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Bagatelle Dam: le consultant contre-attaque trois ans après

6 avril 2016, 16:20

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Bagatelle Dam: le consultant contre-attaque trois ans après

La construction du barrage de Bagatelle a été un réservoir à problèmes. Les travaux ont coûté la bagatelle, sans jeu de mots, de Rs 1,7 milliard de plus que ce qui était initialement prévu, soit 60 % de plus que les Rs 2,8 milliards prévues.

La raison : des travaux supplémentaires à cause de la porosité du sol. Lors du Conseil des ministres du 4 octobre 2013, une «faute lourde» avait été imputée au consultant français Coyne et Bellier. Celui-ci, dans ses analyses, n’avait pas relevé toutes les réalités géologiques du site.

Du coup, le constructeur chinois, China International Water and Electric, a dû, selon les conseils d’un tiers expert, aménager un cut-off wall, une ceinture de béton pour empêcher que l’eau ne s’échappe, d’où cette facture de travaux additionnels.

Longtemps silencieuse, Coyne et Bellier a initié lundi une procédure de médiation devant le centre d’arbitrage mauricien London Chamber of International Arbitration - Mauritius International Arbitration Centre Limited. Il récuse l’accusation de «faute lourde» que lui impute le ministère de l’Énergie et veut qu’on lui règle ses impayés et ses services supplémentaires pour la conception de ce cutoff wall.

LES COÛTS ONT EXPLOSÉ

Pour cela, il avance plusieurs arguments. D’abord, le consultant affirme que l’altération de la couche de basalte reposant au fond du barrage était impossible à déceler lors des reconnaissances antérieures. «Ce n’est que lorsque la rivière est déviée de son cours naturel au début des travaux que les excavations complètes du terrain sont effectuées

Ensuite, Coyne et Bellier explique que la ceinture de béton, qui a fait exploser les coûts, n’était pas nécessaire et qu’il l’avait fait savoir dès qu’elle a été envisagée. «Deux autres aménagements, un évacuateur de crues et une adaptation de l’étanchéité du sol, auraient suffi. En plus, les coûts auraient été couverts par les provisions pour risques.»

Dans sa démarche de communication, le consultant, cependant, cache scrupuleusement le montant qu’il réclame. La boîte de communication qu’il a sollicitée explique que son client ne souhaite pas provoquer plus de polémique, d’où sa démarche de «médiation» plutôt que d’autres recours. Mais selon les informations de l’express, la somme tournerait autour de Rs 60 millions.

Ce que Coyne et Bellier ne dit pas non plus dans son exercice de communication, c’est qu’il a récemment reçu une demande de dédommagement du ministère de l’Énergie pour une somme de près d’un milliard de roupies. Visiblement, contrairement au consultant français, le ministère n’est pas en mode médiation.

Au ministère des Services publics, certaines sources approchées par l’express déclarent que les arguments de la firme Coyne et Bellier ne tiennent pas la route. «Un consultant engagé et payé par l’État se doit d’être professionnel. Il doit faire tous les tests et aller au bout des choses», explique-t-on. Et d’ajouter que dans le cas de Bagatelle Dam, le consultant aurait dû, durant l’étude de faisabilité, faire des pit holes partout sur le site.

«Le fait de dire que certains endroits n’étaient pas accessibles et que des fouilles n’ont pu être faites ont tendance à confirmer que le travail n’a pas été fait correctement», souligne-t-on. Et d’ajouter que des échantillons de terre auraient dû être récoltés et ensuite analysés, afin de connaître la nature exacte du sol. En ce qui concerne le rideau d’injection, l’on avance que cette proposition n’est pas sans garantie. «Comment être sûr que la proposition était la meilleure et qu’après quelques années, cela n’aurait pas occasionné de nouveaux problèmes ?» se demande-t-on.

Par ailleurs, nos informations indiquent que la proposition du rideau d’injection aurait été faite après que l’État a pris la décision d’aller de l’avant avec le cutoff wall. Et vu l’urgence de la situation, une décision a dû être prise.