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Le pirate de l'air de l'avion égyptien sous les verrous à Chypre

30 mars 2016, 18:42

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Le pirate de l'air de l'avion égyptien sous les verrous à Chypre

Un Egyptien ayant détourné vers Chypre un avion de ligne d'EgyptAir en menaçant de faire sauter une fausse ceinture d'explosifs a été placé en détention provisoire mercredi par la justice qui a écarté la piste terroriste dans cette affaire rocambolesque.

Seif al-Din Mohamed Mostafa, 58 ans, décrit comme «psychologiquement instable » par un responsable chypriote, a fait le V de la victoire en quittant le tribunal de Larnaca, dans le sud de l'île méditerranéenne, qui l'a mis sous les verrous pour huit jours.

Durant cette première audience, l'Egyptien n'a pas été interrogé sur les raisons qui l'ont poussé mardi à détourner un avion de la compagnie nationale EgyptAir jusqu'à l'aéroport international de Larnaca.

Le caractère étrange de son acte et sa fin heureuse pour les 55 passagers et les membres d'équipage, libérés sains et saufs, ont inspiré une vague de messages humoristiques sur les réseaux sociaux.

Les internautes s'en sont ainsi donné à coeur joie avec le hashtag #loveisintheair ("l'amour est dans l'air"), se moquant du pirate de l'air qui a exigé de voir son ex-épouse chypriote pour lui remettre une lettre.

La police a indiqué qu'il était susceptible d'être inculpé pour détournement, enlèvement de personnes avec le but de les conduire vers une destination inconnue, comportement menaçant et d'autres actes qui violent la loi antiterroriste.

L'Egypte a demandé à Chypre de lui "livrer le suspect", sur la base d'un accord bilatéral d'extradition.

 

Revendications 'illogiques'

 

Mardi matin, peu après le décollage d'Alexandrie en Egypte, l'homme a fait croire qu'il portait une ceinture d'explosifs pour contraindre le pilote de l'Airbus A-320 de se diriger vers Chypre, à environ 500 km des côtes égyptiennes.

 

«Quinze minutes après le départ, on a vu sur les écrans que l'avion n'allait pas au Caire, mais au-dessus de la mer», a témoigné une passagère, Noha Saleh. Les membres de l'équipage «ont dit qu'il y avait un problème technique et qu'il fallait aller à Chypre ou en Grèce pour le résoudre. Leur comportement était normal ».

 

Une autre voyageuse, Fayza Bakry, a précisé que le pirate de l'air "n'avait pas parlé" aux passagers.

 

A l'arrivée à Larnaca, l'homme a libéré une grande partie des passagers, puis s'est rendu sans heurt après plusieurs heures de négociations avec les autorités.

 

Celles-ci ont rapidement estimé qu'il ne s'agissait pas d'une affaire "terroriste". Ses demandes n'étaient "pas assez logiques pour être prises au sérieux", selon le ministre des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides.

 

Le pirate de l'air a en particulier exigé que son ex-épouse, une Chypriote avec laquelle il a eu plusieurs enfants, vienne à l'aéroport pour qu'il lui remette une lettre.

 

Selon le juge d'instruction Andreas Lambrianou, qui s'exprimait à l'audience, le suspect a indiqué à la police: "Qu'est-ce qu'on est censé faire quand on n'a pas vu sa femme et ses enfants pendant 24 ans et que le gouvernement égyptien vous en empêche?"

 

Mais selon la famille de son ex-femme, citée par un quotidien chypriote, le suspect n'a montré aucun intérêt pour sa famille pendant ces 24 années.

 

'Expérience sympathique' 

 

Les fouilles après le détournement ont montré qu'il n'y avait aucun explosif dans l'avion comme sur l'homme.

 

M. Lambrianou a cependant indiqué que la police devait encore déterminer la nature d'un liquide retrouvé dans son bagage.

 

Seif al-Din Mohamed Mostafa a vécu plusieurs années à Chypre avant de retourner en Egypte où il a été emprisonné pour différents délits, notamment trafic de drogue, selon un responsable égyptien.

 

La plupart des passagers ont été rapatriés sur Le Caire mardi soir.