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Pension de président : jackpot au nom de l’État ?

26 décembre 2015, 13:32

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Pension de président : jackpot au nom de l’État ?

 

 

Depuis que les héritiers d’Angidi Chettiar ont remporté leur bataille contre la Mauritius Revenue Authority qui voulait taxer la pension de l’ancien vice-président de la République, les réseaux sociaux ont été pris d’une frénésie collective pour dénoncer ce jugement du Privy Council, mais aussi le paiement même de la pension aux ex-présidents et vice-présidents.

«Feeding the sharks (...), il y aura toujours une masse de pauvres pour payer les taxes (...), lepep nouri zot lever.» Ainsi, ont réagi des internautes.

Pourtant, les law lords ont clairement expliqué pourquoi ces revenus ne sont pas taxables : d’abord parce que la loi interdit à un ex-président ou vice-président de travailler mais aussi pour les protéger d’éventuelles pressions venant de l’exécutif (le gouvernement). «Un président connaît des secrets d’État et tout doit être mis en oeuvre pour le protéger et ainsi protéger l’État, même quand il n’est plus en poste», expliqueJocelyn Chan Low. L’historien compare ensuite les locataires du Réduit aux fonctionnaires : «Tout homme qui a servi l’État a droit à une pension à la retraite.»

Ce qui sidère Jack Bizlall. Le réformiste constitutionnel explique son sentiment en deux phrases : «Tout n’est que pouvoir, tout n’est qu’argent.» Jack Bizlall dénonce ce qu’il estime être un scandale et une dilapidation des fonds publics. Pour lui, même les députés et ministres ne devraient pas bénéficier de pension. «On les catégorise à tort comme des fonctionnaires. Ce sont des politiciens élus et ils ne servent pas l’État comme des fonctionnaires.»

SAJ et les anciens présidents

Sir Anerood Jugnauth

C’était un des thèmes de campagne en 2014. Sir Anerood Jugnauth, ancien président de la République, peut-il être employé par l’État pour être Premier ministre ? Quand le camp rouge-mauve d’alors avait soulevé la question, la réponse de l’alliance Lepep était cinglante : il allait renoncer à sa pension pour ainsi se plier à l’article 4 de la President's Emoluments and Pension Act qui interdit à un ex-président de travailler pour un salaire jusqu’à ce qu’il meure.       

Karl Offmann

Tour à tour, vice-président puis président, Karl Offmann dit n’avoir jamais cherché du travail ailleurs. Il n’a pas non plus songé à renoncer à sa pension actuelle.

Cassam Uteem

«Je touche toujours ma pension. Des offres d’emploi m’ont été faites mais elles sont venues de sociétés ou de personnes qui ne savent pas qu’un président ne peut pas s’adonner à un travail rémunérateur. Il faut aussi définir ce qu’est un travail rémunérateur. Je peux participer à une conférence internationale et un cachet m’est offert par les organisateurs. Cela ne peut nullement être considéré comme un travail rémunérateur. L’idée de renoncer à ma pension m’est venue à un certain moment où je songeais à un retour à la politique active. Mais, au final, les choses ne se sont pas concrétisées.»

Salaires et pensions mensuelles des présidents et vice-présidents

 

Cette grille montre, en roupies, les salaires du président et du vice-président depuis 2013. Après leur mandat ou leur démission, ils perçoivent une pension mensuelle valant deux tiers de leur salaire. (NdlR : les salaires dans la loi sont prescrits par an.)