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Obama assoit l’importance diplomatique de Merkel

25 avril 2016, 14:25

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Obama assoit l’importance diplomatique de Merkel

 

En la couvrant de louanges lors de sa probable dernière visite en Allemagne, Barack Obama a conforté l’assise d’Angela Merkel comme leader de l’Europe, à un moment où elle est fragilisée par la crise des migrants.

«Une amie», «une personne de confiance», «une voix éloquente»: en deux jours à Hanovre (nord), le président américain n’a pas manqué une occasion de souligner la grande valeur qu’il accorde à la chancelière allemande.

«J’ai travaillé avec elle plus longtemps et plus étroitement qu’avec aucun autre dirigeant, et tout au long des années j’ai appris d’elle. Elle incarne beaucoup des qualités d’un dirigeant que j’admire le plus. Elle est guidée à la fois par des intérêts et des valeurs», s’est-il épanché, alors qu’il quittera la Maison Blanche en janvier 2017.

Les tensions entre les deux dirigeants sur les priorités à donner pour lutter contre la crise économique et surtout sur les écoutes de la NSA ayant visé directement Angela Merkel semblent pour le moment mises de côté.

«Elle donne une voix à ce genre de principes qui rapprochent les gens plutôt qu’à ceux qui les divisent», a assuré M. Obama à ses côtés, dimanche, lors d’une conférence de presse à Hanovre.

Il faisait référence à la généreuse politique d’accueil des réfugiés adoptée dès l’été 2015 par Angela Merkel, qui la place «du bon côté de l’Histoire», selon M. Obama, se disant «fier du peuple allemand».

Hypocrite ?

Un tel hommage ne pouvait mieux tomber pour la dirigeante allemande, en butte à des critiques en Europe et dans son propre camp politique: elle est accusée tout à tour d’avoir fait cavalier seul et d’avoir créé un «appel d’air» pour les migrants sur le continent.

Son parti conservateur ne rassemble plus que 33% des intentions de vote, selon un récent sondage, un niveau au plus bas depuis cinq ans, tandis que le nouveau parti de droite populiste AfD ne cesse de gagner du soutien dans l’opinion.

Mais pour l’influent hebdomadaire Der Spiegel, le soutien de Barack Obama a quelque chose d’hypocrite. Les compliments «ont une toute autre musique si on met en lumière ce que les Etats-Unis ont fait jusqu’à présent pour résoudre la crise des réfugiés: presque rien».

Face au plus important exode de migrants arrivant vers l’Europe depuis la Seconde guerre mondiale, «il est dommage que la chancelière n’ait pas pu se tourner vers (Obama) quand elle avait besoin d’aide. Elle n’aurait alors pas eu besoin du (président turc) Recep Erdogan», dénonce l’hebdomadaire sur son site internet.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier a fait écho à ce reproche. «Naturellement nous espérons beaucoup plus de soutien partout dans le monde», a-t-il déclaré sur la chaîne publique ARD.

'Bénéfice' pour le monde                                                                   

Malgré cela, cette visite d’adieu d’Obama est clairement «un signe de respect pour une chancelière qui a été la seule source de stabilité pour les Américains dans une Europe ébranlée par la crise», a relevé le quotidien conservateur Die Welt.

Le président français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi, invités lundi à un mini-sommet à Hanovre avec le Premier ministre britannique David Cameron au terme du périple de Barack Obama, n’auront eux pas eu les honneurs chez eux du président américain, pour ce qui s’annonce comme sa dernière tournée européenne, même s’il revient début juillet à Varsovie pour le sommet de l’Otan.

Devant une Angela Merkel un brin gênée, Barack Obama a même cherché à rendre plus accessible une chancelière très peu expansive, en louant «son sens de l’humour, qu’elle ne montre pas tout le temps lors des conférences de presse».

S’il a estimé normal de ne pouvoir, en ce qui le concerne, se représenter au bout de deux mandats car son pays a besoin «de jambes fraîches» comme au basket-ball, «la présence constante» d’Angela Merkel, à la tête de l’Allemagne depuis plus de dix ans - elle pourrait briguer un quatrième mandat en 2017 - «bénéficie au monde», d’après M. Obama.