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Mexique: les autorités craignent d'extrader "El Chapo", selon l'ancien président Fox

9 mars 2016, 13:30

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Mexique: les autorités craignent d'extrader "El Chapo", selon l'ancien président Fox

L'ancien président mexicain Vicente Fox estime que les autorités craignent d'extrader vers les Etats-Unis le baron de la drogue "El Chapo" de peur qu'il ne révèle des noms de politiciens corrompus.

"Moi, si j'étais président je l'extraderais immédiatement" a déclaré l'ancien chef de l'Etat mexicain (2000-2006) lors d'une interview à l'AFP au Centre Fox dans la ville coloniale de Guanajuato (centre).

"Pourquoi n'est-il pas extradé? Peut-être parce qu'il y a des craintes qu'il ne balance là-bas des noms", estime l'ancien président.

Les avocats du trafiquant ont indiqué la semaine dernière que Joaquin "El Chapo" Guzman voulait être extradé rapidement parce que ses conditions de détention étaient insoutenables.

"Il y a des gens qui ont peur de cela", estime Vicente Fox, un ancien dirigeant de Coca-Cola élu président en 2000 avec le Parti action national (PAN, droite).

Le gouvernement du président Enrique Pena Nieto avait refusé d'extrader Guzman après son arrestation en février 2014. Le chef du cartel de Sinaloa avait humilié les autorités mexicaines en s'échappant une nouvelle fois d'une prison de haute sécurité en juillet dernier par un tunnel creusé sous la douche de sa cellule.

Mais après son arrestation en janvier, le président Pena Nieto a demandé à l'avocat général d'accélérer le processus d'extradition de "El Chapo" vers les Etats-Unis.

Une femme identifiée comme la fille du puissant narcotrafiquant, Rosa Isela Guzman Ortiz, a déclaré au quotidien britannique The Guardian que Guzman avait payé d'importants hommes politiques mexicains en échange d'une protection.

"Je n'en doute pas un instant. Il y a eu beaucoup de scandales (...) touchant tous les partis: qu'il s'agisse du PAN, du PRI (le parti de M. Pena Nieto) et du PRD (gauche). Que celui qui n'est pas coupable lance la première pierre", ajoute M. Fox.

"C'est un danger permanent, l'infiltration de l'argent du narcotrafic dans la politique. C'est une façon de blanchir de l'argent (...) et d'obtenir du pouvoir directement" indique-t-il.

"Guzman ne se serait pas échappé de prison la première fois s'il n'y avait pas eu de corruption. Il ne se serait pas échappé une seconde fois s'il n'y avait pas eu de corruption".

Les autorités ont arrêté plus de trente personnes dans le cadre de l'enquête sur l'évasion spectaculaire du baron de la drogue parmi lesquels le directeur de la prison et la responsable nationale du système pénitentiaire ainsi que plusieurs gardiens.