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Israël: Amos Oz ironise sur la mise à l'index d'un roman d'amour

1 janvier 2016, 15:49

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Israël: Amos Oz ironise sur la mise à l'index d'un roman d'amour

 

Amos Oz, grand nom de la littérature israélienne, a ironisé vendredi sur l'exclusion des programmes scolaires d'un roman d'amour entre une Israélienne et un Palestinien, en écrivant qu'il faudrait mettre la Bible, encore plus subversive, au ban des études lycéennes.

Le ministère de l'Education a provoqué un tollé dans le monde culturel en écartant du programme des sections littéraires au lycée le livre de Dorit Rabinyan, publié en 2014 en hébreu sous le titre "Haie" ("Geder Haya").

Le roman raconte l'histoire d'amour entre Liat, une traductrice israélienne, et Hilmi, un artiste palestinien. Il touche à la question délicate des rapports intimes entre Israéliens juifs et Palestiniens, sur fond de conflit persistant depuis des décennies.

"Peut-être vaudrait-il mieux supprimer les études littéraires des programmes, puisque la littérature mondiale et hébraïque la plus insigne recèle beaucoup de choses dérangeantes et pas vraiment casher", écrit Amos Oz dans le quotidien Yedioth Ahronoth.

"Il est même plus urgent de retirer du programme l'étude de la Bible: en matière de relations sexuelles entre juifs et gentils (terme désignant les non-juifs), la Bible est mille fois plus dangereuse que le livre de Rabinyan", raille celui qui passe pour l'écrivain israélien le plus connu.

"Le roi David et le roi Salomon étaient coutumiers de coucher avec des étrangères sans se soucier de vérifier leur nationalité sur leur carte d'identité", souligne Amos Oz.

La responsable du ministère à l'origine de la décision a invoqué le danger que le livre de Dorit Rabinyan soit perçu comme encourageant les unions entre Israéliens et Palestiniens. De telles unions et la perte de l'identité juive sont deux des épouvantails des juifs pratiquants.

Le ministre de l'Education Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, a défendu la décision de ses services jeudi soir, tout en précisant ne pas y avoir pris part.

"Cela n'a rien à voir avec de la censure. Quiconque veut lire ce livre peut l'acheter", a-t-il déclaré à la deuxième chaîne de télévision. Mais le ministère ne forcera pas des élèves à lire un livre qui présente les soldats israéliens comme des "sadiques" et les met sur un pied d'égalité avec les "terroristes" du mouvement islamiste palestinien Hamas, a-t-il ajouté.

L'auteure, Israélienne juive, a répondu en accusant M. Bennett de ne pas avoir lu le livre et de sortir les phrases de leur contexte.

La controverse a provoqué une ruée sur le livre.