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Pakistan: heurts entre policiers et partisans d’un islamiste pendu

27 mars 2016, 19:01

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Pakistan: heurts entre policiers et partisans d’un islamiste pendu

 

La police pakistanaise a tiré dimanche des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser des milliers de partisans d’un islamiste pendu le mois dernier pour avoir assassiné le gouverneur du Pendjab, province la plus peuplée du pays.

L’exécution de Mumtaz Qadri, un policier qui avait abattu en 2011 le gouverneur Salman Taseer, avait été perçue comme un moment charnière dans la lutte contre l’extrémisme religieux dans ce pays musulman de 200 millions d’habitants.

Mais cette pendaison avait aussi ulcéré nombre de courants islamiques qui avaient réuni environ 100.000 personnes dans les rues de Rawalpindi, la ville jumelle de la capitale Islamabad, pour les funérailles de Mumtaz Qadri qui avait accusé le gouverneur d’avoir profané l’islam en prônant une réforme de la loi controversée sur le blasphème.

Dimanche, près d’un mois après cette pendaison, environ 25.000 partisans de Mumtaz Qadri se sont réunis à Rawalpindi pour des prières commémoratives, avant d’avancer vers la capitale quadrillée de centaines de policiers et de paramilitaires.

Munis de boucliers et de bâtons, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants munis de pierres afin de les empêcher d’entrer à Islamabad, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Cette manifestation musclée a été ignorée de la presse locale et n’a pas été retransmise sur les chaînes d’information en continu, les médias étant l’objet de censure croissante par l’Etat qui ne souhaite pas voir ce type de protestation prendre de l’ampleur dans le reste du pays.

Autre Pakistanais accusé de blasphème: Junadi Jamsheed, l’un des pionniers de la pop pakistanaise des années 80 reconverti en prédicateur. Une vidéo montrant des hommes en colère l’agressant circulait dimanche sur les réseaux sociaux.

La star s’est fait rouer de coups à la sortie de l’aéroport d’Islamabad qui est en fait situé à Rawalpindi. «Vous avez commis un blasphème. Frappez-le, frappez-le», crie l’un des hommes dans cette vidéo filmée par un téléphone portable.

«On vous attendait. Il a manqué de respect à l’égard des compagnons du prophète Mahomet. Il a blasphémé à son égard», dit un autre.

M. Jamshed, qui a été forcé de revenir à l’aéroport, a par la suite posté sur Facebook un commentaire dans lequel il a estimé qu’il était «temps pour nous en temps que nation de ne pas laisser prévaloir ces fanatiques religieux».

Une vidéo dans laquelle Junaid Jamshed faisait des remarques négatives sur la plus jeune épouse du prophète Mahomet pour souligner les prétendus défauts des femmes avait largement circulé en 2014, et une plainte avait été déposée en justice contre lui pour blasphème.

Mais le cinquantenaire s’était excusé et l’affaire avait été classée.

Au Pakistan, la loi sur le blasphème prévoit jusqu’à la peine de mort pour des personnes reconnues coupables de remarque dérogatoire à l’endroit du prophète Mahomet. Des extrémistes et des foules ont déjà lynché des personnes soupçonnées d’insultes à l’islam sans attendre le verdict de la justice.