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Maltraitances filmées dans une maison de retraite: trois lycéennes poursuivies

25 janvier 2016, 07:10

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Maltraitances filmées dans une maison de retraite: trois lycéennes poursuivies

Des tapes et des mises en scène "indignes" : trois lycéennes sont poursuivies pour des maltraitances sur des pensionnaires d'une maison de retraite de Seine-et-Marne, qu'elles ont filmées lors d'un stage et diffusées sur internet. Des "actes graves" dénoncés dimanche par la secrétaire d'Etat aux personnes âgées.

Tout commence lundi au Château de Louche, un établissement qui accueille des personnes âgées dépendantes (EHPAD) dans le paisible village d'Annet-sur-Marne, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Paris.

Trois adolescentes de 16 et 17 ans, élèves du lycée professionnel Jean Moulin de Torcy qui se destinent à devenir auxiliaires de vie, franchissent les grilles imposantes de cette belle demeure pour débuter un stage pratique.

Dès le premier jour, elles entreprennent d'humilier trois résidents atteints d'Alzheimer, filment leurs forfaits et les postent sur Snapchat. Très prisée des adolescents, cette plateforme permet de partager des photos et vidéos, qui disparaissent après quelques secondes.

Pas moins de 33 films seront diffusés et visionnés 340 fois en début de semaine, ont expliqué à l'AFP les gendarmes qui ont interpellé les jeunes filles, dénoncées par des camarades "émus" par la violence des images.

Les trois stagiaires ont été mises en examen vendredi pour violences en réunion avec préméditation, diffusion sur internet de scènes de violence et atteinte à la vie privée, et placées sous contrôle judiciaire, a indiqué le parquet de Meaux à l'AFP.

Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, s'est rendue sur place dimanche pour rencontrer les familles des victimes et les personnels. Elle a évoqué des "actes graves", "d'humiliation, de violence verbale, d'atteinte à la dignité" mais pas de "maltraitance physique", refusant de donner plus de détails sur la teneur des vidéos.

- Pincements de nez -

Selon une source proche du dossier, on y verrait les adolescentes infligeant des "tapes" ou encore des "pincements de nez" aux malades.

Questionnée sur le fait que les trois jeunes filles se soient retrouvées seules avec les pensionnaires, Laurence Rossignol a assuré que l'établissement "avait l'habitude d'accueillir des stagiaires" et que ces dernières étaient suivies par une "tutrice", mais qu'il y avait des "interstices".

Elle a indiqué que les vidéos incriminées étaient "extrêmement courtes, moins de 20 secondes".

La direction de l'établissement n'a pas souhaité faire de commentaire, soulignant qu'elle "se concentrait sur le bien-être des résidents, notamment des trois victimes des agissements déviants de ces stagiaires".

A l'entrée du château de Louche, des familles qui rendaient une visite dominicale à leurs proches apparaissaient sonnées par cette affaire.

"Cela me paraît aberrant que des mineures en stage puissent être laissées sans surveillance", a réagi Dominique Gaillard, dont la mère, âgée de 90 ans et malade d?Alzheimer, est accueillie depuis septembre dans l'"unité sécurisée" de l'établissement.

"Inquiet" et "choqué par ces actes inadmissibles", Laurent Dupré, venu comme chaque dimanche avec sa femme et leur petite fille, avait quant à lui "hâte" de retrouver sa mère.

Les associations ont de leur côté déploré le manque de personnel d'encadrement dans les maisons de retraite. "Ça paraît énorme que des jeunes filles en stage en arrivent à violenter des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer", a déclaré à l'AFP Joëlle Le Gall, présidente honoraire de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef).

Le syndicat national des maisons de retraite et résidences privées pour personnes âgées (SYNERPA) appelle pour sa part "à ce que ces actes isolés ne soient en aucun cas associés à l'ensemble des intervenants et au travail quotidien des professionnels auprès des résidents".

En novembre dernier, une aide-soignante d'un EHPAD de la Loire a été condamnée à un an de prison avec sursis pour des maltraitances et des humiliations sur des pensionnaires souffrant de la maladie d'Alzheimer. En octobre, en Seine-Saint-Denis, une plainte a été déposée pour de présumées violences commises par une aide-soignante sur une femme également atteinte d'Alzheimer.