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Paul Jones: «10 à 12 hôtels LUX* sur la Tea Horse Road en Chine»

1 février 2016, 12:37

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Paul Jones: «10 à 12 hôtels LUX* sur la Tea Horse Road en Chine»

 

L’intérêt du tourisme chinois pour Maurice, l’expansion du groupe LUX* Resorts sur l’économie mauricienne, le concept de contrat de gestion, l’ouverture d’un hôtel flambant neuf à Benzilan, en Chine… Autant de sujets abordés par Paul Jones, Chief Executive Officer du groupe LUX* Resorts.

Pourquoi cette fascination avec les touristes chinois ?

Quand je suis revenu à Maurice de l’Angleterre en 2010, j’ai été très surpris par le nombre de touristes chinois ici, qui était inférieur à celui des touristes chinois qu’accueillent les Maldives. J’en ai donc discuté avec les autorités, y compris Air Mauritius. Mais ils étaient peu nombreux à montrer de l’intérêt pour développer ce marché. Et ce, d’autant plus que la plupart, dont des hôteliers, ne pensaient pas que le marché chinois pourrait être bénéfique à Maurice. Ils avaient une vision assez obsolète et stéréotypée des touristes chinois.

Ayant déjà vécu cela aux Maldives, j’étais toutefois persuadé que ce projet pouvait marcher. Et quand Air Mauritius a refusé des dessertes, j’ai offert un service de vol affrété. Éventuellement, grâce à l’intervention de Xavier-Luc Duval, qui était à l’époque ministre des Finances, on a pu avoir des vols sur différentes villes de Chine : Shanghai, Pékin, et Chengdu par la suite. C’était primordial pour pouvoir accueillir un plus grand nombre de touristes chinois.

Comme vous pouvez le constater, les chiffres ont beaucoup augmenté ; je pense que nous avons presque atteint 90 000 touristes chinois en 2015. Je pense que la Chine peut devenir le plus grand marché touristique pour Maurice.

Comment une enseigne mauricienne comme LUX* Resorts a-t-elle atterri à la «Tea Horse Road», en Chine ?

Avec l’émergence de l’économie chinoise, deux choses ont changé : les Chinois ont plus d’argent et veulent, de ce fait, voyager. Ils ne se contentent pas de partir à l’étranger, mais voyagent aussi beaucoup dans leur propre pays. Ils découvrent des régions où ils n’avaient jamais été. Bien sûr, si on habite dans les provinces de Chine, on veut découvrir les villes et vice versa.

En voyageant en Chine, je me suis aperçu qu’il y a des paysages magnifiques dans diverses régions. Il y avait, cependant, un vide par rapport aux hôtels de type «resort». La plupart des établissements hôteliers de Chine opèrent dans la catégorie business.

Une autre observation : l’hôtellerie chinoise est dominée par les enseignes américaines. J’y ai donc vu une opportunité pour étendre les opérations de LUX* en Chine. Nous y amenons des leisure hotels et nous plaçons notre enseigne de façon à ce que le client chinois qui vient à Maurice, à La Réunion ou aux Maldives, choisisse toujours LUX*.

Comment Benzilan, qui est tellement éloigné et pratiquement au milieu de nulle part, s’inscrit-il dans votre projet de «Tea Horse Road»?

En principe, nous voulons partir de Xishuangbanna, dans le Sud, où on cultive le thé, pour aller à Lijiang, Benzilan, ensuite la montagne des neiges de Meili et ensuite dans le Tibet, à Lahsa et plus loin. À terme, nous espérons ouvrir 10 à 12 hôtels-boutiques sur cette route.

Benzilan est un endroit très stratégique. Il est à 1 800 mètres d’altitude en comparaison avec ses voisins Shangrila et Lijiang qui sont à 3 300 mètres et 2 800 mètres d’altitude, respectivement. Le climat est plus doux entre les vallées et la rivière. Nous le percevons presque comme un endroit de retraite. C’est pour cela que nous y avons aménagé une piscine et sommes en projet d’introduire les massages thérapeutiques. Nous avons d’autres projets de développements afin que les gens puissent y séjourner quelques jours avant de partir à Meili ou Shangrila. Cela permettra à plusieurs personnes, et notamment les personnes âgées, qui ne peuvent pas tolérer l’altitude, de visiter la région.

Qu’est-ce que le tourisme peut apporter à des régions éloignées ?

Je pense que le tourisme est un moyen pour promouvoir cette notion d’un monde unique. Nous sommes tous humains et si nous acceptons que nous sommes tous différents mais aussi les mêmes, nous accepterons d’apprendre des autres. C’est ce que promeut le tourisme. La Tea Horse Road ajoute une nouvelle dimension à notre enseigne, à notre firme ; elle aide à promouvoir le produit mauricien en Chine et forge une relation entre les deux pays.

