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Attentats: la traque du huitième suspect se poursuit, hypothèse d'un autre fuyard pas exclue

17 novembre 2015, 19:37

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Attentats: la traque du huitième suspect se poursuit, hypothèse d'un autre fuyard pas exclue

Les enquêteurs poursuivaient mardi la traque de Salah Abdeslam, qui serait le huitième homme des attentats de Paris aux côtés des autres assaillants morts. Ils n'excluent pas la thèse d'un autre fuyard.

 

Derrière cette priorité opérationnelle, de nombreuses questions restent sans réponse: comment, où et quand ces attaques qui ont fait 129 morts vendredi ont-elles été préparées? Qui sont les complices?

 

- Une idée plus précise des assaillants

Deux des trois kamikazes de la salle de spectacle du Bataclan ont grandi en France: Samy Amimour, 28 ans, est un ancien chauffeur de bus des transports parisiens (RATP), originaire de Seine-Saint-Denis, département populaire et à forte population immigrée de la périphérie nord-est de Paris. Il était déjà inculpé dans un dossier de terrorisme. Laissé en liberté, il avait violé son contrôle judiciaire en quittant la France. Il était depuis visé par un mandat d'arrêt.

 

Né dans l'Essonne (périphérie sud de Paris), en rupture avec sa famille, Omar Ismaïl Mostefaï, 29 ans, a vécu à Chartres (centre-nord). Il avait été repéré par les services en 2010 mais n'était jamais apparu dans une enquête d'antiterrorisme. Neuf proches d'Amimour et Mostefaï sont en garde à vue. L'identification du troisième kamikaze est en cours.

 

L'un des trois assaillants du Stade de France, Bilal Hadfi, 20 ans, est Français mais il vivait à Bruxelles. Les photos de sa page facebook ont été publiées par plusieurs médias, avec les commentaires pro-EI de plusieurs de ses amis.

 

Près d'un autre a été retrouvé un passeport syrien au nom d'Ahmad al-Mohammad. Mais cette identité est sans doute fausse: elle correspondrait à un soldat de Bachar al-Assad, tué il y a plusieurs mois, a appris l'AFP de source proche de l'enquête. Si, comme l'atteste ses empreintes digitales, le kamikaze a bien été contrôlé début octobre en Grèce parmi le flot des migrants fuyant la Syrie, le mystère demeure sur sa nationalité comme sur son identité. Le troisième kamikaze du Stade de France reste à identifier.

 

On ignore toujours pourquoi les trois assaillants ont déclenché leur ceinture explosive avant la sortie des 80.000 spectateurs qui assistaient au match France-Allemagne, ce qui aurait provoqué un carnage.

 

Les enquêteurs pensent que la troisième équipe était composée des frères Abdeslam, des Français résidant aussi à Bruxelles: Brahim, 31 ans, qui est mort en kamikaze boulevard Voltaire, et Salah, 26 ans. Y avait-il un troisième homme dans la Seat retrouvée à Montreuil, à l'est de Paris? Trois kalachnikovs ont été découvertes dans la voiture et les témoignages divergent sur le nombre de tireurs. Les recherches d'ADN dans le véhicule permettront peut-être de s'approcher de la réponse.

 

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué les attaques, précisant qu'elles avaient été commises par huit hommes.

 

- Une genèse en Syrie?

Le président François Hollande a évoqué des attentats "décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises."

 

Mostefaï et Amimour sont allés en Syrie dans les zones de jihad. C'est également le cas d'Hadfi et très probablement des deux frères Abdelslam.

 

Un nom apparaît, celui d'Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, une tête d'affiche parmi les jihadistes belges. Il est apparu avec Salah Abdelslam dans des dossiers de droit commun à Bruxelles en 2010 et 2011, notamment pour des braquages. Aucun élément matériel n'est apparu jusqu'à présent en procédure pour accréditer la thèse d'une commandite ou d'un ordre formels. Une coïncidence est toutefois troublante: arrêté le 11 août après un bref séjour en Syrie, un Français de 30 ans avait raconté en garde à vue avoir reçu comme consigne de commettre un attentat, "dans l'idéal" lors d'un concert. Il désignait Abaaoud comme son donneur d'ordre, selon des sources proches de l'enquête.

 

- Les complicités?

Qui est l'artificier des vestes d'explosifs? Où les armes ont-elles été achetées?

Deux hommes, arrêtés à Molenbeek, plaque tournante du jihadisme belge, ont été inculpés lundi à Bruxelles: Mohammed Amri, 27 ans, et Hamza Attou, 20 ans, sont soupçonnés d'être allés chercher Salah Abdeslam qui les aurait appelés à la rescousse après les attaques.

 

- Quel emploi du temps, quel mode opératoire ?

Les enquêteurs tentent toujours de retracer l'emploi du temps des auteurs des attentats, de comprendre par où ils sont passés, quel a été leur mode opératoire. Des perquisitions ont été notamment menées dans un appartement de Bobigny et dans un hôtel d'Alfortville, en banlieue parisienne, où deux chambres pourraient avoir été occupées par des assaillants. Une troisième voiture, louée par Salah Abdeslam et qui pourrait être liée aux attentats, a été retrouvée dans le nord de Paris. Les différentes équipes se sont-elles coordonnées par téléphone vendredi soir? C'est ce que peuvent laisser penser certains éléments, selon une source proche de l'enquête.

 

- La coopération européenne

Des questions se posent sur d'éventuelles défaillances de la coopération européenne. Comment Amimour, qui était l'objet d'un mandat d'arrêt, a-t-il pu revenir de Syrie dans l'espace Schengen sans être repéré? Pourquoi les Belges n'ont-ils pas transmis aux Français leurs renseignements sur les Abdeslam, qu'ils avaient repérés comme islamistes radicaux?