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Indiscipline dans les collèges: un rapport qui déçoit

27 janvier 2016, 20:56

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Indiscipline dans les collèges: un rapport qui déçoit

 

Une première. Le ministère de l’Éducation a publié, le mardi 26 janvier, de nouveaux règlements qui se veulent un guide pour les recteurs et les acteurs concernés par  l’indiscipline dans les collèges. Mais le document, la «Student Behaviour Policy», provoque déjà la grogne.

Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’éducation

«Tout éducateur ou recteur devrait être en mesure de déterminer les types de délit au niveau de leur école. Notre rapport donne une direction et les recteurs doivent l’adapter selon leurs réalités. Ce document a été produit à la suite de quatre ateliers de travail avec les recteurs du privé et du public. Avec ce document, on donne aux recteurs les moyens d’agir contre l’indiscipline

Madoo Ramjee, président de l’association des recteurs

«Nous sommes restés sur notre faim avec ce rapport et le ministère a pris une année pour le produire. L’Association des recteurs avait fait un atelier de travail en août 2014 et nous avions soumis notre rapport au ministère en septembre de la même année. En 2015, le ministère organise quatre séances de travail concernant l’indiscipline pour produire une ébauche de son rapport en décembre 2015. L’Association avait demandé qu’une rencontre soit organisée avant que le document ne soit rendu public afin de le peaufiner. Mais il n’y a pas eu de rencontre. Nous ne sommes pas d’accord avec plusieurs points de ce document, dont la retenue après les cours pour l’aspect sécurité, entre autres

Vikash Ramdonee, président de la government secondary school teachers’ union

«Il y a plusieurs manquements dans ce rapport. Ce n’est pas ce que nous attendions. Il devait y avoir un plan pour prévenir l’indiscipline et pas uniquement un plan avec des mesures quand les mauvais comportements ont déjà été commis. Ce rapport n’arrêtera pas l’indiscipline, il faudrait instituer un comité disciplinaire dans chaque collège car chacun a sa réalité. Au niveau des problèmes d’indiscipline, il y a un manque de communication entre le ministère et les enseignants. Cela, alors que ces derniers seront aussi appelés à appliquer ces mesures. Là, on ne voit pas comment ce document va aider à adresser le problème d’indiscipline

Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’éducation

«C’est un travail bâclé car le rapport comporte de nombreux manquements. L’indiscipline, c’est beaucoup plus que ce qui y est évoqué. Il fallait toucher au primaire avant tout et il y a des facteurs, comme la puberté et la crise d’adolescence. Les écoles ne prennent pas cela en compte pour régler le problème d’indiscipline. Il faut comprendre l’origine du problème et ne pas voir que les sanctions

Ali Yearoo, président de l’education officers’ union

«Il n’y a jamais eu ce genre de rapport dans le passé mais plusieurs mesures contre l’indiscipline sont les mêmes que dans le School Management Manual for Rectors. Nous  sommes très déçus par ce document. Les enseignants n’ont pas été consultés et il comporte plusieurs manquements. À titre d’exemple, le rapport ne définit pas ce qu’est une infraction mineure et une infraction grave. Autre manquement dans le cas de bullying. Le rapport ne parle pas des sanctions à prendre contre ceux qui s’adonnent à cette pratique. Pour les retenues aussi le ministère n’a pas pensé à l’aspect sécurité de l’enfant ou encore les problèmes de transport

Une batterie de mesures proposées

Les infractions mineures

Dans les cas de délits mineurs, une série de mesures sont recommandées : les réprimandes verbales, du travail supplémentaire dans les cas où le travail d’un élève est jugé d’un niveau inacceptable, une note aux parents dans le journal de celui-ci ou encore un avertissement. Les enseignants peuvent considérer le renvoi de l’élève de la salle de classe uniquement  s’il n’y a aucun autre moyen de régler une situation difficile ou s’il est impossible que le professeur continue sa leçon à cause du comportement d’un collégien en particulier.

Dans les cas d’indiscipline répétée d’un élève, celui-ci pourra faire face à une suspension temporaire de certaines activités dont les activités sportives. On pourra aussi lui infliger une lettre d’avertissement.

Les infractions graves

Pour les actes d’indiscipline jugés plus sérieux, les sanctions sont plus sévères pouvant même aller jusqu’au renvoi de l’adolescent.

