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La semaine vue par Gilbert Ahnee

6 mars 2016, 12:28

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

Lundi 29 Février 2016

Primaire. Tant qu’il existera une option langue orientale/kreol morisien, nous continuerons à nous mentir sur la réalité dans nos familles.

Amender plutôt 2(4)(a)

Combattre la loi pandi. Le rédacteur en chef de l’express n’a pas attendu. Dès ce lundi, après les premières suggestions de rétablissement de la peine de mort, Raj Meetarbhan a clairement rappelé, en éditorial, la ligne du journal en la matière. Face à de telles questions, face à un enjeu de cette gravité, alors même que des dirigeants politiques adoptent une posture populiste, un journal ne peut perdre de temps pour indiquer la voie de la raison. Et rappeler les données provenant de l’observation des sociétés. Il incombera aux autres chroniqueurs, face à une priorité aussi indiscutable, d’être explicitement dans la même ligne de pensée.

Non, à la peine de mort ! Oui, plutôt, à l’amendement de l’article 2(4)(a) de la Constitution qui, malgré la suspension de la pratique, laisse encore la possibilité de priver une personne intentionnellement de sa vie “in execution of the sentence of a court in respect of a criminal offence of which he has been convicted.”

Soodhun. Au cas où nous n’aurions pas compris qu’il fait partie du camp des démagogues populistes et primaires, notre Donald Trump local, petit roi de l’outrance, nous a déclaré qu’il se ferait un point d’honneur d’être le premier à voter pour le rétablissement de la peine capitale. Il lui faudra battre de vitesse son mentor et son leader, les Jugnauth, père et fils, étant connus pour être des antiabolitionnistes.

Fort heureusement, la présidente Gurib-Fakim et l’ancien chef juge Victor Glover ont fait appel à nos capacités de réfléchir. Merci.



Mardi 1 Mars 2016

Novembre 2005 : réforme du régime sucrier européen, baisse de 36 % des revenus. École de résilience pour nos opérateurs de Global Business ?

Voie citoyenne

Réflexion… Engagement… Likes et partages sur Facebook sont parlants. À plus forte raison s’ils sont provoqués par un texte grave, visant plus à faire réfléchir qu’à divertir. Avant la visibilité que lui a valu notre principal réseau social, il y avait aussi eu les premiers appels téléphoniques et SMS invitant à ne pas rater l’article de Khalil Elahee Quelle réflexion musulmane ? Quel engagement mauricien ? Dans la page Forum du quotidien de l’après-midi.

Le Dr Elahee recadre le débat après certains amalgames entre les lieux saints de l’islam et le régime qui administre ces terres. Il écrit : «Notre qibla n’est pas Riyad, [ni] Téhéran, Istanbul ou Islamabad […] Nous avons les pieds fermes sur cette terre mauricienne, la nôtre au même titre que celle de tous nos concitoyens. Engageons une réflexion musulmane à partir de notre foi et dégageons un engagement mauricien. Ne confondons pas l’islam et ce que nous imposent des dirigeants d’ici et d’ailleurs. Notre foi doit témoigner d’une éthique transversale allant d’un modèle de développement participatif et inclusif à un épanouissement culturel et artistique propre à notre identité en passant par le respect de notre environnement et la circulation limpide de tout moyen de financement. Refusons les propagandes, les machinations, les divisions et ne nous laissons pas tenter par les riyals que dilapident ceux qui veulent nous acheter.»

Voilà un homme qui a lu. Des textes aux sources de sa tradition. Saisissant ausssi le contexte aux limites du savoir contemporain. Belle aventure de l’esprit.



Mercredi 2 Mars 2016

Le MMM va-t-il accueillir son premier transfuge ? Et si Fowdar nous offrait plutôt un sondage en format réel au no 6 ? Moins humiliant, non ?

In Bérenger’s footsteps ?

XLD repoussera-t-il la méthode ? Bérenger est resté convaincu qu’en morcelant la communauté hindoue il finirait par bricoler la majorité suffisante pour conquérir le pouvoir. Il n’y est jamais arrivé. Et, sauf si l’actuel gouvernement était victime d’une totale déliquescence d’ici aux prochaines élections générales, il est probable que la récolte du MMM, à cette prochaine échéance, soit toujours insuffisante. Pourquoi Xavier-Luc Duval penserait-il avoir plus de succès que Bérenger à cet exercice de négociation de loyautés ?

Le leader bleu peut assumer que son parti a déjà récupéré, au scrutin de décembre 2014, une bonne part d’anciens fermes passés au MMM en 76 ou 82. Face à cet électorat orphelin, l’autre prétendant était alors le Muvman Liberater, mené par un Ivan Collendavelloo ayant gravement atteint Bérenger au nº 19. Mais c’était sans compter sur le talent de l’un ou l’autre au sein de ce parti pour attirer polémique et antipathie. XLD lui fut plusieurs fois invité, pendant le ramadan 2015, à des Iftar Parties. Cela irrita vivement Soodhun, ce dernier finissant par critiquer des calicots bleus souhaitant une joyeuse fête d’Eid-ul-Fitr.

Certes, il assurait la suppléance au PMO. Mais les diverses rencontres de XLD avec les socioculturels ne passent pas inaperçues. L’inédit : c’est chez lui, à une soirée conviviale, qu’il a invité les dirigeants du Human Service Trust et de la Hindu House.

