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L'embargo américain, une question parfois vitale pour les patients cubains

27 octobre 2015, 15:26

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L'embargo américain, une question parfois vitale pour les patients cubains

Elizabeth Navarro se moque bien du vote de mardi devant l'ONU sur l'embargo américain. Cette Cubaine espère simplement que cette mesure n'entravera pas la guérison de sa fille de sept ans, atteinte d'un cancer cérébral.

 

La petite Noemi Bernardez, à qui on a extrait une tumeur au cerveau début septembre doit prochainement être soumise à une chimiothérapie au Témozolomide, traitement exclusivement produit par un laboratoire américain.

 

Pour se procurer ce remède et d'autres médicaments sous licence aux Etats-Unis, le ministère cubain de la Santé est contraint de contourner l'embargo en passant par un pays tiers, ce qui fait grimper les prix... et les délais.

 

"En ce moment ma fille est en radiothérapie, il y a 27 (sessions). Après elle devra se reposer 10 ou 15 jours puis commencer la chimiothérapie avec ce médicament", explique à l'AFP sa mère rencontrée à l'hôpital oncologique de La Havane.

 

Assise sur un coin du lit de Noemi, cette mère de 28 ans essuie discrètement une larme. Elle ne sait pas encore si le précieux traitement arrivera en temps voulu.

 

A côté d'elle, la fillette dont les cheveux ont été rasés pour l'opération regarde un dessin animé sur un petit écran de télévision posé dans un coin de sa chambre d'hôpital.

 

Blottie dans un fauteuil, elle tente d'oublier la douleur de la perfusion fichée sous la peau de son poignet.

 

"Pour nous il est essentiel pour (Noemi) et d'autres patients présentant la même histologie (de la tumeur) d'être traité avec un médicament qui permet d'augmenter (les chances) de survie, et c'est le cas du Témozolomide", explique le docteur Migdalia Perez, qui travaille depuis 15 ans après de jeunes touchés par le cancer.

 

- Soins gratuits mais certains médicaments manquent -

 

Quelque 300 enfants sont pris en charge chaque année dans six centres spécialisés d'une île où tous les soins sont pris en charge par le gouvernement. Avec le Témozolomide, administré par voie orale, les chances de survie des jeunes patients peuvent passer de 20% à 70%, assure Mme Perez.

 

Mais "c'est très difficile de soigner une maladie avec les mains quasiment liées", explique encore le médecin en évoquant la nécessité de se procurer certains médicaments et matériels sur des marchés éloignés de Cuba via des intermédiaires qui font monter les tarifs.

Aujourd'hui, Cuba produit 65% des médicaments consommés par ses habitants, mais doit encore importer ceux concernant le diabète, le VIH-sida ou le cancer.

 

Si certains médicaments arrivent parfois trop tard, le médecin confie à l'AFP que dans le cas de la petite Noemi, le traitement devrait être expédié dans les délais requis.

 

En revanche rien n'est garanti pour sa grand-mère, Marlene Diaz. Récemment opérée d'un cancer du sein, elle est arrivée il y a près de deux mois à La Havane en provenance de Cienfuegos (centre), où les traitements n'étaient plus disponibles.

 

Depuis, elle attend qu'on la convoque pour la chimiothérapie.

 

Marlene assure à l'AFP être surtout préoccupée par le cas de sa petite-fille. Et elle "espère que les gouvernements de Cuba et des Etats-Unis, en se rapprochant, se focaliseront plus sur la santé, car c'est là qu'il y a le plus de besoins" sur l'île.

 

Mardi, l'Assemblée générale de l'ONU se prononcera, comme chaque année depuis 1992, sur une résolution opposée à l'embargo américain contre Cuba, dans un nouveau contexte de rapprochement engagé depuis 10 mois entre les deux pays.

 

Chaque année cet embargo est condamné à une majorité écrasante, seul Washington votant traditionnellement contre la résolution avec quelques alliés.

 

Pour les autorités cubaines, ce strict embargo commercial et financier constitue depuis 1962 le principal obstacle au développement économique de l'île, à qui il a causé un préjudice estimé par La Havane à 100 milliards de dollars.

 

Dans le secteur de la santé, il a atteint 2,5 milliards de dollars, d'après les autorités cubaines, qui mettent également en avant "un impact humanitaire difficile à évaluer".