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Docteur Frankenstein: un remake plutôt moyen

12 décembre 2015, 09:23

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Docteur Frankenstein: un remake plutôt moyen

Résumé

 

Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman partagent une vision noble : aider l’humanité à travers leurs recherches innovantes sur l’immortalité. Mais les expériences de Victor vont trop loin, et son obsession engendre de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa création monstrueuse.

LA NOTE : 6/10

 

«Vous connaissez cette histoire», nous dit Igor Strausman. C’est vrai. Un savant fou, une créature meurtrière. Ce que l’on ne connaît pas par contre, c’est Igor Strausman. Interprété par Daniel Radcliffe, ce personnage qui n’existe pas dans le roman original est un monstre de cirque traité comme un animal et recueilli par le docteur Frankenstein (James McAvoy) pour son intelligence.

Habillé, lavé, soigné de son handicap, le docteur l’introduit au monde et l’embarque dans sa folle aventure scientifique. Dès lors, le film va tenter de raconter une autre facette de la légende à travers cette relation complexe entre les deux hommes, le monstre se voyant relégué au second plan de l’histoire et en fin de compte restreint au dernier tiers du film pour quelques intenses minutes.

Pour raconter cette histoire, ce Docteur Frankenstein prend pour cadre le Londres de l’époque victorienne. Choix payant, les décors constituent l’atout principal de cette version modernisée du mythe. Jouant sur les tons orangés pour retranscrire la lumière naturelle qui éclairait les lieux de l’époque, le soin porté à l’identité visuelle du laboratoire du docteur et au château de l’expérience finale (quatre mois de construction tout de même) constitue l’un des plus beaux essais steampunk de ces dernières années.

Le héros classique de ce genre d’univers est souvent un mécanicien de génie et le Frankenstein de McAvoy s’en rapproche bien plus que d’un génie de la médecine pure. Avec ces mécanismes électriques en tout genre et rencontres horrifiques entre parties anatomiques et machineries complexes (cette excellente scène où Frankenstein fait vivre des yeux grâce à un système électrique), le rapport à ce sous-genre de sciencefiction se révèle judicieux à plus d’un titre. Le sujet du film explorant en effet comment la technologie vient sans cesse défier nos acquis moraux, la veine steampunk permet de représenter de façon abstraite une certaine fusion entre un passé et un futur scientifique et technique.

Si le genre s’inspire plus de l’ère industrielle, le film se déroulant en 1860, c’est-à-dire à l’aube de cette dernière, cela permet à ces éléments visuels d’accentuer astucieusement le côté novateur des constructions du docteur Frankenstein, prévoyant déjà l’importance de l’électricité.

Figure emblématique de la littérature victorienne, Sherlock Holmes fut par ailleurs un personnage extrêmement employé par les écrivains Steampunk. Ce n’est donc pas un hasard de voir que cette version de Frankenstein est réalisée par un des officiers de la série à succès Sherlock. Cependant, c’est une autre série qui nous vient en tête au visionnage de Docteur Frankenstein et vient malheureusement éclairer les défauts de cette version dès lors que nous nous intéressons à ses personnages.

Penny Dreadful avait en effet déjà ravivé avec brio le personnage de Frankenstein et sa créature, retranscrivant avec justesse la poésie du personnage, freak sensible au père aussi involontairement cruel qu’égoïste. Ici, c’est un homme passionné à l’excès, plongé dans une quête dont les motivations vont bien au-delà du seul désir de célébrité scientifique. Il se montre égoïste puis altruiste, psychopathe puis de nouveau sensé et raisonnable, le réalisateur ne semblant en effet pas réellement cerner son personnage.

Les rapports avec son disciple sont souvent surexpliqués, la dette que ce dernier porte au docteur étant tellement lourde qu’elle fait de lui son prisonnier, sa bête, sa création, c’est Igor Strausman la créature de Frankenstein. La présence du policier empreint de religion et donc farouchement opposé à ce projet qui va à l’encontre de «l’ordre des choses» est par ailleurs tout autant inutile à notre compréhension du sujet.

Le film offre tout de même quelques séquences surprenantes, n’hésitant pas par exemple à verser dans l’horreur assez graphique. Dommage donc que le réalisateur ne parvienne pas à rendre touchant ce personnage, alors même que sur le papier, certaines pistes semblent pertinentes, en particulier cette idée selon laquelle Frankenstein ne veut au fond pas créer la vie mais la rendre parfaite, concevant la mort comme une erreur que l’homme a pour charge de réparer. Docteur Frankenstein constitue au final un divertissement maladroit qui se voit sauvé par ses choix esthétiques.

 

FICHE TECHNIQUE

Genre : thriller, fantastique, épouvante

Durée : 1 h 50

De : Paul McGuigan

Avec : James McAvoy, Daniel Radcliffe, Jessica Brown Findlay

Salles : Star Caudan, Bagatelle, La Croisette

En salle cette semaine…

 

007 SPECTRE

L’histoire en une ligne : Désavoué, l’agent 007 est livré à lui-même pour faire face à une organisation qui menace l’ordre mondial et dont les racines touchent de très près son histoire personnelle…

Genre : Espionnage, action

Durée : 2 h 30

De : Sam Mendes

Avec : Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Ben Whishaw, Naomie Harris, Dave Bautista, Monica Bellucci, Ralph Fiennes

Salles : Star La Croisette, Bagatelle

 

LES NOUVELLES AVENTURES D’ALADIN

L’histoire en une ligne : À Noël aux Galeries Lafayette, une petite frappe décide de raconter à une meute d’enfants sa version, très personnelle, du mythe d’Aladin face au Grand Vizir…

Genre : Aventure, comédie

Durée : 1 h 50

De : Arthur Benzaquen

Avec : Kev Adams, Max Boublil, William Lebgill, Jean-Paul Rouve, Vanessa Guide

Salles : Star La Croisette, Bagatelle

 

HUNGER GAMES : LA RÉVOLTE 2E PARTIE

L’histoire en une ligne : Katniss Everdeen, symbole de la révolution, devra tout faire pour mettre fin au règne du Capitole, alors même que ses alliés se retourneront contre elle…

Genre : Aventure, science-fiction, drame

Durée : 2 h 20

De : Francis Lawrence

Avec : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Stanley Tucci

Salles : CineKlassic Caudan, MCine, Cine Metropolitan