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Sécurité routière : on a (essayé) de suivre un motard de la police

28 novembre 2015, 20:56

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Sécurité routière : on a (essayé) de suivre un motard de la police

Le soleil s’est réveillé il y a une heure à peine. Au niveau des yeux, les stores sont toujours à moitié baissés, quelques crottes d’yeux encore bien encastrées. C’est que, voyez-vous, pour prendre un motard de la police en filature, il faut se lever aux aurores. Pour le démarrage en trombe, c’est raté.

Direction Port-Louis, la capitale des policiers à moto. À Pailles, on en aperçoit un sur la route. On est chaud pour une course-poursuite. Douche froide. Après deux minutes d’hésitation, le deux-roues, son occupant et sa sirène éteinte mais gigotante slaloment entre les véhicules, condamnés à faire du surplace, coincés dans le trafic. En un battement de cils, Ghost Rider, lui, s’envole vers d’autres cieux.

Changement de tactique. Séance de poireautage devant le «nid», le QG des chevaucheurs fantastiques : les Casernes centrales. Testons les vertus de la patience. Soudain, un as du guidon sur sa «Harley» Made in Japan fait son apparition. En route pour une virée.

«Motocop» à l'action

Les pieds bien calés, les lunettes de soleil bien en vue, le casque bien attaché, le motard et sa moto pètent le feu. Sauf qu’il s’arrête quelques mètres à peine plus tard. Histoire de «donn signal» aux automobilistes ou chauffards, pour beaucoup pressés et en retard.

Mission d’observation. MotoCop et ses bottes de Rambo ont la classe. Pas le temps de tergiverser, il y a la circulation à fluidifier, il s’y met. Ses bras s’agitent, la Robodance n’est pas encore passée de mode. Sauf que sa dancefloor à lui, c’est le bitume. Les doigts transmettent des ordres bien articulés, ils ont vite fait de trouver leur vitesse de croisière.

Pour compenser le manque d’action, il aurait fallu être en mesure de coller aux basques d’une escorte accompagnant un homme politique ou autre VIP. Veuillez noter que nous avons bien essayé, mais que les motards et le cortège avaient disparu à l’horizon avant même que nous n’ayons eu le temps de démarrer.

Le caporal Roghbeer en roue libre

 

Dix ans depuis qu’il a rejoint la Traffic Branch. Et il enfourche, pratiquement chaque matin, sa monture métallique. Le quotidien du caporal Roghbeer – matricule CPL 4911, tient-il à préciser – est loin d’être morose.

Dès 6 h 45, l’homme, très à cheval sur la discipline, est en selle. À 7 heures tapantes, «nou al donn signal lor simé». Ses collègues et lui quadrillent en fait le terrain à Port-Louis, plus précisément au niveau de l’autoroute, à partir de Grewals jusqu’au rond-point du Quai D, entre autres. «Le plan est fait la veille et chacun sait où exactement il doit se rendre.» Puis, entre 10 et 13 heures, place aux patrouilles, il avale les kilomètres avant le déjeuner et la pause. À 14 h 45, les choses sérieuses reprennent. «Kuma éna enn problem, nou paré pou intervénir.»

Patience et discipline

Ne craint-il pas, justement, de devoir subir une intervention chirurgicale à force d’agiter les bras pendant des heures ? Pas du tout, rétorque le policier. C’est tout simplement une question d’habitude. D’ailleurs, pour ce qui est des biceps et des triceps, ça aide à les maintenir en forme. Fait-il aussi appel à ses muscles saillants quand il s’agit de manier sa «bête» ? La moto, précise-t-il, pèse entre 125 et 200 kilos. «Éna enn teknik spesyal ki servi pou lev li kan li tonbé, pou pa bless lerin…» Qu’en est-il des «doberman», des automobilistes atteints

de «road rage» ? Lui a-t-on déjà écrasé les pieds ? «Non ! Contrairement à ce que l’on peut penser, la plupart sont disciplinés, surtout ceux qui empruntent les rues de la capitale.» Sans doute sont-ils habitués à prendre leur mal en patience, ajoute-t-il.

De la patience, il lui en faut également, pour faire face aux accidents, aux bagarres et autres urgences. Ce qui le motive, c’est «lamour pou sa metyé la». Mais aussi le contact avec le public.

N’empêche que certaines mauvaises langues, allergiques aux poids lourds, prétendent qu’il y a un «laisser-aller» au niveau des camions, notamment. Qu’en est-il ? «Non. Nous n’avons pas peur de les arrêter ou de les contrôler, même s’ils sont impressionnants, à côté de la ‘petite’ moto…»

Enfin, son uniforme de rider, il le range une fois à la maison, lorsqu’il termine son service, à 18 heures. Pour mieux repartir, de vive allure, le lendemain.

 

Témoignages

Des automobilistes embrayent

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Interview

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Notre interlocuteur du jour ne mâche pas ses mots : «Si éna ki fané, pran zot niméro plak, raport zot.» 
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