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Chine: un corps retiré du glissement de terrain, peu d'espoir de retrouver des survivants

22 décembre 2015, 14:37

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Chine: un corps retiré du glissement de terrain, peu d'espoir de retrouver des survivants

Un premier corps a été retiré mardi de l'énorme amas de boue qui a enseveli dimanche une zone industrielle de Shenzhen (sud de la Chine) et les espoirs de survie étaient quasi-nuls pour les 76 disparus, renforçant la colère contre les manquements ayant conduit au désastre.

Pelleteuses et autres engins de chantier continuaient à s'affairer sur la montagne de milliers de tonnes de terre et de débris sous laquelle des habitations, des dortoirs d'ouvriers et des usines étaient écrasés, lors de la dernière catastrophe industrielle en date survenue dans la deuxième économie mondiale.

Selon un nouveau décompte, les autorités ont fait état mardi de 76 personnes portées disparues --contre 81 annoncées précédemment--, enfouies sous la terre depuis deux jours.

Le corps dégagé mardi matin représente la première mort confirmée de ce désastre de grande ampleur. "Je ne pense pas qu'il y ait une chance de (sauver qui que ce soit)", a déclaré à l'AFP Mme Qin, une volontaire venue tenter d'apporter son concours aux sauveteurs.

Avec un groupe de volontaires locaux, elle en a été dissuadée par les autorités.

Quelque 3.000 sauveteurs --pompiers, militaires et secouristes--, dont beaucoup ont travaillé sans relâche toute la nuit, utilisaient des dizaines de pelleteuses pour dégager la boue, ainsi que des "détecteurs de vie" et 30 chiens renifleurs, selon la presse chinoise.

- 60 terrains de football -

Survenue dimanche matin, l'avalanche de terre et de boue rougeâtre s'est abattue sur une zone industrielle de Shenzhen, ensevelissant une trentaine de bâtiments avant de provoquer une explosion de gaz.

"Nous sommes très inquiets pour les gens qui habitent autour d'ici. Personne ne nous a jamais dit que c'était une zone dangereuse", a confié à l'AFP une résidente d'un village voisin, horrifiée par les évènements.

Les clichés et des images vidéo tournées par un drone montraient un paysage cauchemardesque, où des fractions de tours d'habitation brisées en deux comme des fétus de paille émergeaient des boues brunâtres.

Le maire-adjoint de la ville, Liu Qinsheng, a évalué à 38 hectares --la superficie d'environ 60 terrains de football-- l'étendue recouverte par la masse de terre, d'une bonne dizaine de mètres de hauteur.

Le théâtre du drame est hautement symbolique: Shenzhen, métropole de plus de 10 millions d'habitants frontalière de Hong Kong, est emblématique de la modernité chinoise.

Alors que ce n'était encore qu'un modeste port de pêche, le dirigeant Deng Xiaoping en avait fait en 1980 une "zone économique spéciale", creuset des réformes et de l'ouverture du pays: s'ensuivirent trois décennies qui transformèrent la localité en mégalopole à force d'un urbanisme effréné, dont elle semble aujourd'hui payer le prix.

- Colère et traumatisme -

La catastrophe résulterait d'une véritable montagne de terre, issue de travaux de construction et accumulée illégalement, que des pluies récentes ont détrempée, selon une publication du ministère du Territoire et des Ressources.

Ces amas avaient été déposés dans une ancienne carrière, jusqu'à former une monumentale colline de 100 mètres de haut, qui s'est transformée en torrent de boue après les pluies diluviennes de samedi, a expliqué le quotidien officiel Global Times.

Depuis deux ans, les riverains se plaignaient régulièrement du manège des camions, sans aucune réponse des autorités, selon le portail d'informations locales Shenzhen News.

De quoi attiser la colère et l'indignation des internautes, promptement censurés, tandis que les journalistes chinois ont été priés de s'en tenir strictement à la version officielle.

"L'absence de supervision des conditions de sécurité et la passivité des autorités (supposées) prendre des mesures préventives enragent la nation tout entière et indignent le monde", a lâché un usager de la plateforme Weibo. Son microblog a été vite supprimé par les censeurs.

"Avec toutes ces catastrophes d'origine humaine, nous sacrifions constamment des vies pour le progrès" de l'économie chinoise, déplorait un autre internaute.

Cette année, les désastres de grande ampleur se sont enchaînés: après une bousculade meurtrière en plein Shanghai au 1er janvier (36 morts), le naufrage d'un ferry sur le fleuve Yangtsé en juin (plus de 400 morts) avait marqué les esprits.

Violentes et spectaculaires, d'énormes explosions parties d'un entrepôt de produits chimiques avaient ensuite ravagé en août une zone du port de Tianjin (nord), faisant au moins 165 morts et traumatisant le pays.