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HSBC boude Hong Kong et reste à Londres

15 février 2016, 10:48

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HSBC boude Hong Kong et reste à Londres

HSBC, la plus grande banque européenne, a annoncé dimanche qu'elle maintiendrait son siège à Londres, boudant un déménagement à Hong Kong, malgré les craintes de voir la Grande Bretagne claquer la porte de l'Union européenne.

La Hongkong and Shanghai Banking Corporation a estimé dans un communiqué, à l'issue d'un passage en revue stratégique qui a duré un an, que Londres avait de nombreux avantages et était «idéalement située».

La banque créée en 1865 dans l'ancienne colonie britannique pour financer le commerce croissant entre l'Europe et la Chine, notamment celui de l'opium, ne dit rien sur le sentiment grandissant à Hong Kong que les libertés s'érodent.

Nombre d'observateurs jugent que la Chine, qui a repris le territoire en 1997, y augmente son emprise et pourrait porter atteinte à sa réputation de havre du capitalisme financier international.

L'audit avait été lancé en avril alors que l'attractivité du Royaume-Uni pâtissait aux yeux des milieux financiers d'un impôt spécifique sur les banques ainsi que d'une régulation plus stricte. Il avait aussi commencé deux semaines avant les élections législatives britanniques alors que se multipliaient les appels à sévir contre le secteur bancaire.

Le Royaume-Uni a pris des mesures pour encadrer plus strictement le secteur bancaire à la suite de la crise financière internationale, notamment la séparation au sein des établissements des activités de banque de détail et d'investissement.

Mais après un an de consultations, au cours desquelles la banque a entre autres demandé conseil à l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, selon les médias, le conseil d'administration a décidé à l'unanimité de ne pas bouger de Londres où la banque se trouve depuis 1992.

"Londres est l'un des principaux centres financiers mondiaux et dispose d'un vaste vivier de talents internationaux, extrêmement qualifiés", a souligné HSBC.

La ville reste donc "idéalement située pour être le port d'attache d'une institution financière mondiale comme HSBC".

Cette décision a été saluée à la Bourse de Hong Kong où l'action HSBC s'appréciait de plus de 3%.

Asie «coeur stratégique»

Ce choix devrait soulager le quartier d'affaires de la City, où grandit l'inquiétude au sujet d'une possible sortie du Royaume-Uni de l'UE ou «Brexit», une question qui doit être tranchée par référendum.

Les incertitudes européennes ont peut être été mises au passif de Londres dans le processus d'évaluation mais le ralentissement de l'économie en Chine, pour laquelle Hong Kong fait figure de tête de pont, a certainement joué en défaveur de l'ex-colonie britannique.

Hong Kong est une région semi autonome qui jouit de libertés inconnues sur le continent. Ces libertés et son mode de vie doivent rester intacts pendant 50 ans en vertu de l'accord de rétrocession conclu avec Pékin.

Mais les disparitions récentes de cinq employés d'une maison d'édition hongkongaise publiant des livres peu amènes envers Pékin apportent du grain à moudre à ceux qui pensent que la situation se dégrade à Hong Kong.

L'Asie reste «au coeur de la stratégie du groupe» qui renforcera ses investissements dans le delta de la rivière des Perles, en Chine continentale, et dans les pays de l'Asean, a cependant souligné HSBC. Cela reflète des glissements croissants dans le commerce international et les flux de capitaux vers et en provenance d'Asie et Hong Kong «jouera un rôle central».

Une porte-parole du ministère britannique des Finances a salué un «vote de confiance pour le plan économique du gouvernement et un stimulus pour notre objectif consistant à faire du Royaume-Uni un endroit formidable pour faire plus d'affaires avec la Chine et le reste de l'Asie».

Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confédération de l'industrie britannique, a également salué cette décision.

«Nous voulons que les grandes compagnies mondiales, les gros employeurs comme HSBC, aient leur siège ici», a-t-elle dit. La procédure d'évaluation de la banque montre «que le Royaume-Uni doit rester compétitif, en termes de règlementation, d'impôts et de talents», a-t-elle ajouté.

Environ 48.000 des 257.000 employés d'HSBC travaillent en Grande-Bretagne.