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Pakistan: l'ex-président Musharraf quitte le pays avec l'autorisation du gouvernement

18 mars 2016, 07:42

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Pakistan: l'ex-président Musharraf quitte le pays avec l'autorisation du gouvernement

L'ancien dirigeant militaire Pervez Musharraf a quitté le Pakistan tôt vendredi matin, au lendemain de la levée par la Cour suprême de son interdiction de voyager à l'étranger, ont indiqué des sources aéroportuaires.

M. Musharraf a embarqué dans un vol de la compagnie Emirates à destination de Dubaï, qui a quitté l'aéroport de Karachi à 03H55 (22H55 GMT). "Il était la dernière personne à embarquer dans l'avion, puis la porte a été fermée", a précisé une source aéroportuaire, selon laquelle le général retraité paraissait "détendu".

L'ex-président est dans le collimateur de la justice pour quatre affaires remontant à 2007, dont son rôle présumé dans l'assassinat de sa rivale politique Benazir Bhutto et l'imposition de l'état d'urgence pour laquelle il est accusé de "haute trahison" - une première pour un général dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat.

Ses avocats affirment qu'il a besoin de soins d'urgence à la colonne vertébrale qui ne sont pas disponibles au Pakistan.

"Je me rends à l'étranger pour des soins mais je reviendrai pour affronter les affaires me concernant", a déclaré M. Musharraf, cité par un porte-parole de son parti à Karachi. "Je suis un commando. J'aime ma patrie", a ajouté le militaire.

"Six à huit semaines sont nécessaires pour le traitement et ensuite il devrait rentrer chez lui", a expliqué Amjad Malik, un porte-parole du parti de M. Musharraf à Dubaï.

Le général septuagénaire, au pouvoir de son coup d'Etat à la fin 1999 à sa démission à l'été 2008, s'était vu interdire de quitter le territoire suite à son retour dans le pays en 2013, après cinq ans d'exil à Dubaï. Son nom avait été inscrit sur une liste noire de personnalités interdites de sortie du territoire.

Mais mercredi, le plus haut tribunal au pays a levé cette disposition. Le gouvernement, qui avait déjà fait appel en juin d'une décision similaire de la Cour suprême, a cette fois autorisé son départ à l'étranger.

"Aujourd'hui, les avocats du général Musharraf ont déposé une demande formelle dans la foulée de la décision de la Cour suprême. Le gouvernement l'a autorisé à se rendre à l'étranger pour des soins médicaux", a déclaré le ministre de l'Intérieur Chaudhry Nisar.

Les avocats du général Musharraf ont par ailleurs garanti au gouvernement qu'il reviendrait au pays dans six semaines pour faire face à la justice, a précisé M. Nisar lors d'une conférence de presse.

Le général Musharraf était rentré au Pakistan pour se présenter aux élections, mais n'y avait pas été autorisé et a dû depuis affronter une multitude d'affaires judiciaires.

Il avait été acquitté en janvier dernier du meurtre d'un chef rebelle de la province gazière du Baloutchistan (sud-ouest), tué en 2006 dans une opération militaire, Nawab Akbar Bugti.

Il demeure poursuivi dans quatre autres affaires, toutes datant de l'année 2007: haute trahison pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007 alors qu'il était au pouvoir; pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto; pour la mise à pied illégale de magistrats; et pour l'assaut meurtrier de l'armée contre des islamistes retranchés dans la mosquée Rouge d'Islamabad.