Publicité

Des restes d'aviateurs américains arrachés à la jungle de l'Inde

13 avril 2016, 10:38

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Des restes d'aviateurs américains arrachés à la jungle de l'Inde

Des restes d'aviateurs américains disparus il y a 72 ans lors d'un extraordinaire pont aérien au dessus de l'Himalaya vont retrouver leur patrie, après une quête au cœur de la jungle d'une équipe spécialisée de la Défense américaine.

Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a assisté mercredi lors d'une cérémonie sur une base aérienne de New Delhi au départ du cercueil contenant quelques ossements retrouvés en 2015 dans la jungle montagneuse de l'Etat indien de l'Arunachal Pradesh (nord-est), et d'un autre contenant d'autres restes de pilotes.

Un clairon a joué "Taps", la sonnerie militaire habituelle des funérailles, devant les cercueils métalliques recouverts du drapeau américain qui ont été placés à bord d'un vol militaire à destination de Hawai.

Les restes contenus dans le premier cercueil ont été récupérés par une équipe de l'agence des prisonniers de guerre et disparus au combat (POW/MIA), dépendant du Pentagone, qui enquête et fouille partout dans le monde pour retrouver les corps de soldats américains disparus au combat.

Cette équipe d'une dizaine de membres civils et militaires de l'agence américaine, accompagné d'au moins autant de personnel local, s'est rendu sur le site où l'avion s'est écrasé en septembre 2015.

«Cela leur a pris trois jours de marche pour arriver jusqu'au site et établir leur camp» au cœur de la jungle, a expliqué le capitaine des Marines Greg Lynch, un habitué de ces recherches.

Puis, huit heures par jour, l'équipe a fouillé un terrain difficile, parfois à la limite de la verticale. 

Encordée, elle a fait un travail archéologique, enlevant la couche supérieure du sol pour la passer au tamis et tenter de retrouver les restes d'ossements des aviateurs disparus, près des débris de leur appareil, un bombardier B-24.

Mais le risque de glissement de terrain a obligé l'équipe à renoncer à fouiller toute la zone prévue.

Et les "deux" morceaux d'ossements finalement retrouvés sur le site "tiennent dans un petit sac", selon Gary Stark, le responsable pour l'Inde de l'agence des POW/MIA.

Des ossements qui appartiennent à un ou deux des huit aviateurs qui se trouvaient à bord, et qui vont maintenant être analysés à Hawaï pour être identifiés grâce à leur ADN.

Ils seront ensuite rendus aux familles des disparus, plus de 72 ans après.

Mais peu importe le nombre d'ossements retrouvés.

Car pour les familles, "avoir quelque chose qui peut être mis dans un cercueil, formellement identifié comme venant de grand-père Joe et inhumé dans un cimetière avec les honneurs militaires permet de fermer" enfin une longue parenthèse, explique Gary Stark. 

C'est la première fois que l'agence parvient à récupérer des restes en Inde, mais il y a encore 350 disparus américains de la Seconde guerre mondiale dans le pays.

Un périple extrêmement dangereux

Selon Gary Stark, "environ 90%" ont disparu alors qu'il participaient à la Bosse, l'extraordinaire pont aérien américain et allié entre l'Inde et la Chine entre 1942 et 1945.  

Les Japonais, qui occupaient alors de nombreux pays d'Asie du Sud-Est, avaient coupé la route entre la Birmanie et la Chine.

Au total, 650.000 tonnes de carburants, munitions et divers équipements ont été acheminés vers les forces combattant les Japonais dans un périple extrêmement dangereux, passant à travers les plus hautes montagnes du monde.

Bon nombre d'avions se sont écrasés dans les montagnes de l'Arunachal Pradesh, un Etat de l'Inde niché entre la Chine, le Bhoutan et la Birmanie.

Selon une association d'anciens pilotes de la Bosse (China Burma India Hump Pilot association), 590 avions se sont écrasés dans ce pont aérien, provoquant la mort ou la disparition de plus de 1.650 aviateurs. 

Les Etats-Unis ont également rapatrié mercredi dans le même avion les restes d'aviateurs américains disparus dans ce même pont aérien, dans la même région, dans un avion C-109. 

Ces restes ont été remis à l'agence des POW/MIA par un particulier qui les a retrouvés. 

L'Arunachal Pradesh est une zone sensible pour l'Inde: il est sous souveraineté indienne mais continue d'être revendiqué par Pékin comme partie du Tibet.