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Attentats de Bruxelles: les hommages s’enchaînent et l’enquête progresse

27 mars 2016, 16:10

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Attentats de Bruxelles: les hommages s’enchaînent et l’enquête progresse

Les Belges, privés de leur «marche contre la peur» en raison de la menace terroriste toujours élevée et de la traque des suspects après les attentats les plus meurtriers depuis 1945 en Belgique, continuent malgré tout à rendre hommage aux victimes.

Les enquêteurs tentent toujours de confirmer si le seul suspect inculpé en lien direct avec les attaques jihadistes de mardi, Fayçal Cheffou, est bien, comme ils le pensent, «l’homme au chapeau» qui a déposé une bombe à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem aux côtés des deux kamikazes, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui.

Ces deux hommes, comme le kamikaze du métro Khalid El Bakraoui, sont étroitement liés aux commandos des attentats parisiens de novembre.

Une arrestation en Italie et une nouvelle inculpation en Belgique sont venues illustrer encore une fois l’imbrication des réseaux jihadistes français et belges, qui a éclaté au grand jour avec les attaques qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris et 28 mardi à Bruxelles, selon un bilan révisé.

Un Algérien de 40 ans, Djamal Eddine Ouali, a été arrêté samedi en Italie à la demande de la justice belge. Il est soupçonné, selon des médias italiens, d’avoir participé à la falsification de documents utilisés par des membres des commandos jihadistes parisiens et bruxellois.

- Nouvelle affaire franco-belge -

Parallèlement, un second suspect a été inculpé en Belgique dans l’enquête, distincte, sur un projet d’attentat déjoué jeudi en France, a annoncé dimanche le parquet fédéral belge. L’inculpation d’Abderamane A. de «participation aux activités d’un groupe terroriste» s’ajoute, dans cette nouvelle affaire franco-belge, à celle de Rabah N.

Arrêté jeudi près de Paris, le principal suspect de ce projet d’attentat, l’ex-braqueur français Reda Kriket, 34 ans, est toujours en garde à vue en France. Des armes et des explosifs ont été découverts dans un appartement en banlieue parisienne après son interpellation.

A Bruxelles, des dizaines de personnes ont continué à se relayer en ce dimanche de Pâques place de la Bourse, transformée en mémorial depuis les attentats suicide de mardi. Par petits groupes, elles ont déposé des bougies, entonné des chants et rendu hommage en silence aux victimes, sous bonne garde des forces de l’ordre.

«Chaque soir je viens ici, et je reste ici jusqu’à minuit par solidarité. Il faut se montrer, il ne faut pas de cacher», explique Mohamed Saïd Si Ahmed Haddi, un Belge de 50 ans d’origine algérienne. Pour Yves Susanne, imprimeur de 54 ans, «il faut montrer aux enfants qu’on n’a pas peur... même si on a peur».

Mais la grande marche «citoyenne» prévue ce dimanche pour «montrer à ceux qui veulent nous mettre à genoux que nous resterons debout» a dû être annulée à la demande des autorités, qui ont invoqué le niveau d’alerte élevé.

- 'Dans le mur' -

Au fur et à mesure que le difficile travail d’identification des victimes progresse, le profil des personnes tuées s’esquisse. De jeunes Belges, comme l’étudiant en marketing Bart Migom, 21 ans, qui devait aller voir sa petite-amie aux Etats-Unis, et Léopold Hecht, 20 ans, dont la famille a fait don de ses organes dans l’espoir que cela «sauvera une vie».

Mais aussi, dans cette ville cosmopolite, des expatriés, à l’instar des Américains Justin et Stephanie Shults, jeune couple de trentenaires installés dans la capitale européenne tout comme l’Italienne Patricia Rizzo, 48 ans, qui travaillait dans une agence du Conseil européen de la recherche.

Il y avait enfin des voyageurs de passage, dont Elita Weah, 41 ans, réfugiée libérienne qui avait acquis la nationalité de son pays d’adoption, les Pays-Bas, où elle était bénévole dans une maison de retraite, et se rendait aux funérailles de son beau-père aux Etats-Unis.

«C’est une souffrance qu’on ne peut pas décrire. Je la partage avec toutes les familles des victimes à Paris, Tunis et ailleurs», a confié le journaliste belge Michel Visart, qui a perdu sa fille Lauriane dans l’explosion du métro, à la télévision RTBF pour laquelle il travaille.

«Je pense que construire des murs, des exclusions ou cultiver la haine c’est aller dans le mur», a-t-il lancé, appelant de ses voeux un monde de «respect», de «tolérance» et d'«amour».

Parmi les 340 blessés, la Française Fanny Clain, 20 ans, originaire de l’île de la Réunion, dans l’océan Indien, et missionnaire mormone, a raconté à l’AFP avoir eu «des trous» dans les jambes et des brûlures. Elle émet aussi un message de tolérance: «Quand on est en colère (...) on rumine ça tout le reste de notre vie», alors que si on décide de «passer outre, alors là on peut continuer à vivre».