Publicité

«Air cocaïne»: les deux pilotes veulent être entendus par la justice française

27 octobre 2015, 16:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

«Air cocaïne»: les deux pilotes veulent être entendus par la justice française

Un scénario digne d'un film d'action sous les Tropiques: après leur fuite rocambolesque de la République dominicaine, les deux pilotes d'avion français lourdement condamnés pour trafic de cocaïne se sont réfugiés auprès de leur famille en France où ils veulent être entendus par la justice.

 

Dès mardi 14H00, "au moins un des pilotes" s'exprimera lors d'une conférence de presse à Paris, a-t-on appris auprès de leurs avocats.

 

Rentrés durant le week-end en France, Pascal Fauret et Bruno Odos, qui résident pour l'un dans le Rhône et pour l'autre en Isère, sont "en regroupement familial dans la région lyonnaise et autour, ça ne veut pas forcément dire qu'ils sont à leur domicile familial", avait auparavant déclaré à l'AFP un de leurs conseils, Jean Reinhart.

 

Malgré l'interdiction de quitter le territoire de la République dominicaine après leur condamnation à 20 ans de prison, ils ont, selon une source proche du dossier, fui ce pays des Caraïbes par bateau pour rejoindre l'île antillaise franco-néerlandaise de Saint-Martin avant d'arriver par avion à la Martinique d'où ils ont gagné, toujours par avion, la métropole.

 

Me Reinhart a demandé à ce que Pascal Fauret, 55 ans, ancien de la marine nationale, et son copilote Bruno Odos "puissent être entendus rapidement" par la juge d'instruction chargée à Marseille de l'enquête française, ouverte après l'interception en 2013 d'un avion bourré de cocaïne en République dominicaine. Une dizaine de personnes sont mises en examen notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée dans ce volet marseillais, dont les deux pilotes.

 

"Leur avocat a pris contact avec la juge d'instruction", a confirmé le parquet de Marseille, qui a promis de prochaines "décisions" dans cette affaire. Le procureur général de Saint-Domingue doit lui s'exprimer mardi.

 

"Prévenu au dernier moment", le président du comité de soutien aux pilotes, Philippe Heneman, a dit les avoir "vus à Paris", sans préciser la date ou les circonstances de cette rencontre. Les deux hommes, qui souffrent d'un "certain nombre de soucis de santé: des problèmes de dents, de dos, et d'audition pour l'un d'entre eux", ont "retrouvé leurs épouses et leurs enfants", selon M. Heneman.

 

"Je suis ravie que les pilotes, qui sont innocents, puissent se faire entendre en France et non pas dans une république entre guillemets où la justice n'existe pas", a commenté pour sa part la tante de Sabine Fauret, épouse du pilote, sur le perron de leur domicile à Saint-Cyr-au-Mont-d?Or près de Lyon mardi.

 

- Inquiétudes autour du sort des deux autres Français -

 

L'affaire, baptisée "Air Cocaïne", remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine avait intercepté sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne à son bord.

 

Le 14 août, les pilotes ont été condamnés, avec deux autres Français, le passager Nicolas Pisapia et l'apporteur d'affaires Alain Castany, restés en République dominicaine, à 20 ans de prison par le tribunal de Saint-Domingue. Quatre Dominicains ont écopé de cinq à dix ans de prison.

 

Les quatre Français, qui ont effectué 15 mois de détention provisoire, avaient comparu libres à leur procès et n'ont cessé de clamer leur innocence, plaidant que rien ne prouvait qu'ils savaient que de la drogue se trouvait à bord de l'avion. Les pilotes expliquent n'avoir "jamais été auditionnés par les Dominicains" et dénoncent une parodie de justice.

 

Après leur condamnation, ils sont restés libres dans l'attente de l'examen de leur appel, mais avaient interdiction de quitter la République dominicaine.

 

Le sort des deux Français restés sur place préoccupe plusieurs personnalités politiques. Comme le député Les Républicains Christian Kert, le député socialiste Jean-Pierre Maggi craint "une détérioration" de leurs conditions de vie. Le député EELV des Français de l'étranger Sergio Coronado s'est entretenu avec Nicolas Pisapia, qui redoute "un durcissement" des procédures judiciaires.

 

En France, la justice tente aussi de démêler l'affaire. Dès janvier 2013, les gendarmes avaient été mis sur la piste de "comportements suspects" de passagers d'un Falcon 50 ayant atterri un mois plus tôt à Saint-Tropez, lorsqu'un douanier avait fait entrer sur le tarmac deux véhicules emportant dix valises déchargées de l'appareil.