Publicité

Virginie Corneillet: «La mutualisation d’expertises et de compétences propice à la bonne performance de nos entreprises»

10 février 2016, 09:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Virginie Corneillet: «La mutualisation d’expertises et de compétences propice à la bonne performance de nos entreprises»


Au-delà de vos compétences et de vos qualités personnelles qui vous ont valu d’être propulsée au conseil d’administration du groupe ENL, quelle est la portée de cette décision du point de vue de ce conglomérat ?

Notre groupe honore la compétence, où qu’elle se trouve, que ce soit chez une femme ou un homme, à Maurice ou à l’étranger. La qualité de nos ressources humaines, on ne le dira jamais assez, constitue la clé de notre réussite dans la durée.

Les femmes occupent déjà une place importante au sein du groupe ENL. Nous sommes plusieurs à avoir des postes de responsabilité au niveau du management. Ma nomination entant que directrice d’ENL Land est une suite logique de cette valorisation des compétences. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une femme est nommée au conseil d’administration d’une société appartenant au groupe ENL. Aruna Collendavelloo, par exemple, est une des directrices du groupe Rogers depuis 2012.

Ce n’est quand même pas tous les jours qu’une femme est nommée au conseil d’administration d’une compagnie de la stature d’ENL Land ?

C’est une nomination que j’accueille avec beaucoup de fierté. Je préfère penser que ce n’est pas parce que je suis une femme que j’ai été nommée mais plutôt par rapport à la contribution que je serai en mesure d’apporter en termes de compétence et d’expertise. Il n’est toutefois pas interdit d’imaginer que d’autres facteurs aient pu contribuer à aboutir à cette nomination. Je pense notamment au fait qu’en tant que femme et au vu de mon âge, j’ai 43 ans, qu’il m’est possible de porter un regard différent sur les choses.

Qu’est-ce qui vous attire tout particulièrement dans les grands groupes ancrés dans un patrimoine familial ?

Ce sont des groupes diversifiés qui permettent d’avoir accès à toute une panoplie d’activités diverses et de tous les jours traiter différents sujets. Une des caractéristiques des groupes familiaux est leur force, leur grande  pérennité et leur implication dans des  projets tournés vers l’avenir.

À mon retour à Maurice il y a quinze ans, j’ai été recrutée par un groupe qui ressemble au groupe ENL. C’est là que j’ai découvert le rôle que peut jouer un siège social dans le cadre du fonctionnement d’un grand groupe. C’est une position qui permet d’avoir une vision holistique de tout l’écosystème du groupe. Ce sont autant d’aspects que je retrouve dans le poste que j’occupe actuellement au sein du groupe ENL.

Que signifie au juste le concept de Corporate Services ?

C’est un ensemble d’expertises réunies au sein d’une entité qui s’appelle ENL Corporate Services. Cela comprend notamment des services tels que l’audit interne, le secrétariat de compagnie, le service de la technologie de l’information et de la communication, le processus opérationnel des affaires, la gestion des  ressources humaines et le service de communication du groupe. Toutes ces fonctions sont absolument nécessaires à la bonne marche et à la bonne performance d’un groupe.

Qu’est-ce que ce concept de mutualisation implique dans le concret ?

Ce positionnement présuppose que nous sommes en mesure d’avoir au sein de notre groupe  des personnes ayant de grandes expertises auxquelles chacune de nos filiales n’aurait pas pu avoir accès individuellement. Le fait que l’on peut disposer de ces compétences et de ces expertises au niveau du groupe constitue un avantage certain. C’est un modèle qui semble être tout à fait propice à la bonne performance de l’ensemble de  nos entreprises.

Peut-on imaginer que la transmission des valeurs propres au groupe ENL constitue une des plus importantes facettes de la responsabilité du Corporate Services ?

Tout à fait. Mon équipe et moi avons la vocation de diffuser et de disséminer la culture ENL à travers le groupe. Les entreprises faisant partie du groupe ENL opèrent de façon très autonome.ENL Corporate Servicesapporte ce ciment qu’est la culture du groupe et qui comprend l’ensemble de bonnes pratiques que nous disséminons auprès de nos filiales et associés. Nous sommes une quarantaine de collaborateurs au service de l’ensemble des entreprises du groupe. Nous sommes fondamentalement ENL dans notre façon de penser, dans notre volonté d’aligner les initiatives de l’ensemble de nos filiales vers la stratégie globale du groupe. Nous avons en permanence cet objectif en ligne de mire.

Quelles sont les principales caractéristiques de la culture du groupe ENL ?

C’est un groupe qui est profondément mauricien. Il a été directement associé aux grands jalons de développement que le pays a connu. On peut prendre comme exemple le lancement du cluster immobilier en 2007 par un groupe qui n’était pas forcément spécialisé dans l’immobilier. Une dizaine d’années après, on peut estimer qu’on est probablement le groupe qui a une des meilleures équipes dans ce domaine. ENL est extrêmement soucieux de la qualité de ses relations avec l’ensemble des parties prenantes qui ont un intérêt dans ses activités. J’espère par ailleurs qu’on est assez innovant et qu’on arrive à réagir à l’évolution de notre pays. Je pense notamment àENLCorporate Ventureset notre incubateur d’entreprises,La Turbine, qui ont vocation à faire émerger de nouveaux piliers de croissance pour le groupe.

