Publicité

"Jungle" de Calais: environ un quart de la surface évacuée en une semaine

4 mars 2016, 17:18

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

"Jungle" de Calais: environ un quart de la surface évacuée en une semaine

 

Après l'épisode d'Iraniens se faisant coudre la bouche pour protester contre leur sort, l'évacuation de la zone sud de la "Jungle" de Calais achève vendredi sa première semaine, dans le calme, avant la pause du week-end.

Le chiffrage exact est délicat compte-tenu de la nature du terrain et de la progression non linéaire des travaux, mais, selon le sous-préfet du Pas-de-Calais, Vincent Berton, un peu moins d'un quart de la surface concernée était évacuée vendredi matin, soit "environ deux hectares" sur 7,5. L'ensemble du camp atteint 18 hectares.

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait annoncé jeudi que ces opérations pouvaient durer "un mois, peut-être plus". "L'idée n est pas de précipiter les choses. On prendra le temps qu'il faut. Il y a des zones plus faciles que d'autres, certaines plus denses... Il faut agir de manière très pragmatique et très humaine, toujours dans le respect des personnes et en leur laissant le temps nécessaire", a réaffirmé vendredi M. Berton.

Les opérations se poursuivaient donc vendredi, suivant le même dispositif: retrait des abris de fortune et maraudes sociales tentant de convaincre les migrants de rejoindre le centre d'accueil provisoire (conteneurs chauffés), les tentes de la sécurité civile, ou l'un des 102 centres d?accueil et d'orientation (CAO) disséminés en France, solution adoptée par une centaine de migrants cette semaine.

Le tout sous haute protection policière: "Closed ! Kaputt ! Destruction !", disaient ainsi des policiers à des migrants qui tentaient de passer le cordon policier pour rejoindre des baraquements de fortune devant être détruits vendredi, alors que trois pelleteuses s'activaient dans la boue, mais sous le soleil, à défricher d'énormes parcelles.

- 'Machine de guerre qui avance' -

Ces opérations se déroulaient dans le calme, a constaté l'AFP, loin des tensions de lundi, où les heurts ont opposé CRS aux migrants et certains associatifs.

"On se sent révolté le premier jour, et puis fatigué ensuite. Les réfugiés sont fatigués. On voit qu'ils ne sont pas dans la violence puisqu'ils ne se battent pas contre la police. (...) J'alterne entre la rage et le désespoir, c'est la machine de guerre qui avance pas à pas. On ne peut pas la stopper", observe ainsi Maya Konforti, de l'Auberge des migrants.

Le geste spectaculaire de neuf migrants iraniens s'étant cousu la bouche pour protester contre l'évacuation du bidonville alimentait encore les commentaires vendredi.

"Je n'avais jamais vu un tel geste. C'est très fort, un geste de désespoir. Ils sont très courageux de faire ça et je les admire. Je m'occupe beaucoup d'eux, ils m'ont dit +on ne fait pas ça pour aller en Angleterre, on fait ça pour tous les réfugiés qui viennent en Europe", a poursuivi Mme Konforti.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a lui aussi réagi sur BFM, faisant part de son "sentiment d'immense compassion et de tristesse face à ces images parce que la volonté du gouvernement à Calais est de régler ce problème en faisant en sorte que chaque personne (...) en situation de vulnérabilité trouve une solution d'hébergement". Il a aussi dit son "indignation parce qu'il y a à Calais des acteurs, je pense notamment aux No border, qui sont depuis des semaines dans la manipulation de ces migrants".