Publicité

Que donnerons-nous à manger à nos enfants ? La Chambre d’agriculture sème la bonne parole

15 février 2016, 22:55

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Que donnerons-nous à manger à nos enfants ? La Chambre d’agriculture sème la bonne parole

Uu communique daté du 11 février donne de l’espoir : la Chambre d’agriculture s’inquiète, depuis quelque temps déjà, d’une agriculture plus saine et écologique et se lance désormais dans un projet structuré qui, espérons-le, va mener à une production maraîchère plus responsable. La croisade s’opère sous le titre «smart» agriculture ou, si le mot «smart» est trop éculé déjà, l’agriculture «raisonnée».

Le but essentiel est de limiter au minimum l’utilisation des pesticides grâce à l’utilisation plus systématique de méthodes alternatives (pièges, rotation de cultures) et à l’organisation de programmes de formation qui responsabilisent et qui feront faire des économies aux planteurs.

Il y a d’abord eu une enquête conduite auprès de 300 petits et moyens planteurs mauriciens. Le rassurant d’abord : 89 % de ceux-ci sont favorables à l’idée d’utiliser des méthodes de production alternatives.

Ils voudraient, cependant – et c’est logique –, d’abord être convaincus que c’est à leur avantage. D’où l’idée de fermes pilotes, où les planteurs pourront voir, grandeur nature, comment faire et à quoi ressemblent les résultats avant de se lancer. Encore heureux que les planteurs ont l’esprit ouvert puisque la même enquête révèle, en vrac :

  • Alors que les pesticides doivent être utilisés pour traiter un problème CONFIRMÉ, que 90 % des traitements se font à titre préventif, sans confirmation de problème spécifique. Le gaspillage et les risques pour les consommateurs sont évidents, comme confirmé d’ailleurs par les tests de laboratoire déjà publiés.
  • le surdosage (et le sous dosage d’ailleurs) est présent par manque de compréhension des produits utilisés.
  •  seulement 61 % des planteurs, de leur propre aveu, respectent les délais entre l’utilisation des pesticides et la récolte. Ce chiffre est accablant !
  • l'épandage des produits chimiques est souvent fait dans des conditions sous- optimales, et souvent le planteur lui-même se protège mal.

Il y a très peu de recording de l’utilisation des pesticides, ce qui est une discipline essentielle pour un suivi qui soit utile.

  • l’enquête parle même d’une «perception erronée» du rôle des fongicides que les planteurs utilisent souvent comme… des «vitamines» ! C’est dire l’état des lieux actuellement…

PLAN D’ACTION COMPRÉHENSIF

Le plan d’action de la Chambre d’agriculture, mûrement réfléchi après discussions pratiques avec le CIRAD de La Réunion, des scientifiques mauriciens et des cadres du FAREI (Food and Agricultural Research and Extension Institute), semble très compréhensif. Ce plan va d’abord encadrer les vendeurs et les utilisateurs de pesticides afin qu’ils soient mieux informés et plus conscients des risques de mauvaise utilisation. Il va aussi, et surtout, accompagner les planteurs sur le terrain AVANT l’utilisation des pesticides, dans le but d’en réduire l’utilisation.

Il est ainsi prévu de réduire les taux d’utilisation de 25% en optimisant les dosages et le mode d’utilisation ; jusqu’à 50% en utilisant des produits bio ou l’introduction d’insectes aidant à lutter contre les maladies ; et jusqu’à 75% en s’appuyant sur les principes de l’agro écologie. L’idée finale est que les produits de ces trois filières soient valorisés, probablement par un système de certification et de prix différencié.

Mais la clé de voûte de cette initiative sera sans doute constituée de deux réseaux d’une dizaine de fermes pilotes, qui seront mises en place dans les semaines qui suivent et que l’express suivra avec intérêt. Les producteurs qui s’y retrouveront, tous volontaires, seront encadrés soit par un officier du FAREI (ex-AREU), soit d’un ingénieur agricole de la Chambre d’agriculture. Ces fermes modèles engageront, sur trois ans, la participation de tous pour trouver  ensemble les meilleures solutions, selon les paramètres propres à chaque situation. Espérons que l’effet de dé monstration positif sur le reste de la communauté des planteurs ne se fera pas attendre trois ans !

Ce projet a bénéficié du soutien de l’Agence française de développement et recherchera aussi le soutien financier du Mauritius Research Council et de la Commission de l’océan Indien. Un soutien technique est assuré par nos voisins du CIRAD.

Il est à espérer que cette louable initiative ne soit que le début de notre alimentation plus saine, avec, comme il se doit, le ministère de l’Agro-industrie, les planteurs, les revendeurs de pesticides et de fertilisants et les consommateurs, bien entendu, tous en phase et en bonne intelligence pour assurer une alimentation plus saine à nos enfants. 

A lire également

 

Pesticides - que donnons-nous à manger à nos enfants: mettre en perspective

Surdosage de pesticides: l'impact sur notre santé

Pesticides: que donnons-nous à manger à nos enfants?

Enquête: pesticides, ça nous empoisonne

Mahen Seeruttun: «Aucune objection à publier nos tests sur les produits agricoles»

Éric Mangar: «L’absence de matières organiques et de vers est un bon indicateur de l’état réel du sol»

- Que donnons-nous à manger à nos enfants ? L’avis du distributeur de pesticides