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Séga tipik, la lente reconquête

24 mars 2016, 20:59

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Séga tipik, la lente reconquête

À pas comptés, le séga tambour de Rodrigues se rapproche du podium mondial. Le dossier de demande d’inscription sur la liste du patrimoine intangible mondial sera soumis à l’Unesco à la fin du mois de mars. Le Conseil des ministres en a pris note vendredi dernier.

Ces étapes, le séga tipik est déjà passé par là. Il a été reconnu patrimoine de l’humanité en 2014. Qu’est-ce que cette inscription a apporté au séga tipik? Est-il plus visible, plus vivant aujourd’hui Marclaine Antoine, arrangeur, affirme que les ségatiers, aujourd’hui, «met inpé tipik dan zot lasos séga. À la longue, si cela marche, le séga va retrouver ses lettres de noblesse».

Pourquoi le séga n’a-t-il pas percé au niveau international ? «C’est parce qu’on n’avait rien à montrer aux étrangers. Le Sénégal a fait des ravages avec la kora, le tambour du maloya a épaté les Français. Nous, on a mis des guitares et une batterie au milieu du séga. C’est avec la ravanne, la maravanne et le triangle qu’on va attirer l’attention des étrangers.» En jouant la carte de l’authenticité.

«Plus un move politique que culturel.»

Marclaine Antoine, pourtant un convaincu de la diversité culturelle, voit dans les démarches en vue de l’inscription du séga tambour, «plus un move politique que culturel». Il martèle : «Rodrigues fait partie de Maurice. La seule différence entre le séga tipik et le séga tambour, c’est qu’à Rodrigues le rythme est plus rapide qu’à Maurice.»

Pour sa part, Daniella Bastien, anthropologue, qui, avec Maya de Salle Essoo, a travaillé sur le dossier du séga tipik envoyé à l’Unesco, constate elle aussi que «du point de vue du dynamisme culturel, il y a davantage de groupes de séga tipik. Des soirées et des expositions y sont consacrées alors qu’il y a deux ans, on n’en parlait pas (…) Avec l’inscription, ce n’est pas encore la professionnalisation. Mais, au moins, quand on parle de séga tipik, on le fait comme il faut». Sans jupe à fleurs mais en se rapprochant des vêtements de travail que portaient les aïeux.

Qu’en est-il sur le plan institutionnel ? «Dans le dossier, nous avions proposé que la ravanne soit enseignée au conservatoire», indique-t-elle. Cela, dans le cadre d’une politique de valorisation «intégrée». Daniella Bastien cite l’exemple des élèves en classe de sixième à l’École du Nord qui apprennent la ravanne. Étape encore à venir dans les écoles publiques.

Tout est dans le suivi. Deux ans après l’inscription, c’est «peut-être encore trop tôt pour évaluer l’impact sur la visibilité et la pratique du séga tipik», conclut Daniella Bastien.