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Comores: 25 candidats pour la présidentielle, sur fond de suspicion de fraudes

21 février 2016, 09:50

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Comores: 25 candidats pour la présidentielle, sur fond de suspicion de fraudes

Les Comoriens sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour de la présidentielle, un scrutin où s'affrontent 25 candidats, dont un ancien président putschiste et un vice-président, dans un climat de suspicions de fraude dénoncées par plusieurs prétendants.

Le président sortant Ikililou Dhoinine, qui a effectué un mandat de cinq ans, ne se représente pas, conformément à la Constitution de l'Union des Comores.

Ce texte atypique établit une présidence tournante entre les trois îles qui forment l'Union des Comores, Etat pauvre de l'océan Indien à majorité musulmane. Ikililou Dhoinine était issu de Mohéli, son remplaçant au palais présidentiel Beit Salam sera originaire de la Grande-Comore.

Cette constitution, adoptée en 2001, a contribué à apaiser un archipel secoué par des crises séparatistes et une vingtaine de coups d'Etat ou tentatives depuis son indépendance de la France en 1975.

Autre particularité du scrutin de dimanche: seuls les 159.000 électeurs de la Grande-Comore sont appelés à participer au premier tour de la présidentielle. Au second tour, le 10 avril, l'ensemble des électeurs de l'Union voteront pour choisir parmi les trois candidats arrivés en tête.

Parmi les 25 prétendants, une poignée d'entre eux sont susceptibles de passer au second tour, selon les observateurs: le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, actuel vice-président; l'ancien chef de l'Etat Azali Assoumani (1999-2006), arrivé au pouvoir par un putsch militaire; Fahmi Saïd Ibrahim, candidat soutenu par l'ex-président Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011).

Deux outsiders pourraient créer la surprise en passant le premier tour: Mouigni Baraka, actuel gouverneur de la Grande-Comore, et Bourhane Hamidou, un ancien président de l'Assemblée fédérale.

Cette semaine, les meetings et cortèges de mini-bus et camions affrétés par les candidats pour acheminer leurs partisans aux rassemblements se sont succédé dans le calme, et en l'absence visible de forces de sécurité.

Dans une allocution vendredi soir à la télévision et radio publiques, le président sortant a appelé électeurs et candidats « à aborder le scrutin avec un esprit de civisme, de discipline et de non-violence».

Le climat électoral est cependant tendu, selon les observateurs. «On est dans un contexte où il y a beaucoup de suspicions», estime Nadia Tourqui, consultante à l'ONU pour l'élection.

Laisser-passer obligatoire

Le retard pris dans la distribution de 25.000 nouvelles cartes électorales et dans l'affichage des listes, les tensions au sein de la Commission électorale (Ceni), récemment pointée du doigt par la Cour des comptes pour des malversations supposées, suscitent des inquiétudes parmi les candidats.

Pour «préserver la paix», la Ceni a décidé à la dernière minute, samedi, et à la demande d'une vingtaine de candidats, d'interdire les votes par procuration, source possible de fraudes selon eux.

Dimanche, il est aussi interdit de quitter Moroni ou de se déplacer entre les villages, à moins d'être muni d'un laisser-passer officiel. L'objectif est d'«éviter le double vote», selon le ministère de l'Intérieur.

En plus des dizaines d'observateurs internationaux, notamment de l'Union africaine, des organisations comoriennes ont mis en place une «plateforme de veille électorale»: 425 personnes sur le terrain sont chargées de faire remonter tout incident ou dysfonctionnement, afin de le corriger en temps réel.

«L'élection est trop passionnée, elle risque de provoquer des réactions inappropriées» de la part des vaincus, craint un fonctionnaire, Jean Youssouf.

Les suspicions de fraudes ne reposent sur rien de tangible, affirme cependant une source diplomatique: «Il faut faire croire à la fraude pour justifier une défaite».

Les programmes des 25 candidats sont quasi identiques, axés sur la gratuité des soins, l'enseignement, l'amélioration d'infrastructures en ruines.  

Dans la capitale, femmes et enfants font la queue pour l'eau, les routes sont défoncées, les longues coupures d'électricité handicapent une économie déjà aux abois.

«Je ne vais pas voter, c'est une perte de temps, à moins qu'on me donne de l'argent, même 15.000 francs comoriens (30 euros)», admet une vendeuse de rue.

Le premier tour de la présidentielle est couplé avec les élections des gouverneurs des trois îles, pour lesquelles l'ensemble des 301.000 électeurs comoriens sont appelé aux urnes.

Les bureaux de vote ouvrent de 07H00 (04H00 GMT) à 18H00 (15H00 GMT). Les résultats pourraient être disponibles mardi ou mercredi, selon des sources concordantes.