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Madagascar: Un homme armé menace un journaliste

31 mars 2016, 13:50

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Madagascar: Un homme armé menace un journaliste

Un danger public qui se targue d’être le nombril du pays. S’arrogeant être un proche d’Ambohitsorohitra, un opérateur économique métis chinois, âgé d’une cinquantaine d’années, a menacé au revolver, battu, couvert d’insultes et rabaissé le rédacteur en chef du journal Ao Raha Rina Rasoava, alors que ce dernier se trouvait au volant d’une Peugeot 309, sur la route nationale numéro 2, à quelques encablures de Carion dans la matinée d’hier. Ces scènes se sont déroulées sous les yeux en larmes de quelques enfants terrifiés, encore bouleversés par les actes relevant de la barbarie, qui ont de quoi hanter ces âmes sensibles.

Toute cette violence a commencé par une conduite dangereuse, ayant menacé la vie des occupants de la Peugeot 309.

« Nous roulions tranquillement en direction de Tana, derrière un camion, lorsqu’un gros 4×4 de marque Nissan Patrol, tractant une remorque, a surgi à toute vitesse sur notre gauche, en effectuant une série de dépassements aveugles. Lorsqu’il est arrivé à notre hauteur, un autre poids-lourd qui venait en sens inverse, a foncé droit sur lui. Pour éviter une collision frontale, le chauffeur du tout-terrain s’est rangé brusquement devant notre véhicule. Il s’en était fallu de peu pour que nous ne finissions pas dans le décor », relate Rina Rasoava.

Furieux, le chauffeur de celui-ci, a remis le chauffard à sa place à coups de klaxon. Prêt à en découdre, ce dernier a, une fois de plus, coupé la route de ses victimes avec sa Nissan Patrol, obligeant ces dernières à emprunter le bas-côté pour l’éviter. Les deux véhicules se sont par la suite arrêtés.

« Tant pis qu’il y ait une collision ou encore de mort, a lancé d’un ton plein d’arrogance et de mépris l’homme, qui se trouvait au volant du tout-terrain », a relaté la victime. Sidéré par son agissement déplacé, le journaliste était du coup sorti pour aller chercher des explications, c’est alors que le conducteur du tout-terrain lui a asséné un coup de poing dans la figure, explique toujours la victime.

Ne s’étant pas laissé faire, le chef de famille agressé a riposté. Du coup, le forcené s’est emparé d’un revolver, déjà à portée de main dans son 4×4, qu’il a braqué sur le chauffeur de la voiture légère. Désemparé, ce dernier s’est retiré, c’est alors que l’individu armé est descendu de son tout-terrain pour le prendre en chasse, devant des témoins effarouchés. Ces scènes ont suscité un attroupement. Impuis­sants et effrayés, les passagers d’un taxi-brousse ainsi que des motards qui passaient sur les lieux n’ont pu qu’observer la scène.

Entre-temps, les invectives verbales faisaient rage entre les deux hommes. Avant de décamper, l’individu armé a jeté sur l’asphalte le rédacteur en chef, puis s’est engouffré dans son 4×4 avec sa femme, qui selon les personnes présentes sur place, ne se serait pas non plus gênée pour proférer des grossièretés.

« On se voit à Ambohi­tsorohitra, a signifié l’homme armé avant qu’il ne décampe », enchaîne le rédacteur en chef de Ao Raha. Jusqu’à hier soir, la présidence de la République n’a fait aucune communication désavouant le forcené.

Relâché

Les forces de gendarmerie de la RN 2 semblent bien avoir des relations gênantes avec l’homme qui a semé la terreur. Possédant des camions qui effectuent des transports de marchandises sur cet axe, celui-ci semble avoir sous sa coupe bien d’éléments.

Ayant couru au poste avancé de la gendarmerie à Carion pour porter plainte pour insultes et coups et blessures volontaires contre les personnes qu’il a bien failli tuer, le quidam se croyait comme chez lui lorsqu’il était au bureau de la gendarmerie. En voyant le rédacteur en chef, qui lui aussi s’en était remis aux gendarmes pour intenter des poursuites pour menace à l’arme feu, insultes, coups et blessures volontaires, ainsi que mise en danger de la vie d’autrui, le transporteur en question s’est encore jeté sur lui en le saisissant par le col de son vêtement.

Une source auprès de la gendarmerie met en avant que l’opérateur économique qui conduisait la Nissan Patrol aurait bel et bien un permis de port d’armes, tout en soulignant en revanche qu’il s’agit d’une autorisation de détention de fusil de chasse, et non d’un revoler, l’arme ayant été braquée sur des personnes.

Curieusement, la gendarmerie l’a laissé repartir, sans être inquiété, sous prétexte qu’il était parti chercher l’autorisation de détention du revolver, qu’il venait d’exhiber en pleine route nationale.

Un train d’enquête qui donne matière à réflexion du fait qu’un jeune homme, pris lundi à Ambohimahasoa, lors d’une fouille, en possession d’une arme de poing, dont il ne s’est même pas servi pour menacer d’autres personnes, a été arrêté par la gendarmerie à Camp Robin, placé en garde à vue, et attend d’être traduit devant le parquet.

Pour l’incident survenu à Carion, l’affaire sera conduite ce jour devant le parquet du tribunal à Anosy.