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La semaine vue par Gilbert Ahnee

1 mai 2016, 14:40

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 25 avril 2016

Portée, colportée par la colère ambulante, une indépendante se fera-t-elle élire au prochain scrutin législatif ? Question sans parti pris…

Eoula
Vous savez quoi ?
Respecter la volonté des électeurs, ce n’est pas tant une assurance arithmétique qu’une dynamique de durée. Trois écrasantes majorités conduites par SAJ, celles élues en 1982, 1983 et 2014, ont été désaxées, livrées en l’absence d’une opposition à des querelles intestines. La première aboutissant à la cassure de mars 83, la deuxième à l’effritement majoritaire de 86/87 et à des élections anticipées. Au dernier scrutin, les rouges et mauves ont obtenu 40,91 % des suffrages exprimés au niveau national, contre 19,11 % des élus. Aujourd’hui, avec les tensions Bhadain-Lutchmeenaraidoo, Jahangeer-Collendavelloo, si ce n’est Jugnauth- Jugnauth, on se demande si l’alliance Viré Mam n’aurait pas été mieux tenue, retenue et contenue si le processus avait accordé, disons, 35 % des sièges à pourvoir à l’opposition. En creux, de quoi priver d’un argument ceux qui avancent, dès qu’on évoque la proportionnelle, qu’elle comporte des germes d’instabilité.

La résilience d’une majorité ne tient pas à la seule disponibilité des voix requises pour que “the ayes have it”. Bien sûr qu’il faut des nombres. Mais il n’est guère rassurant qu’un Leader of the House veuille en stocker suffisamment pour, malgré tout, subsister à d’éventuelles défections. La démocratie parlementaire rayonne quand c’est davantage la qualité des convictions partagées qui, même avec un faible écart de voix, assure la stabilité d’un gouvernement. Entre 87 et 91, c’est à 46-24, soit avec une opposition comptant 34,3 % des parlementaires que l’équipe Jugnauth a mené le pays au pleine-mploi. Même Lutchmeenaraidoo affichait alors des résultats.



Mardi 26 

Abécédaire. Azerbaïdjan, Bélarus, Corée du Nord… Yémen, Zimbabwe : suggestions de destinations possibles, Madame, pour votre asile politique…

Histoire d’équivalence

Envisager les volumes. Si la piscine de votre voisin fait 9 mètres de long par 4,50 m de large, pour 1,40 m de profondeur, son volume est donc de 56,7 m3. À peu de chose près, le volume d’un conteneur et demi. De 20 pieds, ce qui sert de norme. Dans le cas de la piscine en question, on dirait que son volume est de 1,5 équivalent 20 pieds – EVP. C’est aussi en ces termes, plutôt qu’en agitant le soupçon politicien, que la question portuaire aurait pu être abordée à l’AN, ce mardi.

Les six plus gros porte-conteneurs en opération ont des capacités de plus de 19 000 EVP. La commande actuelle de Maersk au chantier naval de Daewoo, en Corée du Sud, fait 70 mètres de haut. Le bâtiment sera trop grand pour emprunter le Canal de Panama ! Outre les dimensions de notre rade qui pourrait bien, dans une dizaine d’années, ne plus pouvoir accueillir même des armements assurant la liaison Asie- Afrique, les compagnies maritimes tiendront de plus en plus compte de l’efficience du port et de la rapidité de ses opérations. Le plus les bateaux embarquent du volume, le plus leur coût d’immobilisation est élevé.

Mais la question de la rapidité n’est pas la seule. La CHC distribue des salaires, disons, très libéraux. En matière de coûts, dans la région, pourrons-nous concurrencer Toamasina ? Et quid d’une solution indianocéanienne, avec un seul grand port d’éclatement ? Et un cabotage efficace entre l’ancienne Tamatave et nos autres îles ?




Mercredi 27 

Il se gausse d’être un professionnel. CP destitué sous Ramgoolam. Ministre… En congé… sous Jugnauth… Gardien de troncs de temples peut-être…

Ne tirez pas sur les ambulants…

May Day, mayday, mayday. Le leader des colporteurs, Hydar Ryman, annonce un rassemblement pour le 1er-Mai. Par ailleurs, çà et là, sur les réseaux sociaux et ailleurs, les opinions sur cette question du commerce de rue vont d’une irritation, d’une exaspération – ce qui ne favorise pas l’analyse – à une compassion, une approbation émotionnelle qui, elles aussi, ne prennent guère la mesure des choses.

Il y a d’abord un cocktail. Au fond du shaker, la hargne stupide d’un gouvernement et de son chef, choisissant de punir la loyauté d’un électorat acquis au principal parti d’opposition. On parlera alors de communauté cible. Si les mieux disposés de ses membres deviendront les entrepreneurs qui, à Vallée-Pitot, Phoenix ou Camp- Chapelon, ont pignon sur rue, leurs activités allant des pièces automobiles aux voitures reconditioned, du matériel de connectique à la connectivité en réseau. Ceux-là, même le plus généreux des PRB ne leur fera pas regretter d’avoir investi et pris des risques. Pour les autres, le cocktail a comporté d’autres ingrédients : a) déscolarisation précoce ; b) adresse et habitat stigmatisants ; c) culture de la débrouille bricolage se contentant du bricolage et de l’installation de fortune plutôt que de rechercher les normes et les plans. Reste que ces hommes et femmes comprennent le commerce, qu’ils sont aussi des entrepreneurs.

Comment intégrer cette énergie – provenant de l’instinct de survie – à l’économie formelle ? Une enquête sociale devrait permettre d’identifier ceux réellement dans le besoin. Comment les former ? Quel projet bâtir avec eux ?



