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Plainte de Callichurn: l’auteure de la bande-son se confie

22 janvier 2016, 07:59

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Plainte de Callichurn: l’auteure de la bande-son se confie

C’est elle qui a fait circuler la bande sonore dans laquelle le nom d’un ministre est cité pour le paiement d’une somme afin de faciliter l’importation de la main-d’oeuvre du Bangladesh. L’aveu est celui de Reshmee Devi Raghoobeer, l’agent recruteur, que l’express a rencontrée à son domicile à Vallée-des-Prêtres, le jeudi 21 janvier.

Cette affaire a pour toile de fond les démêlés de Reshmee Devi Raghoobeer avec Shaheer Gaungoo, pour le compte duquel elle avait recruté huit Bangladais afin qu’ils travaillent au sein de son entreprise, l’Empire Professional Ltd. Il les a mis à la porte et lui réclamait de l’argent.

«Shaheer Gaungoo me harcelait trop. Mais je n’ai pas porté plainte à la police car je craignais qu’il ne fasse du mal aux ouvriers bangladais», confie l’agent recruteur. Et d’indiquer qu’elle a remis la bande sonore à la presse «pour le dénoncer». «Je n’ai rien contre le ministre Soodesh Callichurn.»

«J’ai été approchée car je comprends leur langue.» 

Reshmee Devi Raghoobeer revient sur les événements du 22 octobre dernier, date à laquelle elle a enregistré sa conversation avec celui qui était alors le patron des huit Bangladais. «Il les avait mis à la porte de leur dortoir à Beau-Bassin. Paniqués, ils m’ont appelée. Et je me suis rendue sur place. C’était vers les 22 heures. Et encore une fois, Shaheer Gaungoo s’est remis à me demander de l’argent. J’ai eu l’idée d’enregistrer la conversation.» Celle-ci s’est déroulée en présence de proches de ce dernier, dont les voix se trouvent aussi sur la bande sonore, ajoute Reshmee Devi Raghoobeer.

De son côté, Shaheer Gaungoo soutient qu’elle lui doit Rs 700 000. Mais l’agent recruteur est catégorique: «Je n’ai pas pris un sou à Shaheer Gaungoo.» De plus, soutient-elle, à aucun moment, sur la bande sonore, ce dernier ne lui réclame ces Rs 700 000. «Il ne savait pas que cette conversation était enregistrée. Il aurait dû réclamer son argent, n’est-ce pas?»

Au contraire, affirme-t-elle, c’est elle qui lui a donné de l’argent, soit la commission de Rs 300 000 obtenue de l’agent recruteur bangladais, Rafiqul Islam. Cela, car il menaçait d’annuler le permis de travail des 21 Bangladais qu’il avait demandés (NdlR, trois d’entre eux ne sont pas venus à Maurice). «Et lorsqu’ils sont arrivés, l’employeur me réclamait encore d’argent, notamment les Rs 140 000 qu’il fallait supposément remettre au ministre», enchaîne cette mère de trois filles âgées de 10, 12 et 18 ans.

«Je travaille pour un agent recruteur bangladais. Il lui faut un pont à Maurice. Et c’est ça mon rôle. Je fais ce travail depuis ces 15 dernières années.»

C’est en janvier 2015 que Reshmee Devi Raghoobeer a fait la connaissance de Shaheer Gaungoo. Il employait, à l’époque, une dizaine de Bangladais. Il avait des difficultés avec eux. «J’ai été approchée car je comprends leur langue.» L’agent recruteur est, en fait, mariée à un Bangladais et elle a vécu deux ans et demi au Bangladesh.

«Quelque temps après, il a voulu renvoyer trois Bangladais. Il disait ne pas avoir les moyens. Et là j’ai pris ces trois billets de retour, d’une valeur de Rs 64 500, à crédit», raconte-t-elle. Selon ses dires, il ne l’a jamais remboursée. Ni rémunérée pour la dizaine de mois durant lesquels elle a travaillé en tant que secrétaire pour sa société.

Mais Reshmee Devi Raghoobeer n’est-elle pas un agent recruteur illégal ? «Je travaille pour un agent recruteur bangladais. Il lui faut un pont à Maurice. Et c’est ça mon rôle. Je fais ce travail depuis ces 15 dernières années», explique-t-elle.