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Marchands ambulants: et ceux qui sont contents alors?

1 mai 2016, 19:00

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Marchands ambulants: et ceux qui sont contents alors?

Il est presque midi en ce vendredi. La rue Decaen se remplit petit à petit. Plus d’une cinquantaine de colporteurs s’y sont installés. Parmi, Fazila. Elle fait partie de ceux qui sont «contents» du nouvel emplacement qui a été alloué aux marchands ambulants. Car, l’important, pour elle, c’est de pouvoir travailler.

«Isi enn plas trankil, ek ena disiplinn», souligne la marchande de bijoux fantaisie. Cela fait quatre jours qu’elle a investi les lieux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne lui pose aucun problème, bien au contraire. «Il y a peu, au moment d’installer mes bijoux sur le présentoir, il y avait toujours d’autres marchands devant moi et je me faisais bousculer. Là au moins, c’est calme.» Cela fait plus de 20 ans qu’elle écoule son stock de chaînes, anneaux, bagues et autres, à la gare Victoria, son petit étal caché derrière les marchands de fruits.

Aujourd’hui, «il suffit de s’organiser pour que le nouvel espace suffise», poursuit Fazila, en arborant un sourire satisfait. Elle explique qu’elle a même trouvé le moyen de stocker ses boîtes sous l’étal en question.

«ENA DIMOUNN TI PÉ AMENN ZOT SOFA TOU LOR TROTWAR ! CELA INCOMMODAIT NON SEULEMENT LE PUBLIC MAIS AUSSI LES AUTRES MARCHANDS !»

D’accord pour l’espace mais qu’en est-il de la «promiscuité» dont parlent les contestataires ? Se retrouve-t-elle vraiment dos à dos avec d’autres marchands ? «Non ! Kouma ou trouvé, ena enn lalign zonn deryer mwa…» Une ligne jaune qui sert à délimiter les espaces que doit occuper chaque colporteur. Et, force est de constater que les dos et les épaules ne se touchent pas !

Fazila s’agite. L’heure du déjeuner a sonné et les clients potentiels quittent les bureaux et autres lieux de travail. Elle leur fait les yeux doux. Avant de lancer, tout de go : «Je ne peux pas parler à la place de mes collègues, mais il est vrai que souvent, dans la rue, il y a eu des exagérations. Entre la saleté que certains laissaient derrière eux et ceux qui occupaient plusieurs mètres, je comprends les membres du public qui étaient exaspérés

Hormis le désordre et le chaos, niveau confort, «ici, c’est mieux», admet Fazila, perchée sur son tabouret. «Ena dimounn ti pé amenn zot sofa tou lor trotwar! Cela incommodait non seulement le public mais aussi les autres marchands !» lâche-t-elle, tout en s’occupant de deux dames qui dé- montrent un intérêt pour son étal scintillant.

Justement, qu’en est-il de son chiffre d’affaires ? Sans avancer de montant précis, Fazila se dit «happy» des quatre jours passés à la rue Decaen. Elle prévoit même des jours meilleurs…

«Séki pa lé travay, sa zot problem»

 

Même son de cloche du côté d’Avinash (prénom modifié). «On est mieux ici», confiet-il. Et d’ajouter qu’il préfère ne pas témoigner à visage découvert «parski ki ena lezot marsan ki riské pa konpran….» Quand il travaillait du côté de la gare, «c’était bien, les clients voyaient nos articles dès qu’ils descendaient du bus, il leur suffisait de faire quelques pas». Mais au final, la rue Decaen, «ce n’est pas si mal. Les choses se présentent bien et ça ne peut que s’améliorer. Séki pa lé travay, sa zot problem».

La satisfaction est aussi de mise du côté d’Arbaaz. Selon lui, le nouvel espace est plus… spacieux. Ce qui fait que les gens «ne se bousculeront pas, ne se marcheront pas dessus comme avant», fait-il ressortir. Mais il faudrait tout de même que «nou gagn enn létwa lao, pou kasyet lapli soley. Ti bizin donn enn lekleraz oussi».

Fazila et les autres colporteurs espèrent que les autorités trouveront des solutions à ces problèmes d’ici décembre, avant la période des fêtes, au cours de laquelle ils réalisent leurs meilleurs chiffres d’affaires. Cela, afin que les clients «puissent faire du shopping jusqu’à fort tard». En attendant, le travail continue…