à même de trouver la véritable cause d’un phénotype moléculaire de maladie. Cela améliorera les traitements et pour reprendre l’expression du président Barack Obama, nous nous dirigerons vers des médicaments de précision tenant compte de la variabilité individuelle dans les gênes, l’environnement et le style de vie de tout un chacun

Par rapport à l’asthme qui est une de ses spécialités, il ajoute qu’il y a désormais de traitements à base d’anticorps et bientôt il y aura de nouveaux traitements pour le sous-groupe d’asthmatiques sévères. Et quid des traitements pour les maladies liées à la pollution environnementale? «Il n’y a pas d’avancées particulières en matière de pollution environnementale. Le meilleur conseil est de réduire l’exposition à la pollution, s’alimenter de façon équilibrée et éviter à tout prix la cigarette… Il est important de réduire la pollution à la source, ce qui reste selon moi la meilleure solution.» À terme, il voudrait que ses  recherches aboutissent  à une meilleure classification des maladies respiratoires afin que des médicaments plus pointus puissent être élaborés.

Marié à une Mauricienne, il est père de trois filles, l’aînée est médecin,  la cadette dans la  finance et la benjamine en deuxième année de médecine à l’Imperial College. S’il n’a jamais voulu s’installer à Maurice, il y retourne tous les ans pour voir sa mère et ses autres proches mais aussi pour participer aux réunions sur les troubles respiratoires organisées annuellement par la Société de pneumologie de l’océan Indien dont il est le directeur scientifique.

Quel parcours !