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Santa Haye, la mère de Lee-Ann: «Je veux juste connaître la vérité»

17 avril 2016, 18:45

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Santa Haye, la mère de Lee-Ann: «Je veux juste connaître la vérité»

Elle a pardonné au «meurtrier» de sa fille,  dit-elle. Et souhaite «connaître la vérité». Santa Haye, la mère de Lee-Ann Palmarozza, se livre à  cœur ouvert.*

Comment avez-vous accueilli le verdict cette semaine ?

Je voulais vomir.

Vous considérez donc que justice n’a pas été rendue ?

Nous avions placé toute notre confiance en les autorités mauriciennes. On les félicitait pour leur dur labeur. Toutefois, on nous a laissé tomber. On avait vraiment cru que justice serait rendue. Mais notre famille et surtout ma petite fille, Dante, sommes tombées de haut. Les procédures judiciaires me dégoûtent. Certains ont essayé de se faire passer pour les victimes, alors que la vraie victime, c’est ma fille !

Que reprochez-vous à la justice ?

Les preuves étaient assez évidentes à mon sens. Selon moi, il est clair qu’il s’agit d’un meurtre. Je trouve tout cela un peu bizarre…

Et que reprochez-vous à Peter Wayne Roberts ?

Il n’a pas pris soin de ma fille bien qu’il m’avait promis de toujours le faire…

Vous affirmez qu’une confrontation avec lui vous permettra de faire  votre deuil…

Mon plus grand regret, c’est de ne pas savoir ce qui s’est passé avec Lee-Ann ce soir-là. Je veux toujours rencontrer Peter Wayne Roberts pour qu’il me donne sa version des faits. Il doit me donner sa version des faits…

Vous vouliez dans un premier temps venir à Maurice pour assister au procès, mais finalement, votre avocat a fait savoir que vous étiez souffrante. Qu’en est-il vraiment ?

Mon mari Jack et moi aurions voulu faire le déplacement, mais je ressentais une douleur au niveau de la hanche après que j’ai subi une intervention chirurgicale. Au final, nous n’avions pas les moyens financiers pour venir tous les deux à Maurice. Cette épreuve, encore une, a été très difficile  pour nous.

Comment avez-vous vécu le procès de loin ?

Le soir, je lisais vos journaux. Et j’avais froid dans le dos car chaque jour qui passait, l’avocat de la défense présentait Lee-Ann comme étant une mauvaise personne alors qu’elle ne l’était pas.

Il n’a pas pris soin de ma fille bien qu’il m’avait promis de toujours le faire…

Les choses auraient-elles été différentes si votre fils, Shaun, par exemple, avait été autorisé à témoigner ?

On aurait eu un verdict totalement différent… Le fait qu’il n’ait pas été autorisé à témoigner en dit long sur l’équité du procès.

«I eat, sleep and drink Lee-Ann», disiez-vous avant le procès. Est-ce toujours le cas ?

Dante m’aide à ne pas sombrer. Mais je pense à ma fille à chaque heure de la journée, tous les soirs avant d’aller me coucher, chaque matin en me réveillant. L’image de Lee-Ann est toujours la première chose qui me vient en tête. On avait partagé tant de choses, maintenant il n’y a plus rien. Elle m’appelait toujours chaque matin pour dire bonjour et chaque soir pour me souhaiter une bonne nuit.

Dante, elle est au courant pour le verdict ?

Elle est une petite fille forte. Elle sait ce qui s’est passé et que quelqu’un a fait du tort à sa mère. Elle n’oublie pas que cette dernière n’est plus là pour la prendre dans ses bras. Elle vit avec nous et on lui donne tout ce qu’il y a de meilleur – tout comme sa mère l’aurait fait. On l’envoie, par exemple, dans une école privée, on l’incite à pratiquer du sport.

Pensez-vous pouvoir, un jour, accorder le pardon au meurtrier de Lee-Ann ?

C’est déjà fait. Il n’y a pas de haine dans mon cœur. Je veux juste connaître la vérité.

Comptez-vous venir à Maurice ?

Anahita Resorts détient la réponse à plusieurs questions, et bientôt, notre équipe juridique s’intéressera à eux. C’est à ce moment-là que l’on viendra à Maurice….

* Cet entretien a été réalisé par courriel


Retour sur les lieux du crime

 

C’est le 29 décembre 2014 que le corps sans vie de Lee-Ann Palmarozza, 35 ans, a été retrouvé dans la piscine d’une villa qu’elle occupait avec son petit ami, Peter Wayne Roberts, à l’Anahita Resorts, à Grande-Rivière- Sud-Est.