Nous avons aussi d’autres projets en Chine. Par exemple, nous construisons une station de vacances en dehors de Chengdu. Le propriétaire veut un hôtel qui promeut la culture organique dans une ferme. Nous planchons aussi sur un projet d’hôtel sur un lac en dehors de Shanghai, entre autres.

Ces projets sont très différents de la destination haut de gamme et tropicale de Maurice. Comment allez-vous vendre vos destinations en Chine aux clients de LUX* ?

LUX* Resorts & Hotelsa pour objectif d’aider les gens à célébrer la vie. Quand vous avez un tel objectif, vous pouvez l’atteindre n’importe où. Les gens veulent davantage que d’aller à la plage. J’aime bien les plages et l’insularité, mais j’apprécie tout aussi le paysage, les montagnes. Donc, je pense que nous pouvons proposer le luxe en format léger pour que les gens de différentes situations et de villes différentes puissent en bénéficier.

Et vous vous y attelez déjà ?

Absolument ! Nous exploitons diverses opportunités en Chine et ailleurs. Nous voulons fournir aux clients de nouvelles expériences, de nouvelles découvertes. Nous avons signé, début janvier, un nouveau contrat pour Bodrum, en Turquie. Ce sera une station au bord de la mer Égée, différente de l’océan Indien. Je pense qu’en développant LUX* autour du monde, nous répandons la lumière, ce qui est l’essence de notre enseigne.

LUX* tend de plus en plus à signer des contrats de gestion. Quelle est la raison derrière ?

Le modèle mauricien fait que les opérateurs sont aussi les propriétaires. Mais à l’international, que ce soitHyattHiltonFour Seasons, etc., la plupart de ces enseignes ne sont pas propriétaires de leurs hôtels. Ils sont propriétaires d’une enseigne et ils gèrent la propriété en utilisant leur enseigne comme référence pour la distribution. Maurice fait exception et les enseignes ne sont pas nécessairement fortes. Donc, si vous considérez SunBeachcomber ou Constance, aucun de ces trois noms n’est reconnu comme une enseigne hôtelière.

Le souci avec le modèle mauricien, c’est que vous ne faites qu’accroître la valeur des hôtels individuels. Le marquage monolithique apporte une force à votre enseigne. C’est comme une écharpe Hermes, une voiture Mercedes ou encore le Four Seasons New York.

Pourriez-vous nous expliquer l’idée et comment cette approche peut bénéficier à l’économie mauricienne ?

Le propriétaire de l’enseigne LUX* est une compagnie mauricienne cotée en Bourse, LUX*Island Resorts. Cette compagnie possède une compagnie de gestion appelée LUX* Hospitality, qui a un contrat de gestion avec les propriétés, indépendamment du fait que LUX* Island Resorts possède les propriétés mauriciennes. Cette restructuration nous a permis de payer nos dettes et nous remettre sur pieds financièrement. Mais nous avons reconnu que la vocation de notre enseigne LUX* n’est pas de posséder des hôtels. C’est de gérer les propriétés auxquelles notre enseigne va être attribuée. Donc, notre expansion est basée sur la signature de contrats de gestion avec les propriétaires et les concepteurs d’hôtels et de stations. Notre but est de rendre LUX* mondiale. En termes de bénéfices, les revenus que nous rapporte le contrat de gestion sont envoyés à Maurice. Ainsi, les actionnaires, qui sont plus de 3 000 et presque tous Mauriciens, bénéficient de l’argent généré à travers les contrats de gestion. Et, bien sûr, l’enseigne LUX* est pérennisée.

Quels sont les défis d’une compagnie mauricienne qui veut établir un business dans un endroit aussi retiré que la Chine ?

Nous avons un gros travail promotionnel à faire pour cet hôtel en particulier. La plupart des Chinois n’ont jamais entendu parler de Benzilan, donc c’est déjà un énorme boulot en Chine, oubliez le reste du monde !

Mais le fait est qu’il y a une plus grande histoire derrière la Tea Horse Road. C’est pourquoi nous utilisons ce nom dans tous les hôtels sur cette route. Nous les appelons LUX* Tea Horse Road et les vendons comme un package. Nous voulons que cette route soit associée pour toujours à notre enseigne. Je veux que les gens pensent à LUX* sur cette route.

Notre compétiteur sur cette route est différent, plus tibétain dans son approche. Mais je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Avec nous deux, il n’y a, en tout, que quarante chambres d’hôtel au Benzilan, donc c’est toujours très exclusif. Pour le moment, il n’y a que cet autre groupe à Meili et nous l’utiliserons pendant un moment pour promouvoir la région. Nous travaillons ensemble et je pense que c’est ce qui rend cette aventure excitante.