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Affaire Gorah Issac: les confidences de Toorab Bissessur

5 décembre 2015, 21:00

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Affaire Gorah Issac: les confidences de Toorab Bissessur
Il avait demandé Rs 2 millions à l’ex-directeur général de la National Intelligence Unit pour tout déballer sur l’affaire Gorah Issac. Sa manœuvre n’ayant pas abouti, Toorab Bissessur a emporté son secret dans la tombe. Mais voilà que dix ans après, une bande-son refait surface. L’on y entend une conversation entre Toorab Bissessur, Yousuf Mohamed et un activiste du Mouvement militant mauricien (MMM). Ce qui ressort principalement de cet enregistrement, ce que Toorab Bissessur  y dédouane Shakeel Mohamed. «Shakeel pa konn nanié, mo koné akoz mo bien inpliké dan sa zafer-la», dit-il dans cet support audio. 
 
La rencontre entre les trois hommes a lieu après que Toorab Bissessur a purgé sa peine en 2004 dans l’affaire Gorah Issac. Depuis, l’on n’a cessé de parler de l’implication alléguée de Shakeel Mohamed dans ce triple assassinat. Surtout après l’interrogatoire de Khadafi Oozeer qui l’avait l’incriminé en 2000. 
 
C’est pour en avoir le cœur net que l’avocat et père de Shakeel Mohamed, Yousuf Mohamed, a accepté de rencontrer Toorab Bissessur. Nous sommes alors en septembre 2005. 
 
Toorab Bissessur tente, à maintes reprises, d’entrer en contact avec Shakeel Mohamed. C’est à travers un activiste du MMM de l’époque qu’il parvient à avoir rendez-vous avec Yousuf Mohamed. Toorab Bissessur effectuait, alors, une retraite dans une mosquée à Sadally, Vacoas. 
 
Dans l’enregistrement, nous entendons Toorab Bissessur d'abord très réticent à tout raconter. Il hésite pendant près d’une demi-heure et puis se met à tout déballer. Les allégations sont graves : il implique Prem Raddhoa et l’avocat Elias Oozeerally. Ce sont ces derniers, allègue-t-il, qui auraient tout fait pour impliquer Shakeel Mohamed dans cette histoire.
 
Tourab Bissessur dit-il la vérité ? L’on ne pourra désormais jamais le savoir, puisque les deux protagonistes ne sont plus de ce monde pour donner leur version des faits et se défendre. 
 
Mais les propos de Toorab Bissessur rejoignent ceux de Hatim Oozeer, membre du défunt escadron de la mort. À l’express la semaine dernière, il avait, lui, affirmé que l’implication de Shakeel Mohamed dans cette affaire a été montée de toutes pièces.  Refusant de donner  plus de précisions sur ce drame, mais il a quand même avancé que c’est un ancien haut gradé de la force policière qui aurait tenté d’impliquer le député travailliste avec l’aide d’un homme de loi. 
 
Retour à l’enregistrement audio. On y entend Yousuf Mohamed qui lance à Toorab Bissessur : «Get sa mo pa pe vinn defann Shakeel mé si li finn fer lé kouyon li pou bizin payé… mo zis anvi koné si li ladan.» Toorab Bissessur se met alors a tout déballé  et jure même que le député travailliste n’a aucun lien avec l’affaire Gorah Issac. Selon lui,  c'est un avocat qui  aurait «mont latet Prem Raddhoa».
 

«Il avait une vengeance personnelle contre la famille Mohamed»

 
A l’insistance de Yousuf Mohamed, il finit par dévoiler le nom de l'avocat : Elias Oozeerally. Pourquoi ce dernier aurait-il voulu incriminer Shakeel Mohamed ? «Il avait une vengeance personnelle contre la famille Mohamed», indique Toorab Bissessur.
 
L’impliquer était d’autant plus simple car le nom de Shakeel Mohamed figurait dans l’agenda d’un membre de l’escadron de la mort. «Plizier fwa Raddhoa finn zwenn mwa pou rod fer mwa temwagn kont Shakeel», confie Toorab Bissessur.
 
Ce dernier affirme qu’il est sorti de prison le 5 août 2004 et que durant les mois qui ont suivi, il a travaillé dans un magasin à Curepipe. C’est là que l’ancien patron de la Major Crime Investigation Team serait venu le rencontrer et ce, à plusieurs reprises. «Selman zame mo finn dir kitsoz kont Shakeel parski li pa ladan.» 
 
Toorab Bissessur fait comprendre à Yousuf Mohamed que c’est la raison pour laquelle il voulait le rencontrer: «Pou met ou en gard ki ena enn plan pou piez Shakeel.»
 
La voiture criblée de balles de Babal Joomun,  une des victimes de la fusillade à la rue Gorah Issac en 1996.