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Foire du livre: les mots s’envolent, les discounts restent

4 mai 2016, 18:47

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Foire du livre: les mots s’envolent, les discounts restent

 

Quatre jours pour feuilleter, découvrir, mais surtout acheter des livres. Direction le complexe commercial de Trianon, où la Bibliothèque nationale (BN) tient sa foire du livre annuelle. Des publications au rabais, dans le cadre de la Journée mondiale du livre, disponibles dès le jeudi 5 mai et ce jusqu’au dimanche 8 mai.

Parmi la vingtaine d’exposants, le public pourra retrouver les Editions de l’océan Indien (EOI). Ces quatre jours sont «l’occasion de renouer avec le public surtout que de nombreuses personnes ont l’impression que les EOI ont fermé», indique Yashvin Hassamal, le responsable. S’il a repris les opérations de la société depuis janvier, il précise que les EOI sont toujours en cours de restructuration. «On s’est donné six mois.»

Participer à la foire du livre permettra à l’entreprise d’écouler des stocks d’éditions précédentes de manuels scolaires, avec un discount de 70%. «Ce sont des livres importés de Cambridge et d’Oxford qui se vendent en général entre Rs 800 et Rs 900. A Trianon, ce sera entre Rs 100 et Rs 250», précise Yashvin Hassamal. De quoi faire de la place pour de nouveaux stocks, qui n’étaient pas arrivés aux EOI «depuis un an». L’enseigne a conservé son nom. «C’est une référence, un pionnier dans l’édition», qui possède un catalogue «qui a une valeur historique». Yashvin Hassamal dit réfléchir à un éventuel partage de ces livres «oubliés» en format digital.

Solder des invendus, «ce n’est pas mauvais, du moment que le lecteur en sort gagnant», soutient pour sa part Ahmad Sulliman des Editions Le Printemps. Habitué de ce type de manifestation, Ahmad Sulliman explique qu’il ne compte pas «transporter ses librairies» dans son stand loué à Rs 21 000. Pour ces quatre jours, il proposera 20% de rabais sur des livres «traditionnels» pour enfants et du matériel de référence, dont des dictionnaires. «Est-ce que vous croyez qu’à Trianon les gens vont me demander le dernier Guillaume Musso ? En France, c’est un best-seller tiré à 450 000 exemplaires. Ici je ne vais même pas en vendre dix.» Quant aux auteurs mauriciens, le libraire affirme carrément que les «gens ne les lisent pas».

Si la fête du livre se tient à Trianon, les libraires ne manquent pas de regretter l’ancien lieu de prédilection: le Caudan. «C’est l’idéal», estime Ahmad Sulliman. Un avis partagé par Meera Mohun de Bookworld. «Cela fait 13 ans que je participe à cette foire. On n’a pas le choix. Le Caudan coûte très cher. Au début, c’était tout nouveau, tout beau. C’était vraiment la grosse foule. Depuis cinq ans environ, je constate une baisse de fréquentation.» Ce qu’elle explique par le fait qu’«on fait de la propagande pour tout sauf pour les livres». Avant d’avoir une pensée pour ceux qui «ont envie d’acheter mais n’en ont pas les moyens». 

Au détour des stands, uniquement samedi et dimanche, le public pourra s’arrêter à celui des Editions Vizavi. C’est la première fois que la «petite structure» participe à cette foire de la BN. Ce qui a décidé l’éditrice Pascale Siew : une question de disponibilité. «Jusqu’à il y a deux ans, j’étais seule aux Editions Vizavi.»

Ce qui ne l’avait pas empêchée d’être présente aux deux éditions du salon du livre Confluences en 2013 et 2014. «C’est un de mes grands regrets», note-t-elle à propos de l’arrêt de cette manifestation. «L’une de ses grandes réussites était d’avoir fédéré tout le monde, aussi bien le lecteur confirmé que débutant. C’était l’une des grandes questions de départ, parce que l’on dit souvent que les Mauriciens ne s’intéressent pas à la lecture.»