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Meurtre de Stacey Henrisson : voisins et proches de l’adolescente se confient

14 février 2016, 12:28

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Meurtre de Stacey Henrisson : voisins et proches de l’adolescente se confient

 

Elles sont huit familles, dans le proche voisinage de Stacey Henrisson, à Pointe-aux-Canonniers, à avoir grandement contribué à l’enquête menée par l’équipe du surintendant de police Daniel Monvoisin. Elles connaissaient la détresse de leur jeune voisine, qui allait fêter ses 18 ans en novembre 2012, si la police n’avait pas découvert son cadavre enveloppé d’un sac en plastique dans un ravin à Plaine-Champagne le 13 mai de la même année…

Stacey Henrisson se confiait à ses voisins et amis, lorsqu’elle habitait chez son père, Wills Henrisson… Celui-ci est décédé le 18 octobre 2011 d’une tumeur au cerveau. Certains de ces voisins, à l’instar d’Hugues Vitry, maître plongeur et Lisette Pushparathan, aide-soignante à domicile, ont même tenu à témoigner en cour lors du procès aux Assises qui a démarré le 12 janvier. Procès au bout duquel le beau-père de la victime et accusé principal de l’affaire, Jayraj Sookur, a été reconnu coupable et s’est vu infliger une peine de 60 ans de prison.

 

 

Parmi les voisins de Stacey Henrisson, cette mère de trois enfants, dont un fils ayant le même âge que la jeune victime. «Stacey a grandi devant moi depuis qu’elle est bébé. J’étais plus qu’une mère pour elle. Elle me faisait toutes ses confidences, même les plus intimes. Son âme est ancrée en moi. Même si son meurtrier a écopé de 60 ans de prison, elle ne mérite pas ce qui lui est arrivé», raconte-elle, en larmes.

Elle se souvient de Stacey comme d’une fille très chaleureuse, gentille, adorable, qui était amie avec tout le monde et qui passait son temps dans la rue, devant chez eux, à faire du roller, accompagnée de son chien.

«SON BEAU-PÈRE ALLAIT PASSER LA PRENDRE»

Toutefois, cette voisine dit vivre aujourd’hui avec le regret de n’avoir pu «sauver cette enfant» qui l’a appelée, un jour, du domicile de son beau-père à Bonne-Mère, pour lui dire qu’elle était en danger. «Elle m’a demandé de l’aider», confie notre interlocutrice. Ajoutant : «Je lui ai demandé où elle était. Elle m’a dit qu’elle était dans la maison, qu’il n’y avait personne. C’est là que je lui ai dit d’aller chercher de l’aide si elle était en danger. Elle était toujours au téléphone avec moi quand elle est sortie de la maison, a enjambé le mur et a couru jusqu’au poste de police de Flacq. Mais, sur place, Stacey m’a dit que les policiers n’ont pas enregistré sa déposition et que son beau-père allait passer la prendre…»

C’était la dernière fois qu’elle parlait à la jeune fille. Quelques jours plus tard, la voisine s’est effondrée lorsqu’elle a appris la terrible nouvelle aux infos. «Pourtant, j’ai tous les numéros de la Child Development Unit. Sur le coup, je n’ai pas réfléchi quand je lui ai dit d’aller à la police. Je regrette de n’avoir pu l’aider plus que ça», confie la mère de famille, en pleurs.

Toujours dans l’entourage proche de Stacey Henrisson, l’on se rappelle comment, après le divorce de ses parents, l’adolescente était déchirée. L’on raconte par ailleurs que Stacey savait, depuis ses 10 ans, qu’elle était l’héritière d’une grosse fortune, léguée par son père et une grand-tante, Phoebe Donze. «Son papa ne cessait de lui répéter que tout ce qu’il faisait c’était pour elle.»

Aujourd’hui, quatre ans après les faits, les voisins de Stacey Henrisson se souviennent toujours de cette jeune fille pleine de vie, partie trop tôt, dans des circonstances tragiques. Tout cela pour une histoire d’argent, disent-ils.

 

Un héritage de Rs 50 millions

 

 

Depuis l’arrestation de son mari en mai 2012, la mère de Stacey Henrisson, Béatrice Rouillon-Sookur a investi la propriété de sa fille à Pointe-auxCanonniers. Elle y a emménagé avec sa mère Margaret Rouillon, son fils de 10 ans, Christopher Sookur, et tout dernièrement, son concubin. Cette propriété de 34 perches comprend trois maisons et la boutique de macramé de Wills Henrisson, artisan de son vivant. Les voisins confient que la boutique – fermée depuis la mort de Wills Henrisson – avait rouvert ses portes il y a peu et qu’elle employait deux personnes. Avant de mettre la clé sous le paillasson, le temps du procès aux Assises. Stacey Henrisson a également laissé derrière elle ses comptes en banque, dont ceux de son père. C’est Beatrice Rouillon-Sookur qui en est aujourd’hui la signataire, avec Jayraj Sookur. Nous avons essayé de contacter la mère de Stacey. En vain.

 

Zoom sur…Avineshwur Dayal

 

 

L’affaire Stacey Henrisson, Me Avineshwur Raj Dayal ne l’oubliera pas de sitôt. Car, son client, Jayraj Sookur, est le premier condamné de la justice mauricienne à écoper de 60 ans de prison. Depuis l’annonce de la sentence, jeudi, l’express a tenté d’obtenir une déclaration de l’homme de loi. Joint au téléphone vendredi, celui-ci nous a demandé de lui envoyer les questions par mail avant de décliner tout entretien, soutenant qu’il était pris dans une réunion jusqu’à fort tard.

Quoi qu’il en soit, du côté des membres de la presse qui ont assuré la couverture du procès Sookur aux Assises, l’on retient que Me Avineshwur Raj Dayal a essayé, à plusieurs reprises, de déstabiliser le jury, allant jusqu’à interroger le principal enquêteur, Daniel Monvoisin, sur la vraie date du décès de Stacey Henrisson. Sans compter qu’il a été, en plein procès, appelé en chambre à maintes reprises par le juge Benjamin Marie Joseph. A-t-il hérité de la fougue de son père ?

Avineshwur Dayal n’est autre que le fils du ministre de l’Environnement Raj Dayal. L’année dernière le Conseil des ministres avait avalisé sa nomination à la tête de la Commission de conciliation et de médiation de la fonction publique, avec pour mission de trouver une solution pour les fonctionnaires faisant face à des conflits. Une décision qui avait fait des vagues.

D’autre part, l’homme de loi a aussi représenté Yam Youn Ramnarain, l’épouse de Madhukar Ramnarain, dans l’affaire d’une bande sonore enregistrée chez sir Anerood Jugnauth et diffusée sur les réseaux sociaux et au cours d’un meeting de l’alliance PTr-MMM lors des législatives de décembre 2014. Les charges retenues contre le couple ont été rayées en avril 2015.

Ce n’est pas tout. L’avocat représente aussi son père dans une affaire au civil. Le ministre de l’Environnement réclame Rs 10 millions à Arvin Boolell, reprochant à l’ancien ministre du Parti travailliste de l’avoir diffamé en déclarant sur les ondes d’une radio privée, que Raj Dayal se prenait pour le Commissaire de police.

Une chose est sûre : l’on risque d’entendre encore parler de l’homme de loi…