Quelle pourrait être la prochaine étape de votre ambition personnelle ?

Il me reste encore beaucoup à faire dans le cadre de mon affectation professionnelle actuelle. Si le groupe continue à évoluer comme je l’ai vu évoluer au cours ces six dernières années, il pourrait y avoir des perspectives de développement sur l’international et aussi la découverte de ces nouveaux métiers dont je parlais plus tôt. Ce serait intéressant pour moi de voir comment je peux mettre mes compétences techniques, notamment juridiques, au service du développement d’ENL. J’espère être en mesure de participer à cette belle aventure d’aussi près que j’ai pu le faire jusqu’à présent.

Comment parvenez-vous à concilier votre engagement professionnel, votre vie familiale et votre équilibre personnel ?

Avec les nouvelles technologies et la nouvelle façon de travailler qui s’ensuit, il n’y a plus vraiment de séparation entre le monde du travail et la sphère de la vie privée. Ce qui ne rend pas les choses faciles. Ce n’est pas un phénomène lié au fait qu’on soit femme ou homme. C’est beaucoup plus le fait qu’aujourd’hui, le monde du travail évolue énormément.

Il n’est pas toujours aisé de garder la distance requise entre le monde du travail et la vie privée et de prendre du temps pour soi-même, pour ses enfants, sa famille et ses amis. Je crois qu’on est en train d’apprendre à se discipliner sur ce plan. On est en train de chercher la bonne façon de concilier les deux. Il n’y a pas de recette miracle.

Avec tous les changements que le monde a connus jusqu’ici, ne faudrait-il pas redéfinir la place du travail dans le souci d’éviter les risques d’empiétement sur la vie privée ?

Pour s’adapter aux changements, une certaine discipline est nécessaire. Cela se voit dans les grandes entreprises. Par exemple, il y a des règlements intérieurs qui stipulent qu’il ne devrait pas y avoir de réunions de travail après 18 heures. De telles initiatives devraient permettre de réagencer les différents espaces afin que chaque personne se sente davantage à sa place et dispose des conditions requises pour être le plus productif possible. On ne peut y arriver que grâce à la discipline individuelle et collective.

Comment le groupe ENL se positionne-t-il sur le plan du développement économique par rapport aux grands défis auxquels le pays fait face, parmi lesquels le combat contre la pauvreté ?

De par son histoire, ENL a toujours accompagné le développement du pays. La philosophie de notre stratégie de responsabilité sociale consiste à œuvrer avec les communautés qui vivent à proximité des entreprises où nous sommes présents. ENL ne défend pas de causes à l’échelle nationale en tant que tel mais davantage des projets sur le terrain et qui bénéficient directement aux communautés ciblées. Une façon pour le groupe de s’imbriquer dans le tissu social. ENL soutient par ailleurs les initiatives étatiques. Je pense notamment au concept de smart cities et à l’agriculture responsable, pour ne citer que celles-là.

ENL est engagé dans un vrai dialogue avec l’ensemble de ses parties prenantes dans un souci de développement durable. J’associe cette posture au fait que nous sommes un groupe familial. Bien souvent, le souci des dirigeants de groupes familiaux consiste à laisser un héritage aux générations futures. Quoi de plus évident comme motivation que celle qui consiste à léguer quelque chose qui soit durable dans le temps. Ce qui ne signifie pas qu’ENL réussit en tout ce qu’il entreprend. Il y a toujours des progrès à faire. Nous nous inscrivons dans une quête permanente d’amélioration de nos pratiques, au-delà de ce que peuvent prévoir les lois du pays.

Qu’en est-il de l’implication de votre groupe dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ?

Grâce à sa fondation placée sous la direction de Mario Radegonde, ENL œuvre beaucoup au niveau de certaines poches de pauvreté là où nos entreprises sont implantées. Des projets concrets susceptibles d’améliorer la situation des personnes en situation de précarité sont conçus et mis en œuvre. À titre d’exemple, nous avons entrepris de doter les maisonnettes de certaines cités de toilettes individuelles. Nous travaillons en partenariat avec les fondations des groupes Rogers et Food and Allied sur la région de Moka. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre d’un projet de relogement social.

Certains n’hésitent pas à engager la responsabilité du monde agricole dans les dérives quant à l’utilisation de pesticides et d’herbicides.  Quelle est l’action entreprise par ENL pour atténuer l’impact des produits chimiques sur l’environnement et la santé publique en général ?

Le groupe ENL est engagé dans l’agribusiness depuis des décennies, avec des pratiques culturales qui s’améliorent. La culture de la canne n’est pas exempte d’application de produits chimiques. Nous améliorons sans cesse nos pratiques culturales pour qu’elles aient le moins d’impact sur l’environnement.

Pour ce qui est de la culture maraîchère, nous avons créé la marqueField Goodqui est basée sur un modèle d’agriculture raisonnée. Ce modèle préconise une utilisation minimale de pesticides et le strict respect des périodes de rémanence pour limiter au maximum les impacts sur l’environnement et la santé. ENL est soucieux des conséquences de ses pratiques culturales et suit avec attention tous les progrès qui peuvent être faits à ce niveau-là.