Alors que le milliardaire sud-africain s’était mis à la disposition de la police pour les besoins de l’enquête, il tentera de prendre l’avion le 2 janvier 2015. Et sera arrêté à l’aéroport de Plaisance. Si dans un premier temps, il est provisoirement inculpé d’assassinat, la charge sera modifiée par le bureau du DPP; il sera finalement poursuivi pour meurtre et plaidera non coupable.

Mandé sur les lieux, à 23 h 40, le Dr Gobardhun, Medical Health Officer de l’hôpital de Flacq, devait constater que les pupilles de la trentenaire étaient dilatées et que son pouls était inexistant. À la demande de Peter Wayne Roberts, le médecin a pratiqué un massage cardiaque. À l’arrivée du Dr Bandhu du SAMU, les deux médecins ont encore essayé de réanimer la jeune femme, en vain.

L’autopsie pratiquée par le chef du département médico-légal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, attribuera le décès de la jeune femme à une «compression of the neck that has complicated or contributed to death of victim». Toutefois, la contre-autopsie, pratiquée par le
Dr Satish Boolell, le 9 janvier 2015, affirmait que la victime avait des problèmes au coeur et au foie, liés à la consommation d’alcool. Quant aux bleus décelés sur son corps, ils auraient été causés par des massages cardiaques.

Aux Assises, le Dr Devi Sookmanee, du département hispathologique du laboratoire de  l’hôpital de Victoria, a affirmé que ce type de blessure«cannot be happen on a dead body, it has to  be caused on a living tissue». Le Dr Sookmanee a également déclaré que les analyses effectuées sur le foie de Lee-Ann Palmarozza ont révélé une blessure qui a pu être causée par un traumatisme.

C’est au milieu de ses zones d’ombre que le procès a débuté le 15 mars dernier pour prendre fin un mois après, le verdict ayant été rendu le mardi 12 avril. Peter Wayne Roberts était représenté par Me Gavin Glover alors que la poursuite était menée par Mes Medhi Manrakhan, Kevin Lukeeram et Rishi Boyroo. Le professeur Gert Saayman, pathologiste sud africain, a pour sa part soutenu que la trentenaire n’avait pas été étranglée avant la noyade, tout en ajoutant que sa mort était accidentelle.

Quant au skipper Rajiv Jeebodh, il n’a pas été autorisé à apporter son témoignage par rapport à la dispute qui avait éclaté entre les amants avant le drame. La défense ayant argué que Peter Wayne Roberts n’avait pas été confronté à cette version lors de l’enquête. Me Glover avait aussi affirmé que ledit témoignage pouvait être préjudiciable à son client et a refusé que la teneur de la dispute ne soit dévoilée devant la presse.

D’autre part, Prayash Ramloll, barman à Anahita, a raconté que, dans la soirée du 29  decembre 2014, il avait vu le couple sur la terrasse du view bar. Et que lorsque Lee-Ann et Peter Wayne Roberts ont quitté les lieux, vers 22 h 30, tous deux l’ont fait d’un pas chancelant, ayant du mal à rester debout. Mais, à un moment donné, ce dernier serait retourné sur place, pour chercher sa compagne… Kistnasamy Chemen, agent de sécurité chez Brinks, a ensuite indiqué que, tard dans la nuit, son supérieur hiérarchique lui a demandé de scanner les alentours de l’hôtel car une femme était portée manquante…

Aujourd’hui, Lee-Ann Palmarozza manque toujours cruellement à ses proches. Santa Haye, la mère de la jeune femme, se souvient encore de ce matin fatidique où elle a appris la mort de cette dernière. «Quand mon mari a reçu un appel sur son portable, je savais déjà que quelque chose n’allait pas. C’était Peter qui tentait d’annoncer la nouvelle à Jack», raconte cette mère meurtrie. Elle a eu une crise d’angoisse.

Selon la mère de Lee-Ann Palmarozza, le couple entretenait une relation «on and off» depuis 2011. «C’est bien plus tard que j’ai fait la connaissance de Peter Wayne Roberts. Je ne voyais pas cette relation d’un bon oeil. J’avais demandé à ma fille de rompre avec lui, mais ce dernier ne le voulait pas. Ils se bagarraient assez souvent», confie Santa Haye. Et d’ajouter que, depuis qu’elle entretenait une relation avec le milliardaire sud-africain, sa fille avait visité Maurice à trois reprises.

Santa Haye essaye tant bien que mal de se consoler désormais en se disant que la vie lui a quand même laissé Dante, sa petite-fille. Celle-ci est le fruit d’une précédente relation de Lee-Ann. Coup du sort, le père de Dante est également mort noyé dans une piscine… L’enfant avait alors 14 mois….