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Lutte antidrogue: des passagers seront fichés à l’aéroport

16 novembre 2015, 20:50

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Lutte antidrogue: des passagers seront fichés à l’aéroport

L’enjeu : surveiller les déplacements des trafiquants de drogue, notamment. C’est pourquoi le SSR International Airport devrait d’ici peu être doté d’un système de fichage des passagers. Le Prime Minister’s Office a lancé un appel d’offres il y a une semaine, pour la mise en place de ce système. Cet exercice prendra fin le 17 décembre.

 

Comment fonctionnera le Passenger Information System ? Il s’agit de repérer les personnes fichées par la police au comptoir de l’immigration. Pour ce faire, les compagnies aériennes devront au préalable renseigner le Passport and Immigration Office sur les passagers, que ce soit au départ ou à l’arrivée. Et ceux qui sont fichés, entre autres pour avoir été impliqués dans un trafic de drogue, seront d’ores et déjà identifiés.

 

Et ce n’est pas tout. Afin d’étoffer l’arsenal de lutte contre la drogue, des caméras à reconnaissance faciale ainsi que d’autres appareils utilisés à des fins de fichage seront également mis en place à l’aéroport dans un second temps.

 

L’importance du Passenger Information System a été soulignée par les membres de la Commission d’enquête sur le trafic de drogue. Ils ont d’ailleurs fait mention d’un dispositif similaire utilisé à l’étranger.

 

Manque d’échange d’informations avec les autorités régionales

 

Quant au patron de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), Choolun Bhojoo, il avait fait état d’un manque de moyens lors de son audition devant la Commission d’enquête, lundi dernier. Évoquant le fait que Maurice ne dispose pas encore d’un tel système.

 

Selon le Deputy Commissioner of Police (DCP) Bhojoo, la brigade antidrogue n’a, actuellement, aucun moyen de détecter à temps un passeur qui foule le sol mauricien. D’ailleurs, il n’y a aucun système pour pister à l’international les narcotrafiquants ou ceux ayant été condamnés pour trafic de drogue. L’ADSU dépend principalement d’échanges d’informations avec les services de lutte antidrogue internationaux.

 

«La procédure est telle que seul un x-ray peut lever le doute sur une éventuelle mule parmi les passagers qui débarquent à l’aéroport», a expliqué le DCP Choolun Bhojoo lors de l’audience lundi dernier. X-ray qui ne peut se faire qu’à l’hôpital.

 

Autre manquement relevé par le patron de la brigade antidrogue : le manque d’échange d’informations avec les autorités régionales. Or, a-t-il fait remarquer, la drogue importée à Maurice provient principalement de ces endroits.

 

Un système qui suscite des interrogations

 

Plus connu sous le terme «Advance Passenger Information System» à l’étranger, ce système de fichage est appliqué dans une vingtaine de pays dont l’Australie, le Canada, la Chine,  Cuba, l’Inde, l’Irlande, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Japon. Les personnes venant ou se rendant dans ces pays doivent impérativement s’y soumettre sous peine de voir leur voyage annulé.

 

Sous l’Advance Passenger Information System, le nom, la nationalité et la date de naissance, entre autres renseignements personnels, sont collectés auprès des voyageurs par les compagnies aériennes. Ces données sont transférées aux autorités judiciaires nationales qui croisent les listes avec celles de personnes fichées comme dangereuses. En France, la proposition d’un système européen sur l’échange de données des passagers aériens avait été rejetée en avril 2013 par la commission des libertés civiles du Parlement européen. Les opposants au projet avaient jugé ce fichage trop intrusif. Ils redoutaient, en outre, une atteinte aux libertés de circulation. En 2014, la cour de justice de l’Union européenne avait statué que la conservation généralisée des données à des fins répressives constituait une violation de la vie privée.

 

Toutefois en juillet de cette année une commission parlementaire a approuvé le projet de loi permettant la collecte de données personnelles des passagers entrant ou sortant de l’Union européenne. La commission des libertés civiles et de la justice n’a cependant pas donné son accord concernant la conservation de ce genre d’informations pour ceux qui voyagent à l’intérieur du continent.