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Course à la mairie de Londres: deux candidats que tout oppose

5 mai 2016, 08:36

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Course à la mairie de Londres: deux candidats que tout oppose

 

Tout oppose les deux candidats à la mairie de Londres, leur origine sociale comme leurs idées politiques: Zac Goldsmith, conservateur, est fils de milliardaire, quand le père de Sadiq Khan, travailliste, conduisait des autobus. Le premier est pro-Brexit, le second contre.

- Un conte de fées moderne -

La vie de Sadiq Khan, qui caracole en tête des sondages, ressemble à un conte de fées moderne.

Né en octobre 1970 dans une famille pakistanaise récemment immigrée au Royaume-Uni, il a grandi en logement social avec six frères et une soeur à Tooting, quartier populaire du sud de Londres, et il est musulman.

Qui aurait pu croire que 45 ans plus tard, dans un pays où la politique reste l’apanage d’une certaine élite, il briguerait la mairie de Londres, s’interroge Doreen Lawrence, son amie et membre de la chambre des Lords.

Mais ce passé modeste sert aussi le candidat dans une capitale dont le coeur penche à gauche, qui a la diversité comme étendard et aime par dessus tout les belles histoires de réussite.

Sadiq Khan rappelle régulièrement que son père était chauffeur d’autobus et sa mère couturière et qu’il a dormi jusqu’à l’âge de 24 ans dans un lit superposé à leur domicile.

A l’école, il veut d’abord étudier les sciences pour devenir dentiste. Mais un de ses professeurs a repéré son envie d’en découdre verbalement et l’oriente vers des études de droit. Il sera donc avocat, spécialisation droits de l’Homme, et il présidera pendant trois ans l’ONG Liberty.

Dans la rue aussi, Sadiq est accrocheur: enfant, il fait de la boxe pour riposter à ceux qui osent le traiter de «Paki».

A 15 ans, il adhère au parti travailliste. Il est élu conseiller municipal de Wandsworth, dans le sud de Londres, en 1994, poste qu’il occupe jusqu’en 2006.

En 2005, il abandonne sa carrière d’avocat pour se faire élire député de Tooting, où il vit toujours, avec sa femme Saadiya, avocate, et leurs deux filles adolescentes.

Trois ans plus tard, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des communautés, puis celui des Transports l’année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d’un Premier ministre britannique.

Aux conservateurs qui tentent de le faire trébucher en l’accusant de proximité avec les extrémistes, il rétorque qu’il a voté pour le mariage homosexuel, ce qui lui a valu des menaces de mort, et qu’il a toujours dénoncé le radicalisme.

«Si je gagne, je serai le maire qui unit notre ville, qui réunit les communautés», a déclaré à l’AFP celui qui séduit apparemment aussi bien dans les quartiers pauvres qu’à la City pour ses positions pro-Union européenne.

- 'La Belle au bois dormant' -

Zacharias Goldsmith, dit Zac, 41 ans, semble, lui aussi, sortir d’un conte de fées: riche, très riche même, beau gosse impeccablement habillé, éducation dans la prestigieuse école d’Eton.... Mais ce ne sont pas forcément les meilleurs arguments pour avoir l’air proche des électeurs et de leurs problèmes quotidiens.

Zac Goldsmith s’est ainsi montré incapable, pendant la campagne, de répondre à quelques questions simples d’une journaliste de la BBC sur Londres -- nom d’une station de métro, équipes de foot, emplacement d’un musée.

Fils du milliardaire franco-britannique Jimmy Goldsmith, il a plutôt figuré dans la chronique mondaine, aux côtés de sa soeur Jemima, ex-femme de la star du cricket pakistanais Imran Khan, avant de se lancer en politique.

A 16 ans, il s’est fait renvoyer d’Eton, passage obligé de tout bon fils de famille, pour possession de cannabis. Il voyage, puis il entre dans le journal de son oncle, The Ecologist.

Ses relations le mènent vers la politique et en 2010, il est élu député conservateur de la circonscription huppée de Richmond Park, puis réélu en 2015.

Marié en secondes noces à Alice Rothschild, il est père de cinq enfants.

A ceux qui s’interrogent sur son manque de formation et d’expérience professionnelle, son directeur de campagne, Nick de Bois, répond qu’il vaut mieux «juger sur les actes: Zac a amélioré son score en tant que député de Richmond». Et glisse à l’AFP qu’il vaut mieux élire un maire qui va travailler main dans la main avec le gouvernement.

Affable, poli, Zac peine toutefois à convaincre de sa passion pour le job, et sa campagne terne l’a fait surnommer par le quotidien populaire Mirror «la Belle au bois dormant».