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Zones économiques spéciales : l’expertise de Maurice mise en doute

16 mars 2016, 11:35

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Zones économiques spéciales : l’expertise de Maurice mise en doute

Le point de départ : un accord portant sur la création d’une Zone économique spéciale (ZES), à Fort Dauphin. Celui-ci a été signé entre Maurice et Madagascar, lors de la récente visite du président Hery Rajaonarinampianina à Port-Louis, dans le cadre des célébrations du 48e anniversaire de l’accession du pays à l’Indépendance. Cet accord ne fait pas que des heureux : une voix discordante se fait entendre, celle de Holijaona Raboanarijaona Président d’Emergence Madagascar.

Ce dernier se demande en effet si Maurice dispose vraiment d’une expertise en matière de Zone Economique Spéciale (ZES). Lui-même connu pour être à l’origine de ce concept économique à Madagascar, il estime que «le gouvernement malgache devrait avoir une attitude méfiante». C’est ce que rapporte Midi Madagasikara, quotidien de la Grande île. 

Sur quoi se fonde Holijaona Raboanarijaona ? Il cite en exemple Jin Fei, qui est resté longtemps au stade de terrain en friche. «Il y a eu peut-être un grand projet en 2007 sur cinq ans mais à l’heure de faire le bilan en 2012, le site de Riche-Terre était devenu un éléphant blanc, une ville fantôme … à l’abandon et presqu’en ruines». 

La réussite de la zone franche mauricienne n’est pas un gage d’expertise et d’expérience en matière de zone économique spéciale, fait remarquer Holijaona Raboanarijaona. «Il y a une confusion entre la réussite des zones franches mauriciennes et l’échec de leur Zone Economique Spéciale. Il est faux de dire que la réussite économique de Maurice tient aux SEZ. Leur success story dans les années 90 repose sur le tourisme et les Zones Franches Industrielles textiles, concept actuellement dépassé. Et qui n’a rien à voir avec le concept de SEZ».

Revenant à l’exemple de Jin Fei, Holijaona Raboanarijaona soutient que ce n’est pas l’expertise mauricienne qui est utilisée, mais celle des Chinois. « … les Mauriciens n’ont aucune expertise sur les SEZ et font appel à la compétence des Chinois, plus expérimentés et ayant réussi avec succès ce type de projet d’envergure.»

Il va plus loin en relevant «l’incapacité du gouvernement mauricien à apporter les garanties solides que requiert un tel projet et à le coordonner correctement pour mobiliser les ressources financières».

Autre projet : Neotown, à Les Salines. «Un autre échec», rapporte le quotidien malgache, faisant écho au président d’Emergence Madagascar. «La soit disant compétence et expertise financière et technique des Mauriciens en terme de ZES est un attrape-nigaud.»

Pour le président d’Emergence Madagascar, Maurice se montre «très intéressé par Madagascar et lorgne sur des potentialités naturelles qu’ils n’ont pas». Or, dit-il, il y a aussi un autre risque : que «Madagascar [devienne] avant tout pour les Mauriciens une zone d’expérimentation et la ZES de Taolagnaro, un projet destiné avant tout à redorer leur blason ». Et d’ajouter : «Les Mauriciens, dans un rôle de broker (intermédiaire) vont faire de Madagascar le dindon de la farce, car en signant cet accord ils bénéficieront de tout pas-de-porte et commissions sur les Investissements Directs Etrangers.

Loin de se montrer tendre envers la partie mauricienne, Holijaona Raboanarijaona, s’interroge aussi sur les conditions de l’allocation de quelque 450 m² à Taolagnaro. «L’octroi des terrains se fera-t-il par achat ou bail ?»

En guise de conclusion, le président d’Emergence Madagascar met le gouvernement de son pays en garde contre des risques de scandale « comme ceux que Maurice a connus ».

Crédit : Midi Madagasikara.