Duval candidat PM un jour ? Seul et suicidaire ou en alliance ? Après une offre citoyenne, un projet de rassemblement, plutôt que des deals ciblés…



Jeudi 3 Mars 2016

IRS, hôtels, spas. Annonceurs et publicitaires réévalueront-ils les clichés ethniques associés à leurs images ? They’s back, Miss Scarlett…

La ville neuronale

Trouver la carte-mère. Réunir les meilleurs composants dans une boîte n’en fait pas un ordinateur. Ils doivent être reliés les uns aux autres, dans une séquence déterminée. De même, pour ce qui est du vivant, il ne suffit pas qu’il y ait des neurones. Il faut aussi des neurotransmetteurs et, pour la prise en charge des transferts d’information, des synapses. Suggestion à notre ministre Bhadain : pour vos projets d’urbanisation, laissez la pose des neurones – ce qui est déjà intelligent et câblé – aux promoteurs immobiliers. Préoccupez-vous, Monsieur le ministre, uniquement des synapses, soit des modes de mise en relation et des surcroîts de connaissance et d’intelligence qu’ils produiront.

Avant de construire une ville, il faut s’assurer que ses éventuels habitants et usagers auront des motifs de l’adopter. Ces raisons peuvent être la qualité de l’offre éducative et de santé, le dispositif de loisirs et de restauration, les facilités sportives et l’accès à des pratiques traditionnelles comme le yoga ou le tai-chi, le tissu culturel – théâtre, musée, salles de cinéma et de concert, médiathèques, possibilité de pratiquer la musique, la danse.

Ce sont la qualité de vie – dont la mobilité – et la convivialité, l’usage astucieux/ smart de la technologie, la facilité d’accès aux loisirs et à la connaissance, le consensus citoyen quand au style de vie, qui constituent le cœur d’une ville. Faire advenir cela dans un espace appelé, au cours des 30 prochaines années, à accueillir une vraie urbanisation, voilà un bel héritage à nous laisser.



Vendredi 4 Mars 2016

Empathie réelle avec les malades. Mais après combien de temps la maladie du ministre des Finances devient-elle un défaut de gouvernance ?

Ce sera fifty-fifty

Revenu de croissance ? Le Conseil des ministres de ce vendredi a accepté les recommandations du comité ministériel consacré aux conditions d’attribution de permis de travail aux salariés étrangers du secteur textile. Il sera désormais possible d’y compter un travailleur expatrié pour chaque salarié mauricien. Avec quelque 45 000 emplois dans le secteur textile d’exportation, il ne serait pas surprenant qu’il faille davantage se consacrer à la motivation des Mauriciens qu’à la sélection des Bangladeshis, Indiens et Chinois. Davantage susceptible de modifier l’encadrement du travail pour les salariés étrangers : ils pourront désormais être recrutés pour des contrats de huit ans.

Huit ans, c’est presque un cinquième de la vie professionnelle d’une personne, plus même lorsque l’espérance de vie, hélas, écourte le temps de travail. Ni moralement, ni au plan des conditions de productivité, nous ne pourrons continuer à recruter des étrangers sans leur garantir également un cadre de vie humain, non déshumanisant. S’il était possible – et encore – de priver un homme et une femme, pendant trois ans, d’un logement digne, de la présence de ses enfants, privant ces derniers de l’attention parentale qu’ils méritent, ce type d’inhumanité ne serait plus soutenable, plus tolérable, s’il devait être étalé sur huit ans.

Notre secteur textile d’exportation – indépendamment des impatiences de François Woo – est-il capable a) de rémunérer son capital de manière satisfaisante; b) d’offrir aux salariés la capacité, à Maurice, d’entretenir une famille, dont assurer une éducation à des enfants d’âge scolaire ? Conditions sine qua non.



Samedi 5 Mars

Si elle était pauvre, portait un nom anonyme, n’avait pas sa bouteille d’eau et ses lunettes de star, on dirait que c’est une combattante…

Parfaitement louable mais…

Mystère grande-île. À l’occasion de la visite à Maurice du président malgache, Hery Rajaonarimampianina, invité d’honneur aux célébrations du 12 mars, un protocole d’entente entre nos deux îles sera signé. Portant sur la création de zones de développement à Madagascar. Un accord-cadre général de coopération est également prévu pour consolider les multiples relations existant entre les deux voisines. Par ailleurs, un dernier accord sera signé, en vue de mettre en place une commission mixte devant encadrer la mise en œuvre des partenariats envisagés. Voilà qui est excellent, opportun, tout à fait méritoire. Mais peut- être insuffisant.

Le premier gouverneur britannique de Maurice, Robert Farquhar, en contact soutenu avec le roi malgache Radama Ier, fils du grand Andrianapoinimerina, a voulu créer une chaire de langue malgache au Collège Royal. Aujourd’hui encore, l’enjeu reste pertinent. Outre le fort contenu symbolique de cette marque de respect, ce sont simplement aussi la communication et la compréhension qui sont en jeu.

On se souviendra aussi du projet, approuvé par Marc Ravalomanana, de cession à bail de 1,3 million d’hectares de terres cultivables malgaches au groupe coréen Daewoo, en échange d’une garantie de 45 000 emplois pour les demandeurs malgaches. C’est à bien des égards la résistance à ce projet qui finit par entraîner la chute du président et la prise du pouvoir par Andry Rajoelina.

Comprendre le caractère sacral de la terre dans l’imaginaire malgache. Trois ans d’anthropologie à l’UoM ne seraient pas de trop pour cela. Plutôt que mettre la charrue avant le zébu.