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Présidentielle philippine: un candidat de premier plan plaisante sur le viol

17 avril 2016, 14:34

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Présidentielle philippine: un candidat de premier plan plaisante sur le viol

Le candidat favori des sondages pour la présidentielle philippine, Rodrigo Duterte, a suscité l’opprobre dimanche après l’émergence d’une vidéo dans laquelle il plaisante sur le cas d’une victime australienne de viol et de meurtre.

Dans cette vidéo postée sur YouTube, Rodrigo Duterte, qui a promis de livrer une guerre sans merci contre le crime et de tuer des milliers de criminels en cas d’élection, plaisante au sujet d’une missionnaire australienne.

En 1989, celle-ci officiait dans une prison de Davao, localité du sud des Philippines dont le candidat était maire, lorsqu’une émeute avait éclaté. Elle avait été violée et tuée.

«Ils ont violé toutes les femmes (...) Il y avait cette missionnaire australienne (...) J’ai vu son visage et je me suis dit, +putain, quel dommage. Ils l’ont violée, ils ont tous attendu leur tour+. J’étais en colère qu’ils l’aient violée mais elle était si belle. Je me suis dit, +le maire aurait dû passer en premier+», lance-t-il, en campagne devant un auditoire rigolard.

Rodrigo Duterte, qui vante les exploits d’escadrons de la mort accusés d’avoir tué des centaines de criminels supposés et des enfants des rues à Davao pendant ses mandats de maire, arrive premier dans les intentions de vote au scrutin du 9 mai, selon un dernier sondage publié le 3 avril.

Ses rivaux, les associations de défense des droits des femmes et les internautes sont rapidement montés au créneau.

Le porte-parole du président Benigno Aquino, Herminio Coloma, a estimé que ces commentaires montraient qu’il «n’était pas digne d’être président» et traduisaient «son manque total de respect pour les femmes».

M. Aquino, qui achève son second mandat et ne peut se représenter, a apporté son soutien à Mar Roxas, son ancien ministre de l’Intérieur, à la traîne dans les sondages.

Pour Jejomar Binay, vice-président, autre candidat à l’office suprême, les commentaires de Rodrigo Duterte sont «tout simplement révoltants». «Vous êtes un maniaque dérangé qui ne respecte pas les femmes et ne mérite pas d’être président», a-t-il dit dans un communiqué.

La sénatrice Grace Poe, en lice également, a dénoncé des propos «répugnants et inacceptables».

Un internaute philippin a dit son effarement sur Twitter. «Je me suis effondré après avoir regardé Duterte sur le viol australien. Je ne comprends pas que ses partisans puissent en rire».

L’association Gabriela a déclaré que le viol n’était pas un sujet de plaisanterie qui puisse être «banalisé».

Rodrigo Duterte s’est attiré le soutien de nombreux Philippins qui apprécient son langage grossier, ses plaisanteries sur ses infidélités et sa promesse d’intransigeance face au crime. Lorsqu’il avait qualifié le pape François de «fils de pute» en novembre, nombre d’habitants de cet archipel peuplé de catholiques fervents lui avaient pardonné.

Ses porte-parole n’étaient pas joignables dans l’immédiat.