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Syrie: près de 90 morts dans une série d'attentats en zone loyaliste

21 février 2016, 22:22

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Syrie: près de 90 morts dans une série d'attentats en zone loyaliste

Près de 90 personnes ont été tuées dimanche dans une série d'attentats ayant frappé des zones tenues par le régime en Syrie, alors que les Etats-Unis continuent de pousser pour une trêve en annonçant un accord "provisoire" de cessation des hostilités.

Le groupe extrémiste Etat islamique a revendiqué un double attentat à Homs, troisième ville du pays, où 57 personnes ont péri selon une ONG. Trente autres ont été tuées près d'un sanctuaire chiite au sud de Damas dans au moins trois attaques.

C'est dans ce contexte meurtrier et malgré les échecs des précédentes tentatives d'instaurer un cessez-le-feu dans ce pays ravagé par la guerre, que le secrétaire d'Etat John Kerry a annoncé à Amman "un accord provisoire en principe" avec la Russie sur les modalités d'une trêve, qui "pourrait commencer dans les prochains jours".

La multiplication des protagonistes, les divisions internationales et la montée en puissance des groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Front Al-Nosra, ont miné les efforts pour un règlement du conflit qui a fait en près de cinq ans plus de 260.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population.

- Attentats multiples -

Un double attentat a frappé le quartier loyaliste d'Al-Zahra à Homs, faisant 57 morts, en grande majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a fait état de dizaines de blessés.

L'EI a indiqué dans un communiqué que deux de ses membres conduisant "deux voitures piégées (..) ont visé des rassemblements" dans le quartier d'Al-Zahra à majorité alaouite, communauté minoritaire à laquelle appartient le président syrien Bachar al-Assad. Ce même secteur a été visé par le groupe le mois dernier.

Il s'agit du bilan le plus lourd pour un attentat du genre dans la ville depuis depuis octobre 2014, lorsque 55 personnes, dont 49 enfants, ont péri dans une double attaque devant une école.

Quelques heures plus tard, au moins 30 personnes périssaient dans une série d'attentats, dont un à la voiture piégée, près d'un sanctuaire chiite au sud de la capitale.

La télévision d'Etat a rapporté 30 morts dans trois attentats dont un à la voiture piégée et deux commis par des kamikazes. "Les attentats ont coïncidé avec la sortie des écoles, tuant plusieurs élèves", a-t-elle précisé.

Fin janvier, au moins 70 personnes ont été tuées dans une triple explosion près du sanctuaire, un attentat revendiqué par l'EI.

Le sanctuaire de Sayeda Zeinab est un haut lieu du chiisme qui abrite le mausolée de l'une des petites-filles du prophète Mahomet.

Ailleurs dans le pays, les combats se poursuivent entre les forces du régime et les rebelles très affaiblis, car marginalisés par l'EI et Al-Nosra. D'autres affrontements opposent forces kurdes et jihadistes, ou encore rebelles et jihadistes.

Dans la province stratégique d'Alep (nord), les forces du régime ont réussi à progresser à la faveur d'une offensive lancée le 1er février avec l'appui crucial de l'aviation russe et du Hezbollah libanais.

Au moins 50 jihadistes de l'EI ont été tués dans les combats avec l'armée qui avance notamment dans l'est de la province et dans les frappes russes, selon l'OSDH.

- En attendant Obama et Poutine -

Outre la Russie, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis est aussi impliquée dans le conflit et frappe l'EI depuis 2014. Et depuis une semaine, la Turquie bombarde les forces kurdes syriennes près de sa frontière.

Cette situation très complexe rend difficile la mise en application d'un accord qui soit agréé par l'ensemble des protagonistes pour une trêve malgré les efforts de l'ONU et surtout des Etats-Unis.

Dimanche à Amman, M. Kerry, se voulant optimiste, a annoncé lors d'une conférence de presse avoir de nouveau parlé au téléphone à son homologue russe Sergueï Lavrov. "Nous sommes parvenus à un accord provisoire en principe sur les termes d'une cessation des hostilités qui pourrait commencer dans les jours qui viennent".

"Ce n'est pas encore fait et je prévois que le président (Barack) Obama et le président (Vladimir) Poutine, pourraient bien se parler dans les prochains jours afin de tenter d'achever ce travail", a-t-il ajouté.

Pourtant Moscou, soutien indéfectible du régime de Bachar al-Assad, a prévenu samedi qu'il continuerait d'aider ce dernier à combattre les "terroristes".

"Nous sommes plus proches aujourd'hui d'un cessez-le-feu", a quand même assuré M. Kerry qui plaide depuis plusieurs jours auprès de Moscou pour la mise en oeuvre d'une trêve avec notamment l'arrêt des frappes russes.

Une trêve censée entrer en vigueur vendredi dernier conformément à un accord international parrainé par Moscou et Washington a été complètement ignorée.

Avec le régime jugeant difficile sa mise en application, l'opposition syrienne posant des conditions quasiment irréalisables et les groupes jihadistes hors de contrôle, il est difficile de concevoir un cessez-le-feu.

Le conflit en Syrie, déclenché il y a près de cinq ans par des manifestations pacifiques proréformes rapidement réprimées par le régime, a dégénéré en guerre civile avec son lot de morts, de drames humanitaires et de réfugiés.