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Attentats de Bruxelles: Laachraoui, l’amateur de frisbee devenu kamikaze

25 mars 2016, 16:56

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Attentats de Bruxelles: Laachraoui, l’amateur de frisbee devenu kamikaze

«Bon élève, sans problème disciplinaire» qui passait ses week-ends à faire des «tournois de frisbee», Najim Laachraoui a basculé dans le terrorisme, décidant de mourir en kamikaze mardi à l’aéroport de Bruxelles à l’âge de 24 ans.

La dernière image qu’on a de lui, figée par les caméras de l’aéroport, montre un jeune homme au visage fin, cheveux noirs et fine barbiche, poussant un chariot à bagages quelques minutes avant les explosions qui dévasteront le terminal.

C’était «un garçon sportif, et surtout intelligent», décrit son frère de 20 ans, Mourad Laachraoui, international belge de taekwondo, «accablé» par le choix de son aîné. Un musulman «pratiquant», «dans une famille de pratiquants» d’origine marocaine.

Diplômé de ses humanités (l’équivalent du bac) en 2009 à l’Institut de la Sainte-Famille, dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, «c’était un bon élève, sans aucun problème disciplinaire», raconte à l’AFP la directrice Veronica Pellegrini: «Je ne sais pas ce qui a pu arriver».

Laachraoui obtient la première année de baccalauréat en électromécanique avec une «satisfaction», la plus basse mention pour un examen, selon une revue d’anciens élèves de la Sainte-Famille consultée par l’AFP.

Il s’inscrit en première année à l’école Polytechnique de l’Université libre de Bruxelles (ULB) en 2009/2010. «Il a été ajourné en première et deuxième sessions après avoir passé tous ses examens et ne s’est pas réinscrit», explique à l’AFP Valérie Bombaerts, du service communication de l’université.

Un ancien camarade, Brice Vanhée, raconte sur sa page Facebook l’avoir alors croisé dans la rue. Laachraoui lui avait confié vouloir arrêter «Polytech»: «C’est pas fait pour moi... Je vais probablement plutôt faire médecine».

«Médecine, bordel. Sauver des vies», se désole son ancien camarade, «bouleversé» de voir le nom de Laachraoui qu’il «voyait toutes les semaines» associé aux plus sanglantes attaques menées sur le sol belge depuis 1945 (au moins 31 morts).

«Je n’arrive pas à comprendre comment un homme peut se faire laver le cerveau en si peu de temps ? Ça veut dire quoi, qu’on peut tous changer de bord et se faire exploser alors qu’on avait pour habitude de faire des tournois de frisbee tous les week-ends ?», lâche-t-il.

- Artificier -

Selon le parquet fédéral belge, Laachraoui gagne la Syrie en février 2013 où il rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique (EI). Sa famille apprend son départ «par un coup de téléphone» passé à ses parents, qui le signalent à la police, sans réaction particulière des autorités, selon son frère Mourad.

Sa trace réapparaît le 9 septembre 2015, deux mois avant les attentats de Paris, lors d’un contrôle routier à la frontière austro-hongroise.

Il présente une fausse carte d’identité au nom de Soufiane Kayal, qui n’éveille pas les soupçons. A bord de la Mercedes se trouvent également Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris (130 morts) arrêté le 18 mars, et Mohamed Belkaïd, qui se présente alors sous le faux nom de Samir Bouzid. Ce dernier sera tué le 15 mars lors d’une perquisition dans la commune bruxelloise de Forest.

Depuis le 4 décembre, les policiers recherchaient le prétendu Kayal dans l’enquête sur les attaques de Paris, soupçonné d’en avoir été l’artificier, voire l’un des coordinateurs.

C’est en effet sous ce faux nom qu’a été louée l’une des cachettes des commandos de Paris avant les attaques, à Auvelais, près de Namur (sud de la Belgique). Ses traces ADN ont également été retrouvées dans un appartement de Schaerbeek, où ont été confectionnées des ceintures d’explosifs utilisées à Paris et Saint-Denis (banlieua parisienne).

Laachraoui et Belkaïd sont aussi soupçonnés d’avoir été en liaison téléphonique avec certains des kamikazes du 13 novembre.

Le mois dernier, il avait également été jugé par défaut à Bruxelles dans le procès d’une filière de recrutement de combattants par l’EI, pour avoir accueilli des combattants en Syrie.

Mardi, c’est d’un appartement de la commune bruxelloise de Schaerbeek, à deux kilomètres de chez ses parents, qu’il serait parti avec deux autres assaillants vers l’aéroport de Zaventem.

Aujourd’hui, la petite maison familiale dans le paisible quartier résidentiel de Terdelt garde ses volets tirés et sa porte close. «La famille est effondrée», explique l’avocat de Mourad Laachraoui, Me Philippe Culot.

En apprenant sa participation aux attentats, «je ne voulais pas croire que c’était lui», confie Mourad Laachraoui: «Mais on ne choisit pas sa famille...»