Publicité

Blue Penny Museum: une autre vision des travailleurs engagés

13 mars 2016, 15:25

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Blue Penny Museum: une autre vision des travailleurs engagés
L’exposition Coolies, Indentured Labourers, Old Immigrants s’est ouverte le samedi 12 mars au Blue Penny Museum, au Caudan Waterfront. Si certains tiqueront sur le choix du mot «coolies», Emmanuel Richon, le conservateur du musée, explique que c’est fait exprès.
 

L’objectif est de remettre en question les idées reçues sur les coolies et l’engagisme. «Cette expo n’a pas la prétention de changer la façon de penser, elle est conçue pour que les visiteurs se posent des questions», déclare le conservateur. «Nous pensons tous que le travail engagé est une continuité de l’esclavagisme alors que c’est totalement faux. C’est la continuité de l’emploi rétribué», dit-il.

On peut voir, sur les photos et gravures faites à leur arrivée à l’Appravasi Ghat, que ces travailleurs ont un accoutrement nettement plus simple que sur les photos prises à l’expiration de leur contrat. «Il faut savoir que les photos du Mahatma Gandhi Institute sont des photos de travailleurs qui ont vécu à Maurice pendant des décennies. Leurs habits sont nettement plus beaux et les bijoux plus travaillés. C’est pour cela qu’il serait erroné de comparer le travail engagé à l’esclavagisme. Les travailleurs ont pu améliorer leurs conditions de vie», souligne Emmanuel Richon.

Ces photos, maintes fois exposées et publiées, sont l’oeuvre d’un photographe du sud de l’Inde, Abraham Sinapa, et ont été prises lorsque les travailleurs quittaient les établissements sucriers pour lesquels ils travaillaient et allaient commencer une nouvelle vie.

DE MEILLEURES CONDITIONS

D’autres photos exposées apportent la preuve que les travailleurs venus d’Inde avaient une certaine liberté de pratiquer leur religion, de se rassembler, de se marier ou encore de sortir, même lorsqu’ils étaient sous contrat. «C’est une liberté que les esclaves n’ont jamais connue. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu des abus, mais leurs conditions étaient meilleures», lâche Emmanuel Richon.

Des documents, le rapport de la commission d’enquête sur la fusillade de 1943 et d’autres analyses sur les conditions de vie des travailleurs sont également exposés. «Ce n’est pas la première fois que de tels rapports sont faits», fait ressortir le conservateur du musée. Plusieurs rapports ont auparavant été réalisés par le gouvernement anglais suivant des plaintes de coolies. Le fameux rapport de 1909, qui est connu comme étant le plus complet, est exposé juste à côté. «Je ne parle pas de confort, mais leurs conditions de vie étaient supervisées et nous en avons les preuves», dit-il.

Mais tout n’était pas rose pour la totalité des travailleurs non plus ?«Évidemment que non. Nous exposons aussi un document de retour. C’est très rare, mais sur les 450 000 travailleurs qui sont venus de l’Inde, un tiers est reparti», indique le conservateur du Blue Penny Museum. «Ce qui signifie qu’ils avaient toujours la possibilité de quitter l’île pour n’importe quelle raison à l’expiration de leur contrat. Ceux qui sont restés s’y sont plu et ont vu leur avenir ici.»

L’exposition est composée de portraits et de sérigraphies de l’artiste Dany Flynn. Ces sérigraphies qui ont été exposées à Londres, sont à Maurice pour une semaine puis elles s’envoleront vers Delhi pour faire partie d’une autre exposition sur le même thème.