C’est un vent nouveau qui souffle sur les start-up mauriciennes. Notamment avec la création de La Plage Factory Incubator and Accelerator et la mise sur pied d’incubateurs pour petites et moyennes entreprises (PME). La Sentinelle Ltd a réuni des acteurs du secteur de la Technologie, de la Communication et de l'Innovation (TCI), pour un forum-débat autour de ce thème, le lundi 4 janvier. Parmi les invités : Sten Tamkivi, ancien cadre de Skype en Estonie, et Vivek Mathur, Chief Executive Officer de The Cloud Factory EMEA.

Qu’est-ce qu’une start-up ? Le terme étant souvent mal interprété, les intervenants l’ont tout d’abord défini comme étant plus qu’une simple entreprise en devenir. Il s’agit avant tout d’un groupe de personnes qui décident de mettre sur pied une nouvelle idée.

Il y a cependant une distinction entre les start-up et les PME. «Les start-up ont un élément de risque plus élevé car elles sont à leurs balbutiements», a expliqué l’un des invités, Ish Sookun, Linux System Administrator de La Sentinelle Ltd. Les start-up ont aussi une visée nationale et mondiale, selon les intervenants. «Les start-up ont bien souvent un côté naïf dans le sens où elles veulent avant tout créer quelque chose pour changer la société et le monde», a avancé Sten Tamkivi qui a été conseiller du président de l’Estonie et a créé sa première entreprise à 18 ans.

Skype outil incontournable

L’exemple de Skype reste sur toutes les lèvres car la petite start-up estonienne, qui a créé l’outil de vidéoconférence et de messagerie instantanée, a été rachetée par la firme du Redmond, aux États-Unis; Microsoft. Skype est aujourd’hui un outil incontournable sur les terminaux et ordinateurs.

La plupart du temps, ce sont les membres de la famille qui viennent prêter main-forte aux entrepreneurs derrière les startup au début. Les organismes de financement viennent dans un second temps, a souligné l’ancien cadre de Skype.

Maurice peut-elle devenir un tremplin pour les start-up malgré sa taille et sa position géographique ? Sten Tamkivi est catégorique : la superficie du pays est loin d’être un désavantage. «Il est plus facile de changer les lois et de mettre sur pied de nouvelles idées dans un pays de petite taille», a-t-il avancé.

En prenant exemple sur l’Estonie, connu comme le hub informatique le plus connu au niveau mondial, il a parlé des perspectives de développement des start-up à Maurice. Il estime qu’il y a toutefois de nombreux défis à relever.

Les difficultés

Le manque de financement, de visibilité et de marketing serait aussi un problème récurrent pour les start-up. À cela, il faut ajouter les contraintes technologiques qui les empêchent de se développer. C’est ce qu’a fait comprendre Ish Sookun. «Tout ce que je veux entreprendre doit être fait à l’étranger» en raison de la connectivité locale limitée, a-t-il souligné.

Donald Lim Fat, Manager d’Information Management Services Ltd, qui était également sur le plateau, a, lui, fait ressortir que l’esprit entrepreneurial n’est pas bien ancré dans la culture locale. «Les étudiants veulent, pour la plupart, devenir comptable, médecin ou encore avocat.»

Mais pour Denis Lacour d’Esokia Web Agency Ltd,  autre intervenant, il y a une prise de conscience relevée depuis ces dernières années au niveau des autorités. Cela devrait encourager les entrepreneurs. S’il juge que la structure d’Ebène Accelerator ne fournissait pas d’encadrement professionnel, il estime, en revanche, que La Plage permettra aux startup de se développer. Plusieurs compagnies pilotent le projet La Plage car, dit-il, «une start-up aura rapidement besoin de financement pour décoller» ainsi que de tout un «écosystème».

De son côté, Suraj Ramgoolam, Project Manager au ministère de la TCI,  affirme que La Plage sera le lieu où écloront de nouvelles idées d’entreprises ou de services. Et d’ajouter que l’Open Data sera d’actualité cette année. En effet, l’État mettra à la disposition des parties prenantes des données, qui étaient auparavant classifiées, pour la création d’applications et de sites Web, entre autres.

Les ambitions sont grandes en ce qui concerne Maurice. Avec l’encadrement des start-up par la nouvelle équipe de La Plage et la mise en place de concours pour soutenir ces entreprises innovantes et des hubs privés pour les accueillir, Maurice pourrait devenir le prochain pays à créer un produit ou un service qui sera utilisé à l’échelle planétaire.

Sten Tamkivi: «Promouvoir l’interdisciplinarité»

Interrogé quant au rôle du système éducatif pour inculquer la culture entrepreneuriale, Sten Tamkivi est d’avis qu’il faudrait s’y prendre dès le plus jeune âge. «Il ne faudrait pas attendre l’université pour inciter les jeunes à créer leurs startup». Et d’ajouter qu’une «approche interdisciplinaire» est nécessaire de nos jours. Cela, parce que «les entrepreneurs sont amenés à travailler avec des gens de tous bords professionnels au cours de [leurs] opérations».