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Fête nationale: pourquoi le spectacle culturel du 12 mars fait des mécontents?

9 mars 2016, 22:00

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Fête nationale: pourquoi le spectacle culturel du 12 mars fait des mécontents?

Alain Ramanisum, The Prophecy, Dehleez Group et Désiré François sont parmi les artistes qui se succéderont sur scène lors du spectacle culturel du 12 mars. Le ministère des Arts et de la culture a d’ailleurs présenté le programme officiel de ce show annuel le mardi 8 mars. Mais cette année encore, les préparatifs ne se sont pas passés sans couacs…

Il y a deux semaines, Anna Patten, danseuse et chorégraphe d’Art Academy, avait été invitée à soumettre une proposition pour le spectacle culturel de samedi. Elle avait répondu à cet appel d’offres avec une proposition de Rs 9 millions. Mais à lundi, elle n’avait reçu aucune réponse du ministère. Sachant que l’unique autre soumissionnaire, Percy Yip Tong, s’est retiré de cet appel d’offres.

Plusieurs précédentes éditions du spectacle culturel du 12 mars se sont attiré un lot de critiques. Il y a eu d’une part des artistes mécontents que leurs services n’aient pas été retenus. Et d’autres qui ont exprimé leur incompréhension totale quand ce sont des artistes étrangers qui assurent le show. Tous s’accordant à dire que la qualité – du son, des lumières et des numéros – n’est pas au rendez-vous.

Pourquoi ce spectacle culturel est-il souvent marqué par des couacs? «Zot tro amater», s’indigne Anna Patten. «Minis, li kouma enn poupet. Il a des conseillers qui n’ont rien à voir avec l’art. S’ils avaient été compétents, ils s’y seraient pris au moins trois mois à l’avance.» Et de souligner que le budget du ministère pour cet événement est «bien minime».

La chorégraphe se rappelle que pour les 40 ans de l’Indépendance en 2008, l’Art Academy, qui avait assuré le spectacle culturel du 12 mars au Champ-de-Mars, «avait eu un mois de préparatifs». «Même au début, le niveau était meilleur. Il y avait des majorettes et de la callisthénie. C’était fait de manière plus professionnelle qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est comme un spectacle dan lakaz, dan mariaz.»

Priorité aux autres fêtes

Le danseur et chorégraphe Stephen Bongarçon a, lui aussi, été sollicité par le ministère cette année. «En tant que professionnel, je leur ai dit merci de m’avoir envoyé des documents concernant l’appel d’offres, mais que c’était trop tard.» C’était il y a deux semaines. «Il faut respecter le jour de l’Indépendance et donner au moins deux mois et demi de préparatifs. On ne peut pas faire du copier-coller. Il faut écrire une histoire. Lindepandans se enn zafer extraordiner. C’est un gros risque qu’ont pris ceux qui ont répondu à l’appel d’offres.»

Même rengaine de la part de Bruno Raya, qui était sur le podium du 12 mars en 2012. «Toultan minister atann dernier minit. Et pourtant, la Fête nationale c’est à la même date tous les ans. Les fonctionnaires n’écoutent personne, même quand il y a de bons conseillers au ministère.» Il garde un bon souvenir de la fois où «ti tir spektak-la dan lame minister, donn li enn privé». C’était en 2013, pour les 45 ans de l’Indépendance célébrés au stade Anjalay. «C’était extraordinaire. Il faut être honnête et reconnaître le professionnalisme. Parler de combien cela avait coûté est un tout autre débat.»

En outre, une source du ministère des Arts et de la culture confie que ces situations s’expliquent par le fait que les cadres s’y prennent trop tard. «Ils sont occupés par les fêtes religieuses qui précèdent celle de l’Indépendance, reléguant le 12 mars au second plan. La culture ne peut pas être fonctionnarisée.»