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Dr Kailesh Jagutpal nouveau président du Medical Council : «Il faudrait une approche plus humaine lors des consultations»

12 mars 2016, 11:34

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Dr Kailesh Jagutpal nouveau président du Medical Council : «Il faudrait une approche plus humaine lors des consultations»

Kailash Jagutpal n’a pas accepté d’assumer cette responsabilité à la légère. «J’ai réussi à atteindre les objectifs personnels que je m’étais fixés dans ma vie et lorsqu’on est à ce stade de sa vie, on veut se retrouver sur une autre plate-forme pour aider les membres de la profession. Donc, je veillerai à mener à bien mes objectifs en tant que président du MC. Either I do it or I leave. Je ne suis pas venu là pour perdre mon temps.» Bien que très affable, le ton est donné.

Ce quatrième enfant d’une famille de planteurs de GrandBois est âgé de 46 ans. Porté pour les sciences au cycle secondaire, il aurait sans doute complété ses études au SSS de Souillac si cette institution proposait des classes de Form VI. «À mon époque, le SSS Souillac n’offrait pas la possibilité de faire la Form VI. Avec mes résultats de Form V, j’ai été admis au collège Royal de Curepipe.»

S’il sait qu’il veut faire des études supérieures, il hésite entre la médecine et l’ingénierie. Comme le gouvernement indien offre quelques sièges pour des études médicales où trois quarts des frais sont pris en charge par ce pays, il passe le concours et fait partie des «élus» à être envoyés à l’université de Patna, dans l’État du Bihar. Là, il se mesure à la crème de la crème des étudiants indiens ayant réussi le concours d’entrée. Ainsi, pendant cinq ans, il étudie la médecine générale.

De retour au pays en 1995, il effectue son internat à l’hôpital Victoria et fait le tour des départements. Peu après son retour, il épouse Pallavi, Accounting Technician au Mauritius Institute of Training and Development, qui lui donne deux enfants, Udav et Abinav, 17 et 15 ans respectivement. Le couple s’installe à Camp-Fouquereaux.

Au moment de choisir sa filière de spécialisation, Kailesh Jagutpal prend une fois de plus avantage de l’accord intergouvernemental entre l’Inde et Maurice et c’est à l’université de Varanasi qu’il est envoyé. Son premier choix est la radiologie mais il n’y a pas de place disponible dans cette filière.

Ne voulant plus effectuer le travail de nuit maintenant qu’il a une famille et aspirant à une vie équilibrée entre sa profession et sa vie privée, il opte pour la psychiatrie. «Lorsque j’ai commencé mes études, je me suis mis à me passionner pour cette discipline de la médecine.» Au bout de trois ans de spécialisation, il en ressort psychiatre qualifié.

Objectifs atteints

Il regagne le pays en 2006 et est envoyé pour étoffer l’équipe de psychiatres à l’hôpital de Rose-Belle. Et lorsqu’il termine son service, il fait de la clientèle privée à Grand-Bois, histoire d’être au service des habitants de son village natal et de rendre visite plus souvent à ses parents.

Si dans sa pratique hospitalière il est confronté à des troubles mentaux liés à l’alcoolisme, la prise de drogues, aux dépressions et autres angoisses, ainsi qu’aux maladies liées à la démence sénile comme l’Alzheimer et le Parkinson, le Dr Jagutpal ne cache pas son inquiétude face au nombre grandissant de tentatives de suicide chez les jeunes, liées à des conflits relationnels avec leurs parents ou leur petit(e) ami(e). «Cela devient franchement inquiétant», dit-il. À tel point qu’il estime que l’évaluation mentale devrait figurer dans les tests de routine de certains patients qui reviennent souvent à l’hôpital.

«Si une personne revient quatre fois dans un mois à l’hôpital pour soigner une fièvre, le médecin qui le voit en première instance doit se demander si ce n’est pas une façon pour lui d’exprimer un mal-être. Si une personne vient avec des maux d’estomac, le généraliste doit l’interroger pour savoir si cela ne découle pas d’une consommation excessive d’alcool ou pas. Cette évaluation mentale en première instance pourrait permettre à ces patients d’être plus rapidement pris en charge comme il se doit et référés aux psychiatres.»

Comment déceler cela en quelques minutes, le temps imparti pour la consultation par malade dans le secteur public ? «C’est vrai que les files d’attente sont longues dans les hôpitaux et que les médecins sont souvent débordés, d’où un temps rapide pour une consultation. Mais il faudrait une approche plus humaine et plus ouverte pour détecter les problèmes en amont

S’il a décidé de se présenter aux élections du MC, c’est parce qu’il estime avoir atteint ses objectifs personnels et qu’il veut désormais faire quelque chose pour ses confrères. «Je voulais obtenir une sécurité d’emploi et j’ai pu intégrer le secteur public. J’ai voulu équilibrer ma vie professionnelle et ma vie familiale et j’ai pu le faire. J’ai tenu à ce que mes fils fréquentent le collège du Saint Esprit pour avoir le right balance entre leur développement académique et leur épanouissement personnel et c’est fait. Après 20 ans dans la profession, je me suis dit qu’il était temps que j’aide mes collègues et confrères. C’était soit grimper dans la hiérarchie de l’hôpital, soit me présenter aux élections du MC. J’ai opté pour cette dernière option.»

Ses priorités sont claires. Tout en sachant que le MC est un régulateur et qu’il doit opérer dans un cadre défini, il veut revoir le timing pour l’examen des médecins qui se sont qualifiés à l’étranger. «Il faut veiller à ce que les compétences soient conformes aux qualifications, et ce, dès le départ, et pas à la fin de leur internat à Maurice. I’ll fight for this.» Le Dr Jagutpal veut aussi que la formation continue soit obligatoire pour tout médecin, tout comme il voudrait accélérer le processus de reconnaissance des universités médicales.

Appelé à donner son opinion sur la nécessité de rendre la médecine hi-tech payante, il s’en dit favorable. «La médecine hi-tech est très coûteuse et l’argent absorbé par elle aurait pu être injecté dans la santé primaire et secondaire.»