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[Mise à jour] La France en état de choc, 128 morts, 250 blessés dont 99 en état d'urgence absolue

14 novembre 2015, 03:11

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[Mise à jour] La France en état de choc, 128 morts, 250 blessés dont 99 en état d'urgence absolue

Etat d'urgence, écoles fermées, contrôles renforcés: la France était samedi en état de choc, au lendemain des attentats les plus meurtriers de son histoire, avec pour la première fois des actions kamikazes.

Au moins 128 personnes, sans compter les huit assaillants, ont été tuées dans les attaques terroristes de vendredi soir à Paris et plus de 250 ont été blessées, dont 99 se trouvent en état d'"urgence absolue", a-t-on appris de source judiciaire.

La qualification d'"urgence absolue" signifie que ces personnes sont dans un état grave et que leur pronostic vital peut être engagé, selon l'une de ces sources. Des sources policières avaient peu auparavant fait état d'un bilan de 127 morts et de 180 blessés dont 80 en "urgence absolue".

Le bilan ne cesse d'évoluer depuis que des assaillants ont perpétré de multiples attaques près du stade de France, dans la banlieue nord de Paris, et dans une salle de concert et d'autres secteurs de l'Est parisien.

Huit assaillants sont morts, dont sept en se faisant exploser, dans cette série d'attaques perpétrées à Paris dans la salle de concerts du Bataclan, dans plusieurs rues du coeur de la capitale, et près du Stade de France.

Ces attaques n'avaient pas été revendiquées samedi matin, mais les soupçons se sont aussitôt portés vers la mouvance islamiste: cette "terrible épreuve, (...) nous savons d'où elle vient, qui sont ces criminels, qui sont ces terroristes", a lancé François Hollande.

"La guerre en plein Paris", titre Le Figaro de samedi. "Cette fois, c'est la guerre", renchérit Le Parisien, dix mois après une vague d'attentats jihadistes à Paris qui avaient suscité une réaction inédite avec des manifestations contre le terrorisme réunissant plusieurs millions de personnes en France.

Au Bataclan, théâtre de l'attaque la plus sanglante avec un bilan provisoire de 82 morts, "on entendait hurler, tout le monde essayait de fuir, les gens se piétinaient... C'était l'enfer", a relaté un témoin.

L'ampleur de cette tragédie a semé l'effroi dans la capitale, à peine plus de deux semaines avant la conférence sur le climat (COP21) au Bourget, au nord de Paris, où sont attendus des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement.

Au total, au moins 120 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées, dont 80 grièvement, selon une source proche de l'enquête.

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste sur ces attaques, les plus meurtrières en Europe depuis les attentats islamistes de Madrid en mars 2004.

"La priorité, c'est d'identifier les corps, notamment ceux des terroristes, qui ont été pour la plupart pulvérisés lorsqu'ils se sont fait sauter", a expliqué une source policière à l'AFP. Sur le terrain, les équipes de la police technique et scientifique se sont mises dès vendredi soir au travail.

Aucune interpellation n'a été réalisée et les enquêteurs ne recherchent personne à ce stade. Les enquêteurs vont visionner "des heures d'images de vidéosurveillance pour déterminer les circonstances" des attentats, a souligné la source policière, ajoutant: "une fois les terroristes identifiés, il s'agira de déterminer s'ils ont profité de complicités".

- 'Une boucherie' -

Quatre des assaillants sont morts au Bataclan, dont trois en actionnant une ceinture d'explosifs, le dernier étant tué lors de l'assaut des forces de l'ordre. Trois kamikazes sont morts au Stade de France, et un autre boulevard Voltaire.

Au Bataclan, l'assaut des forces de l'ordre a été décidé "très vite parce qu'ils tuaient tout le monde", a confié une source proche de l'enquête. "C'était sale dedans, une boucherie, des gens avec des balles dans la tête, des gens qui se sont fait tirer dessus alors qu'ils étaient à terre...", a témoigné samedi matin un policier ayant participé à l'assaut, qui a éprouvé le besoin de revenir sur les lieux.

Le président Hollande s'est rendu dans la soirée au Bataclan, où il a affirmé que "le combat serait impitoyable" contre "la barbarie".

Auparavant, dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat avait déclaré l'état d'urgence dès minuit, dénonçant "une horreur" et "des attaques terroristes sans précédent".

L'Elysée a annoncé la mobilisation de "1.500 militaires supplémentaires" et le renforcement des contrôles aux frontières.

En tout, six attaques quasi simultanées ont été menées dans autant de sites, principalement dans les Xe et XIe arrondissements, avec de lourds bilans - toujours provisoires - en particulier rue de Charonne (19 morts) et rue Alibert (au moins 12 morts). Les "assassins" ont "balayé avec des mitraillettes plusieurs terrasses de café", a déclaré le préfet de police, Michel Cadot.

Au moins trois explosions ont retenti aux alentours du Stade de France vendredi vers 21h20 pendant que 80.000 personnes, dont François Hollande, assistaient au match amical de football France-Allemagne. Le public a été d'abord confiné puis évacué à la fin du match.

- 'M. Tout-le-monde avec une Kalach' -

Au Bataclan, où avait lieu un concert de garage-rock, "ils ont tiré en plein dans la foule en criant "Allah Akbar"", a rapporté un témoin sur France Info. "Je les ai clairement entendus dire aux otages "c'est la faute de Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie"", a rapporté à l'AFP Pierre Janaszak, animateur radio et TV.

Un autre survivant a dit d'un des assaillants qu'il ressemblait "à M. Tout-le-monde avec une kalachnikov".

Un conseil des ministres exceptionnel s'est tenu à l'Elysée et le président de la République réunit samedi à 09H00 un conseil de Défense.

Dans un mouvement d'unité nationale, les principaux partis ont annoncé la suspension de leur campagne en vue des élections régionales. En Île-de-France, les établissements scolaires et universitaires sont fermés samedi et les compétitions sportives suspendues ce week-end.

Les réactions de condamnation, unanimes, ont afflué du monde entier, où de nombreux monuments se sont parés de lumineuses couleurs bleu-blanc-rouge en signe de solidarité.

Barack Obama a promis que les Etats-Unis allaient aider la France à "traduire les terroristes en justice". Le Kremlin a dénoncé des attaques "inhumaines", la chancelière allemande Angela Merkel s'est dite "choquée" et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël était au "coude à coude" avec la France. Le président iranien Hassan Rohani, qui a reporté le voyage en Italie et en France qu'il devait effectuer à partir de samedi, a dénoncé des "crimes contre l'humanité".

Ces attentats surviennent alors que la France vit encore dans le traumatisme des attentats jihadistes de janvier contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo et un supermarché casher à Paris, qui avaient fait 17 morts et ont été suivis de plusieurs autres attaques ou tentatives.

Depuis janvier, le plan Vigipirate est à son niveau maximum en Île-de-France. Une mission de sécurité intérieure est assurée sur tout le territoire par l'armée.

La France participe depuis plus de deux ans à la coalition anti-Etat islamique en Irak et a commencé à mener des frappes sur la Syrie en octobre.