Jeudi 28 

Il ne s’agit pas d’imposer le cachot, la paille, l’eau et le pain sec à cette dame. Mais quid d’une commission rogatoire exécutée en Italie ?

Mutations de société

Discrédit général ? Il faut tenter d’identifier ce que pensent réellement les Mauriciens, faute de quoi ceux qui ont déjà arrêté leurs conclusions pourraient être surpris au prochain scrutin. Ceux qui commanderont des sondages, comprenant quelques questions de fond, se donneront sans doute de bons moyens d’appréhender plus justement ce qui se passe dans notre société. Avant de disposer de cette rigueur méthodologique et de cette précision thématique, il nous est déjà possible d’acter ce que nous entendons autour de nous, dans nos conversations quotidiennes, en ligne, sur les réseaux sociaux, les blogs ou les commentaires de lecteurs sur les sites d’informations.

Navin Ramgoolam semble atteint, touché, disposant certes toujours de soutiens passionnels mais n’arrivant pas à refaire sa crédibilité nationale, entraînant sa formation dans son désaveu. En contrepartie, comme démontrant une disposition inverse, Anerood Jugnauth, lui, semble à l’abri de la gabegie gouvernementale et des opacités du MSM. Sa carrure nationale ajoute un peu de crédit à l’idée d’un dernier recours subsistant auprès de SAJ. Comme Ramgoolam, Bérenger préserve ses adorateurs mais la secte a bien moins recruté parmi les jeunes générations et les handicaps connus du leader mauve semblent de plus en plus accentués. Reste XLD, pour qui le ciel est bleu, and could as well be the limit. Aura-t-il l’audace de… à quel moment ?

Puis, on note un vrai rejet de la corruption, across affiliations et bien sûr chez ceux qui n’en ont pas. Une indignation, un podemos, des citoyens debout vont-ils s’organiser ? Prenons-nous au sérieux.



Vendredi 29 


Surtout pas de risques inutiles. Soyons effectivement soucieux de la sécurité des scolaires. Mais la météo est-elle bien un jeu de hasard ?

Retrouvons ce rapport

Bien réfléchi. Ce dossier au cabinet, ce vendredi, devait comporter une note technique déjà bien élaborée. Rare en effet que le procès-verbal du Conseil des ministres soit aussi détaillé quant à un projet. En l’occurrence, la relance de l’artisanat, cela devant être soumis à un comité ministériel. Ce dernier, placé sous la présidence du vice-Premier ministre, devra, entre autres, envisager une instance de formation, intégrant la recherche, ainsi que le dépôt de brevets pour des créations originales. Cela paraît plus sérieux que la transformation de la cour du musée de Mahébourg en micro-Dilli Haat pour des Cottage Industries aux produits aussi répétitifs qu’inintéressants.

Il n’est pas superflu de suggérer au comité ministériel de tenter de retrouver les procès-verbaux des séances de formation et le rapport du projet de valorisation de l’artisanat, financé par l’Union européenne, au début des années 90. Cet exercice avait été confié au GRET (Groupe de recherche et d’échanges technologiques), une ONG professionnelle de développement solidaire. L’ingénieur-conseil responsable de l’opération à Maurice, Pierre Paris, avait fait émerger quelques principes simples mais essentiels. Il notait qu’il n’y aurait pas d’achat significatif et conséquent si le visiteur n’était pas convaincu de la possibilité d’intégrer l’objet dans son univers propre, dans son intérieur. D’où la nécessité de saisir la palette de goûts décoratifs de nos visiteurs. Un exercice à enrichir aujourd’hui en tenant compte des nouveaux marchés émetteurs, Chine et Inde principalement.

On va découvrir qu’on a perdu 25 ans. Mais ce ne sera sans doute pas la première fois.



Samedi 30

Pour la présidence de l’EOC, tant qu’à faire, y’a du choix. Outre Mlles Sumputh et Choomka, connues dans la maison, on a Me Trilochun aussi…

La géographie de l’embarras

Crever l’abcès ? Quand un pays a peu de cadres politiques, peu de personnalités capables d’aspirer à un destin national, ce pays est perplexe quant à lui-même, quant à ses moeurs spontanées, lorsqu’il voit un de ses meilleurs éléments exposer sa carrière à une sorte de hara-kiri. Pour des raisons de famille qu’il semble incapable de remettre à leur place. On l’aura compris, c’est le suicide politique – disons la tentative – de Nando Bodha qui est évoqué ici. Auprès de son fort discret cousin et beau-frère, le coûteux avocat Trilochun.

Il semble bien établi aujourd’hui que la tentative de coller à M. Bodha une complicité dans le trafic de bois de rose de Madagascar était le fait d’adversaires malveillants. Intelligent et cultivé, ministre efficace mettant du coeur à l’ouvrage, formidable communicant, de la bonne affiliation de caste, si cela était encore pertinent, Nando Bodha dispose de tout ce qu’il faut. Mais il a un cousin-beauf’. Et les conseils juridiques de ce dernier sont coûteux.

En 1987, un cinéaste allemand vint faire des repérages à Maurice, en vue d’y tourner une adaptation du A l’autre bout de moi de Marie-Thérèse Humbert. Nando Bodha n’aurait pas refusé le rôle d’Aunauth Gopaul. Quelques années plus tôt, Amitabh Bachchan avait été élu au Lok Sabha et Bodha était tenté de penser qu’une filmographie pouvait faciliter une carrière politique. Comme quoi, l’homme savait où il voulait aller. Alors qu’il y est presque, voilà que la logique des réseaux de naissance impose beauf’. Sad !