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ICAC: 30 décembre crucial pour Lutchmyparsad Aujayeb

29 décembre 2015, 19:02

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ICAC: 30 décembre crucial pour Lutchmyparsad Aujayeb

Le contrat de Lutchmyparsad Aujayeb à la tête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) n’expire qu’en 2017 mais il doit prendre une décision importante. Avant de prendre la direction de la commission anticorruption le 31 décembre 2014, Lutchmyparsad Aujayeb était Assistant Parliamentary Counsel au State Law Office (SLO). Et son congé sans soldes arrive à terme le mercredi 30 décembre. Ainsi, pour rester à l’ICAC, il lui faudrait renoncer à ses années de service au SLO, à moins que le chef juge ne lui accorde encore un congé sans solde.

Pourquoi il resterait

 

 

Quand Lutchmyparsad Aujayeb est arrivé, il avait les yeux qui brillaient devant ses objectifs. Le nouveau directeur général (DG) voulait rendre la commission plus efficace et plus efficiente. Son entourage affirme cependant qu’en débarquant, il n’a pas systématiquement détruit le travail de son prédécesseur. «Il a eu une oreille attentive et n’avait pas la prétention de tout maîtriser. Petit à petit, il a pris ses marques, imposé sa griffe et apporté des résultats», clament ceux qui disent du bien de lui. «L’ICAC, cette année, se fait moins taper sur les doigts par la justice ; les affaires envoyées au Directeur des poursuites publiques et défendues en cour sont plus expéditives grâce, sans doute, à l’expérience de son directeur comme magistrat», observe un avocat, spécialiste des affaires de corruption.

Personne ne peut dire si c’est toujours le cas après le jugement dans l’affaire MedPoint mais Lutchmyparsad Aujayeb a été, lors de sa nomination du moins, un homme en qui sir Anerood Jugnauth (SAJ) avait confiance. Le Premier ministre l’a nommé sans consulter le leader de l’opposition et l’a défendu bec et ongles quand ce dernier a posé une PNQ en février dernier.

Pourquoi il partirait

Mais l’antipathie de Paul Bérenger et la confiance de SAJ ne représentent qu’une infime partie de l’équation dans la tête de Lutchmyparsad Aujayeb. Son année à la direction de l’ICAC a surtout été marquée par deux événements : la condamnation de Pravind Jugnauth et l’affaire Sun Tan.

Dans celle-ci, le DG n’était pas partisan de l’arrestation du Directeur des poursuites publiques (DPP). Ce qui avait d’ailleurs provoqué la colère de Shakila Bibi Jhungeer, membre du board de l’ICAC qui, accusant son directeur de parti pris, avait démissionné. Certains au gouvernement, ayant pris en grippe le DPP, ont ainsi estimé qu’Aujayeb trahissait le gouvernement et sa suspension par le comité parlementaire de l’ICAC a même été réclamée.

Il y avait eu, avant cela, la condamnation de Pravind Jugnauth. Que l’ICAC ait abouti à un jugement contre le leader du MSM devait, selon toute logique, être considéré comme une importante réalisation de la commission anticorruption et de son directeur. Mais cela n’a pas arrangé les affaires du gouvernement et c’est là que commence le désamour entre Lutchmyparsad Aujayeb et certains membres du gouvernement. S’attendaient-ils à ce qu’Aujayeb travaille pour innocenter Pravind Jugnauth ? En tout cas, le DPP allègue, dans un de ses affidavits, que Lutchmyparsad Aujayeb aurait tenté de faire arrêter le procès. Ce que le DG de l’ICAC a démenti.

Ce qui va compter pour Aujayeb

Comment Lutchmyparsad Aujayeb va-t-il donc se décider ? Il devrait prendre ces critères en considération :

  • Le chef juge va-t-il lui accorder un nouveau congé sans solde ?
  • Au cours de ces deux prochaines années, quel sera le poids de ceux qui le disent «trop indépendant»? Il faudra que Lutchmyparsad Aujayeb estime les différents pôles de pouvoir au sein même du gouvernement pour savoir s’il travaillera en étant toujours coincé entre deux feux. 
  • Dans la tête de Lutchmyparsad Aujayeb, son employeur c’est l’État et non le gouvernement et pour qu’il reste, il faudra que le gouvernement le comprenne.
  • Le timing de l’avènement de la Financial Crime Commission (FCC). Cette commission devra prendre sous son ombrelle toutes les autorités contre la fraude et la corruption. Si la FCC arrive trop vite, Lutchmyparsad Aujayeb risque de quitter l’ICAC et retourner au SLO, en estimant que sa marge d’opération serait réduite avec la FCC.