Les retenues

Pour les retenues après les heures de classe ou les samedis, les enseignants ou l’administration de l’école doivent considérer certains points : l’élève doit avoir déjà reçu un avertissement en écrit, ses parents doivent être informés de cette sanction et les arrangements doivent être faits pour sa surveillance.

Renvoi temporaire

Le renvoi temporaire doit être appliqué uniquement pour les écarts de conduite sérieux et persistants et si le renvoi a été recommandé par le comité disciplinaire de l’école. Le renvoi ne doit pas dépasser cinq jours. De plus, les parents doivent être informés des raisons de cette action disciplinaire, des conditions attachées à la période de renvoi et des conditions pour la réintégration de l’élève. Finalement, un plan de réintégration du collégien doit être préparé.

Avertissement final

Dans les cas d’indiscipline sérieuse et répétée même après trois périodes de renvoi temporaire, l’élève reçoit un avertissement final. Il faut cependant qu’il y ait des preuves qu’il ait participé à des incidents disciplinaires. Des récidives sérieuses peuvent mener à une expulsion du collège.

Expulsion de l’établissement

Les parents sont avertis de l’expulsion de l’élève. Le cas est examiné par un School Discipline Advisory Panel au niveau de la zone pour les collèges publics et de la Private Secondary Schools Authority (PSSA) pour les écoles privées, ce qui facilite l’admission à un autre établissement. Un collégien ne peut bénéficier de cette opportunité qu’une fois pendant sa scolarité.

Expulsion permanente

Cette sanction ultime est considérée quand des cas de mauvais comportement sérieux sont rapportés après l’expulsion d’une école et l’admission à une autre institution. Aucun élève ne peut être expulsé d’une école sans l’autorisation du ministre selon les Education Regulations et les PSSA Regulations.

Les infractions criminelles

Les infractions criminelles doivent être rapportées à la police. La responsabilité des enquêtes criminelles revient à la police et l’école doit collaborer.

Brimades

Les cas de brimades (bullying) peuvent avoir lieu entre individus ou au sein d’un groupe d’élèves ou encore entre enseignants et élèves. En plus d’être considérées comme une infraction grave, les brimades seront gérées avec sévérité. Les victimes sont encouragées à aller de l’avant et le soutien nécessaire leur sera accordé.

Punition corporelle

Selon les Education Regulations de 1957, c’est un acte illégal que d’infliger une punition physique ou corporelle à un élève.

Capture d’écran d’une vidéo circulée sur Facebook l’an dernier montrant la violence entre collégiennes.

L’indiscipline dans les écoles primaires et secondaires ne date pas d’hier. Plusieurs cas ont été rapportés ces dix dernières années. Voici quelques exemples.

Un élève devenu fabricant de drogues synthétiques

En septembre, du poison pour rongeurs et des feuilles de tabac ont été découverts dans le sac d’un élève d’un collège d’État. Le jeune homme devait avouer qu’il avait l’intention de fabriquer de la drogue synthétique dans le laboratoire du collège. La direction devait ajouter qu’une semaine précédant cette découverte, la police avait saisi de la drogue synthétique sur un autre élève.

Deux écolières agressent un instituteur

Deux écolières du Certificate of Primary Education n’ont pas hésité à agresser un instituteur à l’école primaire de Richelieu en 2014. L’une d’elles devait être transférée et les parents avaient soutenu l’enseignant.

Une brique envoyée sur la voiture d’un professeur

En 2014, des élèves ont lancé une brique sur le parebrise d’une Mercedes appartenant à un enseignant qui tentait de faire régner la discipline au Sookdeo Bissoondoyal State College de Rose-Belle. Quelques jours plus tôt, c’était sur la voiture du responsable de l’établissement qu’ils avaient envoyé des pierres.

Le visage d’une fille tailladé

Même après les heures de classe les élèves se comportent mal. En 2014, en sortant de l’école, une jeune fille avait agressé une de ses condisciples avec un cutter au visage.

Un adolescent se rend au collège avec un couteau

C’est avec un couteau sous la chemise qu’un élève s’est rendu au collège à Port-Louis en 2007. Quand le recteur a voulu saisir l’arme tranchante, l’adolescent l’a menacé. Le jeune homme de 17 ans avait fini la journée au poste de police.